Kinshasa : trois militaires devant la justice pour avortement criminel et viol

Kinshasa, 3 mai 2025 (ACP).- Le procès en flagrance opposant le parquet contre trois militaires de Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), accusés d’avortement criminel et de viol, a été ouvert, vendredi, par le tribunal militaire de garnison de Kinshasa, lors d’une audience introductive au camp Kokolo, au centre de la capitale.

«Le tribunal voudrait également rappeler que nous sommes en matière répressive, et c’est une matière liée à la violence sexuelle. Cette matière requiert célérité. On comprend que la défense n’a pas été en contact avec le dossier. On va devoir suspendre l’instruction, faire droit à sa demande et lui accorder une courte remise», a déclaré le major magistrat Freddy Eume, juge président.

«Étant donné que cette matière requiert célérité, nous allons reprendre lundi. Nous siégeons en foraine. Nous renvoyons cette cause au lundi 5 mai en ce même lieu à 9 heures», a-t-il ajouté.

Il a, à cette occasion, invité les parties à profiter de ce délai pour consulter le dossier. «La remise est donc contradictoire à l’égard de toutes les parties», a aussi précisé le juge président.

Dans cette affaire le parquet militaire poursuit les prévenus Laurent Kamba, capitaine des FARDC, Jérémie Bidulu, adjudant et infirmier soignant ainsi que Esther Nambola, soldat de deuxième classe, pour avortement criminel et viol, selon l’extrait de rôle de la cause.

Le renvoi de l’audience est la conséquence des préalables soulevés par la partie prévenue, qui a affirmé ne pas avoir eu accès au dossier.

«Il y a une seule chose que nous voulons rappeler à votre auguste tribunal : nous avons tout fait pour accéder au dossier judiciaire. Nous avons écrit à l’auditeur supérieur pour lever copie, mais nous n’avons pas eu de suite. Mercredi, nous sommes passés chez vous pour consulter le dossier, mais nous avons appris qu’il était encore retourné à l’auditorat. Donc, à ce jour, la moindre des choses pour nous, c’est de renvoyer l’affaire, afin que nous puissions la consulter avant toute discussion au fond. Que l’affaire soit renvoyée pour nous permettre de compulser le dossier, et ce, par respect pour le droit de la défense», a déclaré un avocat-conseil.

Cet argumentaire a été vivement rejeté par le ministère public, qui l’a qualifié de mensonger et de manœuvre dilatoire.

«Par quelle procédure un dossier déjà transmis au TMG pourrait-il être retourné à l’auditorat ? Mais nous avons entendu le tribunal demander aux prévenus s’ils avaient été notifiés de la date de l’audience de ce jour. Tous trois ont dit qu’ils avaient été notifiés en date du 28 avril 2025. Or, si l’on regarde le calendrier : le 28, on peut comprendre, car c’est le même jour qu’ils ont été notifiés ; le 29 était un jour ouvrable ; le 30 aussi. Le 1er était un jour férié», a réagi l’organe de la loi, demandant au tribunal de ne pas accéder à la demande de la défense.

«L’argumentaire venant de la partie prévenue, selon lequel le dossier aurait été transmis au TMG le 28, est faux. Raison pour laquelle nous disons que cette demande, fondée sur des mensonges, ne peut être soutenue. Si elle reposait sur un fait réel, nous, ministère public, aurions adhéré. Nous aurions alors demandé au tribunal d’accorder cette remise. Mais ce que nous venons d’entendre n’est que fausseté, Monsieur le mrésident. Cela repose sur un faux. Nous demandons au tribunal de poursuivre, car la raison présentée ne tient pas debout», a conclu le ministère public.

Malgré cette opposition, le tribunal a accédé à la requête de la défense et a renvoyé l’affaire au lundi 5 mai 2025. ACP/C.L.

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