Kinshasa, 22 février 2023, (ACP).- Le rendez-vous culturel entre jeunes de la République démocratique du Congo organisé par l’ONG « sourire des femmes » et « Afrika meets Kansai » axé sur des exposés et débats autour de la culture s’est clôturé mercredi 22 février au Fleuve Congo hôtel.
« Il faudrait répertorier tous les patrimoines culturels matériels et immatériels à défendre et à promouvoir. Il y a les danses, la gastronomie et le cinéma. Il faudra également répertorier tous les métiers de la culture et toutes ces personnes qui vivent de ces métiers », a déclaré, le directeur de l’agence Optimum, Didier Pambier, premier à prendre la parole.
Plusieurs autres interventions axées sur la culture ont été faites au cours de ce rendez-vous culturel hormis, le plaidoyer du directeur de l’agence précitée qui a insisté pour l’implantation des maisons de culture dans toutes les communes de la République démocratique du Congo.
Même son de son de cloche pour Joe Mbomisoni de la Fondation Monseigneur Bokeleyale qui a déclaré « qu’il y a beaucoup de jeunes aujourd’hui qui font pas mal de dessins. Mais nous oublions que parmi ces jeunes il y a de graphistes de demain. Nous devons faire comprendre à nos enfants que la culture ne se limite pas à la musique. La culture c’est aussi le design, la danse, la mode ».
Prenant la parole à son tour, Lukumwena Nsenda, architecte urbaniste et professeur d’université au Japon et à Kinshasa, a circonscrit son intervention sur la relation entre culture et architecture.
A l’en croire, « l’architecture fait partie intégrante de la culture. C’est le thermomètre des civilisations nécessaire à la politique de l’habitat social ou logements sociaux. La majorité des maisons sont habitées par des familles multiples. Il y a des grandes maisons à côté desquelles sont construites aussi des pièces annexes. Ce genre d’habitats constituent toute une typologie qui renvoie à une unicité sociale ».
Et de poursuivre « un projet d’urbanisation de Kinshasa considérée comme cité de la musique, tourisme » rappelant au passage qu’il y a longtemps que « tous les concerts de Kinshasa se jouaient à Gombe, un coin qui était autrefois interdit à une certaine catégorie de personnes après 18 heures. Et ces personnes qui venaient assister aux concerts en profitaient aussi pour passer un temps à la Gombe après les heures de travail ».
Madame Mangaza, ancienne miss zaïre est également intervenue en se focalisant sur son souhait de voir les femmes albinos participer aux défilés de mode et concours de beauté. « Parmi les candidates miss, je ne vois jamais une catégorie de personnes très importantes pour moi. Ce sont les albinos. Je serais contente de les voir participer au concours miss. Je vais fêter mon anniversaire avec un événement, concours de miss albinos », a-t-elle affirmé.
Parmi les intervenants, il y avait également des jeunes congolais vivant avec handicap, cas de Rosette Luna, membre de l’ONG sourire de femme. « Je suis victime de mine. C’est une douloureuse histoire. C’était en 2000, à l’Est du pays. Ma famille avait refusé qu’on m’ampute la jambe. Moi même je ne pouvais pas résister face à la douleur. On a du m’amputer la jambe grâce à l’appui financier de La Croix rouge. J’ai quitté Goma pour venir à Kinshasa grâce à la même organisation et aujourd’hui je suis fière de moi même. Je ne me considère pas comme une handicapée mais plutôt comme une personne à part entière. Je représente aujourd’hui mon pays la RDC en participant à des diverses compétitions notamment à Marrakech, en Suisse, au Japon et j’ai remporté des médailles » a-t-elle déclaré.
Elle a à cet effet, encouragé toutes les personnes vivant avec handicap. « Il ne faut jamais se décourager. Vous êtes aussi importantes que toutes les autres personnes. Je demande aux parents qui ont des enfants handicapés de ne jamais les marginaliser. Il faut traiter comme tous les autres. Moi qui parle je suis mannequin de l’ONG sourire de femme avec mon handicap. Je fais des défilés de mode avec fierté », a-t-elle souligné.
La question relative à la prise en charge des artistes par le ministère de la Culture, arts et patrimoine a aussi été évoquée au cours de ce rendez-vous culturel. Occasion à Mme Elisée Shovu, directeur de cabinet adjoint du ministre de faire une mise au point. « J’ai vu et entendu beaucoup d’artistes critiquer et condamner le ministère de la culture. Ce ministère est le vôtre. Nos portes sont grandement ouvertes pour vous recevoir et étudier vos dossiers. Musiciens, sculpteurs, modélistes. Il y a un fonds pour la promotion de la culture. Il suffit d’introduire votre dossier et nous allons nous en charger », a-t-elle souligné.
Mme Liliane qui milite pour prise en charge des personnes handicapées a pour sa part, abondé dans le même sens. «Mon expérience dans la culture c’est de pouvoir donner un regard aux personnes vivant avec handicap. Nous sommes tous des personnes handicapées. L’handicap des uns est à l’initiateur et celui des autres à l’extérieur. En changeant nos regards vers les personnes handicapées nous changeons beaucoup de choses autour de nous. Les personnes vivant avec handicap sont capables de faire beaucoup de choses. Mon combat c’est l’aide aux enfants handicapés, toute sorte de malformations. Même les enfants que vous appelez Shegue ont quelque chose à offrir à la société. Il suffit de les aider », a-t-elle dit.
ACP/KHM/KKP