Kinshasa 8 juin 2025(ACP).- Face aux enjeux environnementaux en République démocratique du Congo notamment la préservation de l’environnement ainsi que les lois devant régir ce secteur, et en marge de la journée internationale de l’environnement célébrée le 05 juin de chaque année, l’ACP s’est entretenue sur cette question avec Me Angeline Mangana, avocate au barreau de Kinshasa-Matete; membre de l’Union internationale des avocats (UIA) et experte en droit de l’environnement et des communautés locales.
Question 1. Comment évaluez-vous l’évolution du droit de l’environnement en RDC ces dernières années, notamment en matière de mise en œuvre et d’application des lois internes existantes ?
Réponse : Il y a lieu de noter que l’évolution du droit de l’environnement en RDC a connu des avancées législatives significatives, notamment avec l’adoption de la loi n°11/009 de 2011 et la ratification de plusieurs accords internationaux. Cependant, la mise en œuvre et l’application de ces lois restent très limitées, suites aux défis majeurs ci-après : l’absence d’une politique nationale claire, le manque de mesures d’application, la faiblesse des ressources humaines et financières, la corruption, ainsi qu’un contrôle institutionnel insuffisant. Pour y remédier, les autorités doivent renforcer les capacités institutionnelles et humaines, impliquer davantage les acteurs de terrain dans une approche participative et de mieux sensibiliser le public à la protection de l’environnement.
Question 2. Existe-t-il actuellement des facultés ou institutions universitaires en RDC qui offrent des formations spécialisées en droit ou en gestion de l’environnement ?
Réponse: Oui, il existe plusieurs institutions congolaises qui offrent déjà des formations spécialisées dans le domaine environnemental. Notamment l’Université de Kinshasa (UNIKIN), l’Université Évangélique en Afrique (UEA), l’Université Senghor, l’Institut Supérieur Pédagogique (ISP) de Bukavu, l’Université Catholique de Bukavu (UCB), l’Université Officielle de Bukavu (UOB), et l’Institut Supérieur de Développement Rural (ISDR) de Bukavu. À l’Université Libre de Kinshasa (ULK), bien qu’une faculté de l’environnement soit en cours de création, des enseignements sur le droit et la gestion de l’environnement sont déjà dispensés dès la première année (LMD) dans toutes les facultés.
Question 3. Selon vous, quelles sont les principales priorités ou réformes que la RDC devrait entreprendre pour renforcer l’organisation et l’efficacité du secteur de l’environnement sur le plan juridique et institutionnel ?
Réponse: Sur le plan juridique et institutionnel, la RDC devrait mettre en place des réformes profondes touchant à la législation, à la gouvernance environnementale, à la lutte contre la corruption et à la mobilisation des ressources. Elle devra également accorder une importance à garantir la participation active de toutes les parties prenantes dans l’élaboration des textes environnementaux, conformément au principe 10 de la Déclaration de Rio et à la loi-cadre nationale. Cela, sans ignorer les risques de conflits et de fragilité juridique en cas de non-respect de ce principe de participation. La RDC, devra, par ailleurs, faire une meilleure application des lois, tout en renforçant une transparence accrue, une traçabilité efficace, ainsi qu’une implication réelle des communautés locales dans les processus décisionnels. ACP/C.L.