Université pédagogique nationale : la fragilité des institutions de microfinance analysée dans une thèse

Kinshasa, 16 avril 2025(ACP)-La fragilité des institutions de microfinance et la prévention de leur défaillance dans le contexte de la République démocratique du Congo(RDC) ont été analysées dans une thèse de doctorat, soutenue mercredi à l’Université pédagogique nationale(UPN) à Kinshasa, capitale du pays.

« C’est donc la portée de cette étude intitulée ’’Fragilité des institutions de microfinance et prévention de leur défaillance dans le contexte congolais’’. Elle exhibe les causes de la fragilité de ces institutions de microfinance en ces termes : les sources de financement des activités, les coûts du service financier face aux besoins des dites institutions, l’abandon des créances, crédits non remboursés », a déclaré le chef de travaux Henriette Luteke Kisukumu, auteure de la thèse.

La réglementation, selon elle, l’élément essentiel pour le bon fonctionnement des institutions de microfinance, ne répondant pas aux réalités actuelles.

« La RDC est en proie à une crise économique, sociale, politique et institutionnelle qui perturbe profondément le fonctionnement normal de son économie, plonge la quasi-totalité de ses citoyens dans la précarité. Un chômage de masse affecte sa population, surtout les jeunes, les campagnes se dépeuplent. Dans les villes, surtout à Kinshasa, la population désœuvrée s’entasse vivant dans la promiscuité. Le chômage devenu une question structurelle perturbe et compromet tout élan de la reconstruction nationale. C’est dans ce contexte que cette étude voit le jour », a –t-elle soutenu.

Pour le récipiendaire, « ce problème auquel fait face la RDC a été aussi vécu sous d’autres cieux. La solution apportée par le professeur Muhammed Yunus en 1976 au Bengladesh ,avec la création de la gramen Bank, a permis de résorber ce problème de la pauvreté de masse, au travers des institutions de microfinance offrant aux populations défavorisées des moyens de subsistance et des services financiers de proximité. De nombreuses ONG et bailleurs de fond saisissant la pertinence de cette solution se lancèrent au début des années 1980 à la réplication à travers le monde des institutions de crédit destinées aux plus pauvres ».

En outre, l’impétrante a fait savoir qu’en RDC les pillages de 1991 et 1993 seront les événements déclencheurs à grande échelle de ces institutions de microfinance alternatives de financement capables de fournir de microcrédit dans les zones rurales et périurbaines défavorisées. Cet espoir, a-t-elle ajouté, s’estompe au fil du temps à cause de la fragilité desdites institutions qui poussent comme des champignons, mais ne tiennent que pour un temps.

La gouvernance, facteur déterminant pour la stabilité d’une institution de microfinance

« La gouvernance, facteur déterminant et essentiel pour un pilotage aisé, assurant la stabilité fonctionnelle d’une institution de microfinance. Pour lutter contre la fragilité desdites institutions et aux regards du contexte congolais, l’approche ’’HLTKK’’ au travers une analyse économique, offre des solutions innovantes déclamées », a suggéré le chef de travaux Henriette Luteke Kisukumu.

Cette gouvernance va prendre en compte selon, la récipiendaire, la hiérarchisation, consistant au respect strict des attributions, du job description, la limitation des risques de crédit. Il faudrait également une étude minutieuse des dossiers, un respect strict des normes édictées. Le temps, exigé aux bénéficiaires de crédit, le respect du délai de remboursement sous peine des sanctions.

 Et enfin, la connaissance sur l’activité réalisée passant par la formation des agents de crédit, des clients, l’identification des risques.

L’approche « HLTKK » proposée dans cette thèse doctorale permet aux institutions de microfinance de pérenniser leurs activités, fiabiliser leur adhésion et promouvoir le développement en assurant des emplois rémunérateurs à ses employés, mais aussi et surtout aux employés adhérents à leur projet de société.

« Une institution financière est un terme de comptabilité nationale (aujourd’hui remplacé par sociétés financières ») désignant l’ensemble des organismes ayant pour fonction principale ou unique de gérer l’épargne ou la monnaie. C’est une entité publique ou privée qui assure des missions financières et fournit des services financiers à ses clients. Ces services incluent l’octroi de prêts, la gestion des dépôts, les services de paiement, et parfois des services d’investissement », a-t-elle expliqué.

Les institutions financières participent au financement de l’économie par l’octroi de prêts. Les institutions financières ont plusieurs objectifs essentiels. Premièrement, elles visent à financer l’économie en mobilisant l’épargne et en fournissant des crédits pour soutenir les activités économiques, a-t-elle précisé.

La préoccupation fondamentale qu’elle soulève est celle de connaitre les causes majeures qui seraient à la base de la fragilité des institutions de microfinance en RDC, entrainant de façon brutale leur effondrement ou disparition. Cela étant, les mesures préventives à prendre pour pérenniser leurs actions et surtout de voir les institutions de microfinance remplir correctement leur mission sociale et économique.

Les professeurs Célestin Embimen Eyalaba, Augustin Mbangala, Théodore Fumunzanza, Christian Mabi, Jean Pierre Longo et Oscar Mombo Mombo, ont été, respectivement, promoteur, co-promoteur, président et membres du jury examinateur de cette thèse qui a valu à la candidate le grade de docteur en sciences de gestion.

ACP/UKB

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