Lusanga, 25 mars 2024 (ACP).- Une forêt a réapparu à Lusanga, localité située à 35 km de la ville de Kikwit, province du Kwilu, Sud-ouest de la RDC, grâce à la combinaison de l’art et de l’agroforesterie, a appris l’ACP lundi des acteurs.
« Aujourd’hui nous avons une forêt à Lusanga grâce à la combinaison de l’art et de l’agroforesterie. Le lien est que nous célébrons le retour de Balot, qui est une œuvre d’art dans un environnement restauré par l’agroforesterie », a déclaré René Ngongo, président du Collectif d’artistes congolais dénommé «Cercle d’art des travailleurs de plantations » (CATPC), en marge de la célébration du retour d’un art ancestral dans ce milieu.
Et d’ajouter que : «la combinaison de l’art et de la pratique de l’agroforesterie dans les anciennes plantations des palmiers ont permis aux communautés de voir la forêt réapparaître à Lusanga pour leur bien-être ainsi que pour la protection de l’environnement dans le respect des valeurs ancestrales des populations locales ».
«Suite à l’écroulement de l’usine et du système huilier qui n’a plus fonctionné, les habitants de cette partie du pays ont plongé dans la pauvreté et la misère la plus abjecte, quittant le coin faute des débouchés», a fait savoir le président du CATPC.
D’après lui, c’est par la restauration des terres dégradées et l’exercice de l’art, qu’ils veulent inverser la situation, en donnant de l’espoir à cette population déboussolée et à les amener à vivre durablement des ressources de leur terroir sur le sol de leurs ancêtres.
Quant au retour de l’objet ancestral, René Ngongo a souligné que « notre objectif est de négocier un retour définitif. Non seulement pour Balot mais l’ensemble des œuvres d’art de la région qui traînent dans les différents musées ».
Il a annoncé que cette œuvre sera exposée simultanément à Lusanga de manière rituelle et à la 60ème biennale di Venezia 2024 au Pavillon Rietveld à Venise, en Italie.
« Ceux qui vont visiter notre exposition à Venise, vont voir l’exposition de Lusanga. Donc Balot y sera, c’est pourquoi nous l’avons emmené ici de manière symbolique, il rentre dans son lieu d’origine», a-t-il dit, indiquant que l’avantage est que chaque œuvre représente une histoire dans les musées.
Pour Charlotte Kapesa, agricultrice rencontrée sur le site de plantation d’arbres, « ce projet aide nos familles. Grâce à ce projet, nous sommes en mesure d’envoyer nos enfants à l’école et à faire face aux frais scolaires de ces derniers. Auparavant, quand le sol ne répondait plus à la culture de manioc et d’autres produits du terroir, nous achetions le manioc. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, car nous jouissons de l’autonomie alimentaire et produisons nous-même le manioc dont nous vendons le surplus et nous permet de subsister ».
Sur la question de savoir si les femmes aspirent à avoir leurs espaces pour planter les arbres, elle a révélé qu’elles sont confrontées au non accès à la terre.
« Nous sommes démunies et n’avons pas des moyens pour accéder à la terre. Les chefs de terres d’ici ne peuvent céder leurs terres que moyennant les espèces trébuchantes et sonnantes », a-t-elle dit avec regret.
«Nous lançons un appel aux partenaires ou aux personnes de bonne volonté motivées à nous venir en aide pour que nous puissions acquérir des espaces propres à nous pour mener à bien nos activités champêtres. Nous sommes prêtes à joindre nos efforts à l’initiative de CATPC et à contribuer au relèvement de nos familles et ménages respectifs », a plaidé Charlotte Kapesa.
Selon elle, la plantation d’arbres associée aux cultures de manioc, de niébé, de maïs, des bananes et autres cultures va endiguer à coup sûr l’exode rural.
« C’est une opportunité pour nous tous de nous impliquer pour faire revenir la forêt sacrée détruite par la monoculture des palmiers à huile, ayant appauvri le sol et exacerbé les effets néfastes de changement climatique », a conclu un habitant de la place. ACP/ODM