Kinshasa 16 mai 2025 (ACP).- La situation en lien avec les femmes paysannes et jeunes filles riveraines de la biosphère de Luki dans la province du Kongo central par les acteurs de la société civile a été au centre d’une réunion stratégique à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, selon le compte rendu consulté vendredi par l’ACP.
«C’est dans le cadre du projet d’appui au renforcement des capacités et de résilience climatique des femmes paysannes agricultrices en dordure de la réserve de biosphère de Luki que nous avons tenue cette réunion en vue d’analyser la situation en lien avec les femmes paysannes et jeunes filles riveraines de cette réserve où nous voulons à ce que les femmes puissent s’épanouir à travers leurs activités personnelles notamment l’agriculture », a déclaré Bienvenu Ngoy, coordonnateur du Groupe de travail forêt, cité dans le compte rendu.
Il a précisé que cette réunion qui a fait un état de lieu de la situation de la réserve en ayant à l’esprit la position et la condition de la femme ainsi que des choses qui peuvent détruire cette zone et comment la préserver, a voulu, avant tout, étudier comment « produire une note d’analyses suivie des recommandations pouvant déboucher aux résolutions phares.
Bertilde Tekitika, membre de la Coalition des femmes leaders pour le développement durable (Cfledd) a restitué leur mission effectuée dans le Kongo central pour évaluer les aspects liés aux femmes, dans le cadre d’un projet de résilience climatique et les femmes agriculteurs en particulier et les jeunes filles.
« Nous étions à Luki dans le cadre d’un projet mené par VVF et le projet allait aussi dans le sens de la résilience par rapport au changement climatique autour de la biosphère de Mbuki, où nous avons visité la biosphère et les femmes dans le village Lemba, Kinzau et dans la grande forêt de Mayombe», a-t-elle dit expliquant que les communautés locales, femmes bénéficiaires de ce projet, étaient structurées en groupes avec des initiatives locales de développement.
« Et là, elles développaient les activités alternatives pour réduire la pression sur la biosphère. (…) il y avait la fabrication des chikwangues vendus et appréciés jusque dans le pays voisin à Soyo, en Angola», a souligné Bertile Lubamba.
Elle a fait savoir en outre, que ces femmes ont développé également l’agriculture avec la domestication des champignons ( une champignonnière à Nlemba) ainsi que d’autres activités agricoles grâce à l’obtention des semences résiliantes de la part du projet.
Aussi, a-t-elle poursuivi, une forêt a régénéré dans la communauté de Nsoni, grâce à la transformation d’une savane en forêt et dans laquelle ils ont intégré la culture des ananas.
« Il y avait également le payement des services environnementaux pour les communautés qui ont développé les mises en défense de certaines hectares de savanes qui se sont transformées en forêt avec une clé de répartition claire où 50% devaient aller aux communautés, 25% pour les générations futures et 25% étaient réservés à l’équipe restreinte de gestion des arbres», a expliqué Mme Lubamba.

Impact des effets climatiques sur l’agriculture
D’après Susana Luniongo également membre de la Cfledd, les effets du changement climatique a impacté négativement la production agricole des femmes du Kongo central.
Elle a ajouté que cette communauté a quand même développé des stratégies et techniques de résilience pour faire face au changement climatique.
« Avant ils ne savaient pas que cette baisse était due aux effets du changement climatique. Contrairement à ce qui sont dans la forêt au Mayombe, ceux qui vivent dans la savane ont développé la maladie de la peau suite à la forte chaleur produite par un soleil accablant. Pour faire face à cela, dans le Mayombe ils ont développé la culture du bas fleuve par drainage avec des moto pompe. La terre sablonneuse est devenue très dure et ne permet plus de nourrir les plantes mais cette irrigation et les motopompe aident à arroser toute l’étendue», a-t-elle expliqué.
Au delà de toute cette question, a-t-elle poursuivi, il y a un système de coopérative qui permet de renforcer les activités des femmes en dehors de l’agriculture ainsi que le réseautage qui leur permet d’aller au delà de la production en cultivant plus de 10 ha et se partageant les récoltes.
Une grande activité va être organisée sur place pour mettre en contact la direction de la réserve et les femmes leaders pour discuter directement mais aussi pour donner des capacités à ces femmes de faire le plaidoyer elle-même, a-t-on appris. Et pour y arriver, les acteurs vont élaborer un guide pour les mécanismes d’alerte régulier que les femmes elles-mêmes peuvent regrouper au niveau de Luki.
Selon une note technique consultée, la réserve de biosphère de Luki dans la province du Kongo central est parmi les réserves qui subissent une pression tropique. Elle a été créée en 1937, et constitue un domaine boiseux de l’Etat dont la gestion avait été confiée à l’Institut national pour l’étude agronomique du Congo-belge (Ineac) devenu actuellement Inera.
En mai 1979, le domaine forestier de Luki a été reconnu par l’Unesco comme faisant parti du réseau mondial du domaine de biosphère et sa gestion avait été retirée à l’Ineac pour être confié au programme MAB, un programme dépendant du ministère de l’Environnement, conservation de la nature, eau et forêt.
Depuis janvier 2007, un comité de pilotage est mis en place pour programmer et gérer les activités de la réserve.
ACP/C.L.