Des contraintes de montage d’une industrie de transformation de fruits évoquées (chimiste)

Kinshasa, 12 mai 2025 (ACP).- Les contraintes de l’éclosion  en République démocratique du Congo (RDC) d’une véritable industrie de transformation de fruits en jus, notamment de longues distances séparant les plantations et les centres de transformation, ont été évoquées par un  chimiste lors d’un entretien lundi avec l’ACP. 

«Paradoxalement, à part quelques petites unités artisanales(…), il n’existe aucune presse industrielle moderne en RDC pouvant transformer à grande échelle des fruits en jus destinés aux consommateurs,  alors que notre pays regorge, durant toute l’année, d’une variété de fruits, tels que, ananas, mangues, oranges, mangoustans, goyaves pommes, tomates…. Les jus  à base de fruits consommés sont importés de l’extérieur. Les contraintes sont notamment les longues distances séparant les plantations et les centres de transformation», a confié Charles Mbaki, ancien directeur de production d’une usine des boissons spiritueuses et chimiste.  

Selon lui, «le décollage d’une véritable industrie de ce secteur est bloqué par  deux obstacles majeurs. Le premier obstacle est technique  : contrairement aux minerais, le fruit est un produit vivant et facilement périssable ; les oranges, les ananas, les mangues, les pommes, les tomates, les mangoustans…  après la récolte doivent être acheminés vers un complexe agroindustriel, en un temps record, pour leur transformation en jus. Il faut donc prendre suffisamment des précautions en amont avant que les fruits ne se détériorent».

 Les longues distances entre les plantations et les centres de transformation, l’état des routes, le climat, le stockage et l’entreposage des fruits, la capacité et la rapidité de traitement des chaines de production installées, sont autant de contraintes qui  constituent des freins au décollage de cette industrie, a-t-il fait savoir.

Le deuxième obstacle, a-t-il poursuivi, est scientifique : «après le pressage, le jus doit être stabilisé. C’est l’étape de la pasteurisation ; une opération qui consiste en un traitement thermique du jus à des températures comprises entre 60 et 100 °C afin de détruire des micro-organismes pathogènes avant la mise en bouteilles».

 Cela ne peut pas se faire d’une manière artisanale, toute  chaine  moderne de production est dotée d’une unité de pasteurisation qui nécessite de gros investissements qui ne sont pas à la portée du commun de mortels, a-t-il dit.

Des fondamentaux à considérer pour implanter une industrie 

Pour l’éclosion de cette branche d’industrie, l’ingénieur chimiste Charles Mbati a proposé quelques  fondamentaux. D’abord  l’implantation  des complexes agroindustriels  modernes  non loin de grandes plantations de cultures  vivrières et industrielles, à forte valeur ajoutée, pouvant permettre ainsi la transformation rapide des fruits sitôt après la récolte.

 Cette industrialisation des zones rurales  enclavées, rendue possible grâce au programme d’électrification rurale en cours d’exécution dans certaines provinces du pays, rapprocherait ainsi les grands planteurs  et les complexes de transformation de manière à contourner l’épineux problème de transport et éviterait  la détérioration d’une quantité importante des fruits a-t-il expliqué.

Il a souligné que l’implantation d’un complexe  agroindustriel nécessite des fonds importants, appelant l’Etat congolais à soutenir ce secteur par la mise en place d’une institution d’appui  au développement des projets agroindustriels qui sélectionnerait les projets les plus viables et accorderait aux promoteurs  des fonds  assortis de taux d’intérêt très faibles.

Il a ajouté que le Fonds de Promotion de l’Industrie (FPI) est la structure la mieux outillée en RDC pouvant s’investir pour financer ce genre de projets.

Un autre préalable non négligeable, a-t-il rappelé, c’est la réhabilitation des voies ferrées et des routes de desserte agricole permettant l’évacuation rapide des fruits à partir des plantations jusqu’aux centres de traitement.

L’amélioration de ces infrastructures routières  et ferroviaires, selon lui, contribuerait aussi  à  assurer la  distribution des produits manufacturés  à travers les différents  points de vente.

Pour rappel vers les années 1970, l’ancien Chef d’Etat congolais, Mobutu, avait créé dans la périphérie de la ville de Kinshasa, dans la commune de Nsele(Est de Kinshasa) un complexe agroindustriel dénommé «Domaine Agroindustriel Présidentiel de la N’Sele (DAIPN)», une structure moderne bénéficiant d’une dotation présidentielle financière spéciale. 

 La gestion était  confiée à des partenaires extérieurs et avait pour  missions, entre autres, la production et la distribution de jus d’ananas, de mangues ainsi que la purée de tomates produits à base des fruits provenant de différentes plantations  environnantes du domaine. 

DAIPN a connu des difficultés de fonctionnement lorsque ses plantations ne pouvaient plus approvisionner le complexe en fruits, des problèmes liés au ramassage des fruits et à la dégradation des routes dans la province du Kongo Central ont conduit  cette entreprise à mettre la clé sous le paillasson. ACP/JF

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