Kinshasa, 22 juillet 2024 (ACP).- Deux prévenus impliqués dans l’affaire du coup d’Etat étouffé, à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, ont retracé lundi leur parcours jusqu’à la date du 19 mai, devant le tribunal militaire de garnison de Kinshasa-Gombe, siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo.
« J’ai été contacté par mon frère Matundu Saïda qui vit en France. Je suis allé à Songololo pour ramener des colis dont je ne connaissais pas le contenu jusqu’à Matadi. J’ai appris après que ces sacs contenaient des tenues militaires », a déclaré le prévenu Malanda Vangila, considéré par le ministère public comme la personne qui aurait ramené les tenues militaires pour toute la bande depuis l’étranger.
Il a indiqué qu’il a été mis en contact avec Aboubacar, compagnon de Christian Malanga neutralisé également par les forces de l’ordre, par un de ses frères vivants en France, avant de relater sa venue à Kinshasa avec les autres assaillants dans la nuit du 19 mai dernier.
D’après le ministère public, le prévenu avait récupéré ces tenues un mois auparavant et était allé chercher les autres prévenus pour les transporter à Kinshasa.
Le prévenu a soutenu également qu’il avait été contacté pour une formation et par la suite, contraint de porter les armes et de participer à l’attaque.
Interrogé également par le tribunal le prévenu Jonathan Kabamba Lofo, un motard recruté par Aboubakar s’est exprimé en ces termes : «je suis motard, il m’a appelé et m’a dit de le déposer au pont maréchal, nous sommes allés ensemble et il m’a dit de l’attendre pour qu’on rentre ensemble et je l’ai attendu. Lorsque nous sommes rentrés il m’a remis 5000 francs au lieu de 1000 francs. Il m’a dit de prendre cet argent et que demain je vienne les chercher vers 7h pour qu’on fasse des courses ».
« Je suis revenu le lendemain vers 7h là où il habitait à l’hôtel je l’ai récupéré puis nous avons commencé avec les courses nous sommes allés au port maréchal, puis nous sommes allés en ville avec lui sur la moto, on est allé à la Rawbank, où il a sorti de l’argent, nous sommes rentrés vers 13h, il m’a remis 20$.
Il m’a dit ensuite, qu’ici nous sommes là pour le compte du Chef de l’État, nous allons effectuer un travail dans une ONG, nous devons chercher les jeunes pour qu’ils viennent faire le travail. Je lui ai demandé le travail en question, consiste à faire quoi ? », a-t-il poursuivi.
« Il a pris son téléphone il a commencé à me montrer les photos sur son téléphone, dans l’une de photo envoyée le Chef de l’Etat était en train de couper le ruban dans un port. Il m’a même montré la photo avec le Chef de l’Etat ou ils étaient ensemble. Je lui ai dit d’accord mais moi je n’ai pas étudié est-ce qu’ils vont m’accepter vu que je n’ai pas étudié? Il m’a répondu que ce n’était pas un problème étant donné que je roule sur la moto, et il sent que j’ai la maîtrise, si on m’affecte dans un bateau de pêche, je pourrais bien travailler. Je lui ai dit d’accord », a renchéri le prévenu Kabamba.
A la question sur le parcours emprunté pour arriver à Kinshasa, il a dit en ces termes : « pendant la nuit, je ne connaissais personne dans le bus, arrivé à un endroit, ils ont arrêté le bus et eux étaient assez loin de nous. Après, nous avons entendu des coups de balles. Le monsieur qui détenait l’arme dans le bus ne cessait de nous menacer en disant que celui qui va bouger, je tirerais sur lui. Je ne savais pas comment m’échapper parce que je ne connaissais pas l’endroit. Nous sommes descendus du bus pour monter dans un autre bus. Lorsque nous sommes arrivés j’ai vu 2 jeeps des soldats, ils étaient habillés comme les soldats du président qui sortaient puis nous nous sommes entrés. Lorsque je suis descendu de la voiture, j’ai entendu une personne dire » ce que vous nous demandez de faire, je ne le ferai pas ».
Dans cette affaire, 51 prévenus sont poursuivis pour terrorisme, détention illégale d’armes de guerre, tentative d’assassinat, association des malfaiteurs, meurtres, financement du terrorisme.
Des infractions punissables jusqu’à la peine de mort, laquelle pourrait être exécutée en vertu de la levée du moratoire intervenue le 13 mars 2024.
ACP/