Debaba, 14 ans après : souvenir d’une des belles voix de la musique congolaise

Kinshasa, 25 avril 2025 (ACP).-  Les mélomanes de la rumba congolaise se sont souvenus vendredi de la disparition du chanteur Cleophas Claude Dieka Mbaki, connu Debaba El Shabab sur scène, décédé le 24 avril 2011 à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC) à l’âge de 50 ans.

« Debaba reste un très grand chanteur. Il faisait partie des plus belles voix de la musique congolaise. On dit toujours que dans la musique rumba, on reconnaît un grand chanteur par les disciples qu’il aura créés.  Il a créé tellement de disciples derrière, qu’il y a des gens comme Manda Chante, le feu Babia Ndonga Shokoro, Celezino, Ferré Gola et plusieurs autres chanteurs qui ont suivi sa lignée », a déclaré Eddy Fleury Ngombe, président de l’Union des producteurs de musique du Congo (UPMC).

« Debaba a laissé beaucoup de traces dans le répertoire de notre rumba. S’il faut compter vingt (20) grands chanteurs, je pense qu’il ne manquera pas (…).

Je garde de ce talentueux compositeur et interprète, une myriade de très bons souvenirs que je n’oublierai jamais », a-t-il ajouté.

Racontant une petite anecdote, Eddy Fleury Ngombe a relaté : « C’est moi qui avait assuré, avec la maison d’édition ‘‘Tamaris’’ bien sûr, la production du dernier album de “Choc Stars”, la dernière formule où il restait Nzaya Nzayadio, Debaba lui-même et Ben Nyemabo (…) Quoi que n’étant pas le plus bel album de ‘‘Choc Stars’’, mais c’était une œuvre qui a bénéficié du génie musical des musiciens tels que Serge Kasongo Mboka Liya dit « Burkina Faso », Fi Carré Mwamba et d’autres qui commençaient à émerger ».

De son côté, Jean-Claude Mombong, un opérateur culturel congolais, a retracé l’histoire et le progrès du chanteur Cleophas Claude Dieka Mbaki dit Debaba El shabab, dans la musique congolaise, de manière très détaillée.

« Debaba est le fils de Simba Simba, un soldat de l’armée congolaise et de Pascaline Mbombo, femme entreprenante et commerçante au Marché central de Kinshasa. Il débute sa carrière musicale avec le soutien de son ami Derval. Cette rencontre sera déterminante pour le reste de sa carrière : ensemble, ils forment  le groupe ‘‘Véritable Sakana Musica’’. 

Entre-temps, un orchestre de jeunes de la commune de Lingwala qui assurait les premières parties de ‘‘Viva La Musica’’ de Papa Wemba “Kanako Chipriquez Bango ”, une formation créée par le vieux Boutshie, connaît le départ de plusieurs de ses chanteurs phares. C’est ainsi qu’un certain Ali Babason demandera à Debaba de les rejoindre », a-t-il fait savoir.

L’épopée de l’éclosion

« Papa Wemba souffrait d’angine cette soirée-là, en lever  des rideaux de ‘‘Viva La Musica’’, Debaba saisit l’occasion, improvise et interprète une chanson de Papa Wemba ; le Kuru Yaka tombe sous le charme de cette voix, doublée d’un beau visage et d’une silhouette de sportif. Il intègre le groupe, c’est ainsi que Debaba El Shabab voit confirmé son statut de vedette, et les succès s’enchaînèrent », a-t-il renchéri.

1978 est le début d’une carrière fulgurante lorsqu’il rejoint des artistes tels que King Kester Emenaya, Djuna djanana, Dindo yogo, Bipoli, Esperant Djengaka, Fafa de Molokaï, Rigo Stars faisant partie du groupe ‘‘Viva la Musica’’.

Inscrit dans les rangs des titulaires, Debaba el Shabab participe au déchiffrage et à l’enregistrement des chansons composées de fin 1978 à 1982. Il se démarque de par sa voix qui dope les titres à succès de ses collègues tels que (Beloti, Méa culpa, Ngonda), « Abidjan » sera son premier grand succès. 

En 1982, il quitte Papa Wemba avec Kester Emeneya pour former ‘‘Victoria Eleison’’, une formation musicale  composée de Bipoli, Petit Prince Bengali, Huit Kilos, Tofla Kitoko, Safro, Pinos, Patcho Star, Ekoko Mbonda, Mongo Ley, Joly Mubiala….

Quelques années plus tard, il signe un contrat avec Verckys Kiamuagana et crée son propre groupe ‘‘Historia Musica’’ avec l’artiste Koffi Olomide. L’orchestre ne fera pas long feu, après sa sortie officielle le 31 décembre 1983 à l’immeuble Vévé Center. 

Debaba El Shabab traverse de moments difficiles, il jette l’éponge et rejoint Ben Nyamabo, le patron de ‘‘Choc Stars’’ avec Nzaya Nzayadio et Carlyto Lassa. 

Cet ensemble musical fut une pépite de talents qui fit tabac avec des chansons d’anthologie. Mais quelques années plus tard, le succès n’est plus au rendez-vous. En 1994, miné par des querelles intestines avec en toile de fond des difficultés financières, l’orchestre se défait et Debaba quitte le groupe et rejoint de nouveau son mentor Papa Wemba.

Debaba, la conversion

Celui-ci sera surpris quelques jours, avant leur tournée pour l’Europe quand Debaba vint lui annoncer qu’il consacrait désormais sa voix à Jésus Christ. Il devint prédicateur.

« Ma musique est réservée au Seigneur, Dieu m’a dit clairement, chante pour moi, je veux que tu me loues », aurait dit Debaba à Papa Wemba. 

Il produit plusieurs artistes religieux en 1997. C’est sous son aura que les Congolais découvrirent la chanteuse Maria Misamu à travers l’album « Who’sthat girl ».

Debaba El Shabab succombera le 24 avril 2011 à 2h du matin à Kinshasa, à la clinique Ngaliema.

ACP/JF

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