100 ans de photographie congolaise en 2025: trois questions à Baudouin Bikoko

Les 100 ans de la photographie célébrés le 19 août 2024 ont constitué une occasion pour rendre hommage à cet art qui capture la beauté et les moments précieux vécus. Depuis l’invention du daguerréotype par Louis Daguerre et Joseph Nicéphore Niépce en 1837, la photographie n’a cessé d’évoluer et d’émerveiller.

Les passionnés de la photographie, amateurs et professionnels partagent les plus belles œuvres, que ce soit un paysage époustouflant, un portrait émouvant ou un instantané de la vie quotidienne, de ce fait, chaque photo raconte une histoire unique.

C’est dans cette perspective que la République démocratique du Congo a envisagé de fêter aussi «les 100 ans de la photographie congolaise», le 19 août 2025.

Cet événement permet d’explorer l’évolution de la photographie comme métier et science, à en croire à l’avis des experts. L’enseignant et photographe de profession, Baudouin Bikoko a été contacté par l’ACP pour parler de cet événement.

Question 1:  100 ans de la photographie: quelle lecture faites-vous du parcours de la photographie en RDC ?

Baudouin Bikoko: Beaucoup des gens se posent la question de savoir pourquoi 100 ans? Nous nous sommes référés aux faits historiques. Nous avons fait des recherches et ses recherches concordent.

Nous avons commencé à partir de l’année 1925, c’est là que nous considérons que la photographie faite par le congolais a commencé. En réalité la photographie est arrivée chez nous de manière générale en 1888.

À  cette époque, elle était faite par les blancs, les colons, les missionnaires et quelques agents de presse venant de l’occident. Les contacts entre toutes ces personnes et les congolais qu’ils ont trouvés ici au Congo ont fait qu’à partir de 1925 les congolais ont commencé à faire de la photographie.

 Donc nos pionniers, nos précurseurs en matière de la photographie ont commencé leur travail à partir de ces années-là. Nous avons monsieur Samuel Lema qui en fait, était un assistant médical s’approchant d’une communauté protestante dans le kongo centrale qui était des suédois.

Il a fait la photographie vers ces années-là. Un autre pionnier c’est monsieur Antoine Fretas qui, lui, est venu de l’Angola et qui est arrivé au Congo en passant par Matadi. Lui aussi a commencé la même année. Le commencement de la photographie faite par le congolais c’est 1925 alors nous comptons 1925 à 2025, 100 ans de la photographie congolaise.

Ça sera le tout premier événement culturel dédié à la photographie que nous allons commémorer. Nous nous sommes donnés un timing. Ce timing est d’une année à compter du jour que nous avons célébré la journée internationale de la photographie. Nous aurons deux types des sites, il y aura les sites traditionnels qui sont l’institut français, l’académie de beaux-arts, le Musée national et puis il aura aussi des sites en plein aire dont le terrain sainte Thérèse à N’djili, le rond-point victoire ou encore la place des évolués.

On est qu’au départ. Le département de photographie ici à l’académie des beaux-arts n’a que 4 ans.  Ce n’est pas beaucoup, mais c’est assez pour construire des bases. L’évolution est là par ce qu’aujourd’hui on reçoit les jeunes qui viennent avec l’idée bien fixe de faire la photographie. Mais lorsqu’ils arrivent ici ils découvrent que c’est toute une science, on apprend l’histoire de la photographie, les techniques photographiques, la production, la post production etc… on apprend tout une panoplie des choses qui proviennent de cette science que nous  appelons la science photographique. L’évolution elle est bonne, elle est satisfaisante, l’année passée nous avons eu nos premiers diplômés parmi eux une femme qui est la première diplômée en photographie, nous continuons sur la même lancée.

Question 2: On constate qu’il y a un véritable engouement dans la photographie avec l’immixtion   de plusieurs personnes qui utilisent les téléphones de haute définition pour faire les photos, aujourd’hui chez nous où se trouve la différence entre les professionnels et tous les passionnés de la photographie?

Baudouin Bikoko : La différence est que beaucoup des gens l’ignorent. La photographie est une science. Comme tout ce qui est science n’est pas à la portée de tout le monde. Le 19 février 1839, elle a été brevetée à l’académie de sciences en France et reconnu comme une discipline scientifique photographique.

Ça veut dire que pour travailler dans la photographie, il faut avoir quelques notions basées sur la science  photographique, donc tous les photographes ne sont pas tous scientifiques mais plus ou moins devront avoir des notions sur cette discipline. Partant de là il y’a une différence entre les professionnels de la photo et les amateurs de la photo, ou les gens qui font des photos d’une manière occasionnelle.

Question 3: Est-ce que les photographes professionnels avec tout ce qui viennent de se dire ont-ils de l’avenir dans ce pays.

Baudouin Bikoko : Bien sûr que oui, les photographes professionnels congolais ont de l’avenir sinon l’académie des beaux-arts ne va pas crée un département photo pour quelque chose qui n’a pas d’avenir.

Il faut donner aux jeunes les instruments nécessaires pour qu’ils puissent maîtriser ce métier, et cela ne peut que passer par des études. Moi je me dis les jeunes d’aujourd’hui ont de la chance de s’asseoir sur un banc et de suivre des cours, beaucoup des gens notamment ceux de ma génération, nous sommes des autodidactes. À partir de là il faut faire des efforts pour pouvoir mieux connaître ce métier, il faut faire la différence. Au départ la photographie c’est un métier c’est à dire qu’il y’a des gens qui utilisent l’appareil photo pour pouvoir presté, fournir des images, vendre des images aux personnes qui sont intéressées avoir leur propres images.

Mais alors la photographie évolue,  sort du cadre d’un métier pour devenir une discipline artistique, en devenant une discipline artistique, le photographe se base sur la création. C’est à dire que le photographe d’aujourd’hui ne pas seulement celui qui vient enregistrer une image et la reproduit telle qu’il l’avait trouvée.

Le photographe doit être aussi à mesure de fixer une image, de la reproduire et de la transformer, là on entre dans un cadre purement artistique. Ceux qui ont des téléphones, ce sont des photographes occasionnels, donc avec eux on n’aura pas des images par ce qu’ils n’ont pas la culture de reproduire les images qui sont dans leurs smartphones. ACP/ODM

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