Kisangani, 8 juin 2025 (ACP).– Un appel à la préservation de l’histoire de la guerre de six jours survenue en juin 2000 à Kisangani, dans la province de Tshopo, (nord-est de la République démocratique du Congo) a été lancé samedi, lors de la projection dans cette même ville d’un film documentaire sur cette guerre.
«Cette histoire ne doit pas s’effacer. Elle doit être transmise aux générations futures. L’objectif est clair : préserver la mémoire», a déclaré Dr Clémence Kalibundji, secrétaire rapporteur et coordonnatrice a.i du Fonds spécial de réparation des victimes des activités illicites de l’Ouganda en République démocratique du Congo (FRIVAO).
Pour elle, la projection du film à l’Alliance française de Kisangani, dans le cadre des activités commémoratives du 25 anniversaire de ce tragique épisode est une initiative mémorielle.
Présenté en avant-première le 6 juin à Kinshasa dans un cadre officiel, le documentaire a, selon elle, trouvé tout son sens dans sa diffusion à Kisangani, ville directement touchée par les affrontements. «Il était fondamental que les victimes elles-mêmes puissent voir comment leur histoire a été racontée à l’écran», a-t-elle ajouté.
Et d’insister : «Nous allons poursuivre la diffusion de ce film afin qu’il parvienne à toutes les victimes, où qu’elles se trouvent. Il est essentiel que chacune se reconnaisse dans cette mémoire collective, et que cette guerre ne tombe jamais dans l’oubli».
1h45 min, plongés dans les affrontements sanglants en plein cœur de Kisangani
La projection marquait le deuxième jour des commémorations, avec le soutien financier du FRIVAO à la réalisation du film.
D’une durée d’une heure et quarante-cinq minutes, le documentaire revient avec intensité sur les affrontements sanglants entre les forces ougandaises et rwandaises en plein cœur de Kisangani. Ces combats avaient fait des milliers de morts, des blessés innombrables, et laissé des familles profondément marquées à jamais.
Entrecoupé de témoignages bouleversants, d’images d’archives et de séquences artistiques dont des prestations de slam, le film a plongé l’assistance dans une atmosphère de mémoire vive, entre émotion, recueillement et solidarité.
Pour de nombreuses victimes, la projection a ravivé des blessures encore ouvertes. Les larmes ont coulé dans la salle, tant les images faisaient ressurgir la brutalité des événements. Plus qu’un simple film, cette soirée a été vécue comme un acte de reconnaissance, un hommage aux disparus, et une démarche collective vers la guérison.
La projection s’est déroulée devant un public profondément ému, composé de victimes, de survivants, de proches, d’agents du FRIVAO ainsi que de nombreux citoyens venus pour honorer la mémoire des leurs. ACP/C.L.