Kinshasa, 11 Aout 2022(ACP).- Le professeur Jean Claude Batebua Adikeyi de l’Université Pédagogique Nationale (UPN) a expliqué jeudi à Kinshasa l’intérêt des communautés locales face aux enjeux de l’environnement, au cours d’un entretien avec l’ACP. « Mon travail de recherches part d’un constat qui a été fait entre deux droits fondamentaux : d’une part, celui de la protection de l’environnement repris dans la constitution dans ses articles 53 à 55 et de l’autre, le droit d’accès aux ressources naturelles (forêt et biodiversité) appelé droit foncier qui est aussi fondamental car il est également constitutionnel », a-t-il indiqué.
En effet, la thèse de doctorat en droit de l’environnement du Pr Batebua a eu pour intitulé « Contribution à l’étude du droit congolais de l’environnement, cas du droit foncier des communautés locales à l’épreuve de la protection de l’environnement ».
Il s’avère, a-t-il dit, que la mise en œuvre de ces droit semble antinomique dans la mesure où on a considéré que l’accès à l’exploitation du sol à travers les méthodes traditionnelles porte atteinte à l’environnement. Il cite notamment le cas de l’agriculture traditionnelle avec la méthode de brûler (pratique anti écologique) qui entraine la déforestation et porte atteinte à l’environnement car la destruction de la forêt anéantit la capacité de la forêt de séquestrer le carbone.
Couper les végétations d’une aire forestière et les brûler par la suite pour faire les champs est considérée comme un éco-suicide car ces actions aboutissent à la destruction systématique de la biodiversité, a-t-il poursuivi.
Pour maintenir l’équilibre biosphérique, il faut tenir la nature saine, en la laissant intacte. Les forêts jouent un grand rôle dans la régularisation des systèmes climatiques à travers la photo synthèse et aussi la séquestration de carbone. Et pourtant, les communautés doivent aussi vivre par les forêts.
Pour le Pr Batebua, il faut trouver une solution pour satisfaire les deux exigences, celle de préserver les forêts et celle de la survie des communautés locales. Pour lui, il faut trouver une compensation des communautés locales pour préserver les forêts qui reste une source incontournable de survie.
Pour résoudre ce problème, Jean Claude Batebua croit qu’il faut trouver d’autres moyens de survie aux communautés locales pour qu’ils ne recourent plus à la forêt. Etant donné que la RDC n’a pas de moyens pour assurer la survie à ces communautés locales, la communauté internationale qui a besoin de ces forêts comme solutions aux problèmes climatiques doit mettre sur pied des mécanismes financiers de compensation, c’est-à-dire donner aux communautés locales les moyens nécessaires pour résoudre le problème de la pauvreté, comme le Fonds vert.
Aussi longtemps que les communautés locales seront pauvres, l’environnement va en pâtir, car elles continueront à se servir de leurs forêts dont elles se considèrent comme propriétaires pour vivre, a-t-il soutenu.
Jean Claude Batebua est professeur de droit à l’Université Pédagogique Nationale (UPN). Il est aussi expert de l’Etat en matière d’environnement au ministère de l’Environnement et du développement durable dans le domaine minier.
ACP/KHM/ODM/JLL/CDN