Kinshasa, 21 juin 2025 (ACP). –Les avocats de la République démocratique du Congo (RDC) ont été appelés à composer avec les réseaux sociaux, devenus des acteurs influents dans le traitement des affaires judiciaires, a indiqué samedi Me Grace Tshiunza dans un entretien avec l’ACP.
« En RDC, les avocats doivent désormais composer avec les réseaux sociaux, soit en les maîtrisant pour défendre publiquement leurs clients, soit en les subissant. Cela exige une nouvelle compétence en communication juridique, mais aussi une éthique renforcée », a déclaré Me Tshiunza, auteur du livre L’Empire de l’Impunité et de la Corruption en RDC.
Il a indiqué que les réseaux sociaux sont venus renforcer la pratique du droit à la liberté d’expression garantie par l’article 23 de la Constitution du 18 février 2006.
« Il faut aussi l’admettre, la loi sur la liberté de la presse joue un rôle important dans la vulgarisation des réseaux sociaux », a poursuivi Me Tshunza, précisant que « la restructuration du droit à l’utilisation controversée de ces outils en RDC est encadrée par le Code du numérique.
Selon lui, les réseaux sociaux assurent aujourd’hui une visibilité immédiate des dossiers, notamment les affaires sensibles telles que la corruption, les détournements ou les violences, qui sont rapidement médiatisées sur Facebook, Twitter/X, TikTok, entre autres. « Cela crée une pression sociale et politique, surtout quand les publications virales mobilisent l’opinion ou les mouvements citoyens », a-t-il renchéri, estimant que les réseaux peuvent également influencer le déroulement judiciaire. « Ils orientent parfois les débats avant même l’instruction, à travers des accusations, des fuites de documents ou des vidéos de garde à vue.
Il a, par ailleurs dit que « les magistrats, bien que censés être neutres, subissent parfois indirectement cette pression médiatique, ajoutant que certains dossiers prennent alors une tournure populaire plutôt que juridique », a expliqué Me Tshiunza.
S’agissant des stratégies adoptées par la profession, il affirme qu’« en RDC, certains avocats communiquent activement sur leurs dossiers pour mobiliser l’opinion. Cette stratégie vise à protéger le client, alerter la population ou mettre la pression sur les autorités. Mais elle comporte aussi des risques de dérapages, comme la violation du secret professionnel, la diffamation ou l’influence sur les témoins ».ACP/C.L.