Kinshasa, 29 avril 2025 (ACP).- La compétence d’un tribunal de paix à Kinshasa, en République démocratique du Congo, a été contestée par la partie civile, dans le procès du fils d’un ex-directeur général de la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), assassiné dernièrement dans la capitale, a appris mardi l’ACP de source familiale.
«A l’issue de l’audience, tenue dans la prison centrale de Makala, sous RP 32026 sur l’ « affaire Merveille Mulumba », la partie civile a interjeté appel contre la décision avant-dire droit rendue le 18 mars 2025, dans laquelle le Tribunal de paix de Kinshasa-Gombe s’est déclaré compétent en dépit de l’exception d’incompétence soulevée par la partie civile», a indiqué Freddy Mulumba, père biologique du défunt, dans un entretien avec l’ACP, précisant que son fils a bel et bien été assassiné.
Il a aussi précisé que le rapport d’expertise médico-légale de l’autopsie, effectué le 3 février 2025 au Centre hospitalier universitaire Renaissance (Ex-Maman Yemo), atteste clairement que Merveille Mulumba était décédé sur place, après avoir reçu un coup létal, et ce genre de coup ne pouvait pas lui permettre d’avancer même de deux mètres.
«Au vu de tous ces éléments, il apparait que feu Merveille Mulumba a subi un violent mouvement de brisement ou de torsion du cou (…), sa mort est donc d’origine traumatique et de cause exogène (extérieure à l’organisme) avec intervention des tiers», a encore relevé le père de la victime, s’appuyant sur le rapport rédigé par Dr. Kabasele Mputu, médecin expert.
La partie civile s’est étonnée que le tribunal de paix continue obstinément à se déclarer «compétent», alors que le dossier relève de la compétence du tribunal de grande instance, puisque le rapport médico-légal établit clairement qu’il y a eu meurtre.
«Face aux manœuvres dilatoires autour de l’ »affaire Merveille Mulumba », mon fils biologique, et après des discussions que j’ai eues avec le procureur près le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe, j’ai saisi directement le procureur général près la cour d’appel de Kinshasa-Gombe. Ce dernier a repris l’instruction du dossier et les enquêtes», a indiqué l’ancien DG de la RTNC.
«C’est donc clair qu’il y a eu vice par rapport à la loi. C’est ainsi que j’ai interjeté appel. Face à cet appel auprès du ministère public, le tribunal a décrété la surséance et renvoyé les deux parties devant le juge d’Appel », a-t-il renchéri, avant de préciser que l’audience en appel au tribunal de grande instance est fixée au 5 mai 2025 à 9 heures, au Palais de Justice à Kinshasa-Gombe.
Retour aux faits de cette nuit tragique
L’affaire s’est déroulée dans la nuit du 22 au 23 janvier 2025 sur l’avenue Kindu n°148, quartier Diallo, dans la commune de Kinshasa, où un témoin a vu, vers 2 heures du matin, la sentinelle qui garde un immeuble en construction sur l’avenue Luvungi 147, au premier niveau, tenant le défunt dans ses bras, avant de le propulser sur le toit d’une maison voisine sur l’avenue Kindu 148. Etait-ce un vivant ou un corps sans vie ?
Selon un autre témoin, Merveille Mulumba était pourchassé par un groupe de gens à partir de l’hôtel «La Cave 17», sur l’avenue Luvungi 155. Ni le propriétaire de l’hôtel La Cave 17, ni celui de l’immeuble en construction sur la parcelle voisine, ni même le propriétaire de la parcelle où la victime a été retrouvée, n’ont toutefois été entendus jusqu’à ce jour. La partie victime a dénoncé «la légèreté avec laquelle la justice traite cette affaire jusque-là».
En allant saisir le procureur général près la cour d’appel de Kinshasa-Gombe, le père du défunt veut la vérité des faits tels qu’établis par les PV de l’OPJ et dans le rapport de l’autopsie médico-légale.
Merveille Mulumba a été assassiné à l’âge de 31 ans et était architecte de formation. ACP/ODM