Kinshasa, 20 mai 2025 (ACP)-* Le projet du gouvernement de créer une structure étatique pour la gestion collective des droits d’auteur en République démocratique du Congo a été encouragé par les artistes congolais de la diaspora basés en France, a appris l’ACP mardi lors d’un entretien téléphonique avec des sources associatives.
« Personnellement, je ne trouve pas mauvais l’idée du gouvernement congolais de créer une nouvelle société publique de gestion des droits d’auteur dans notre pays, la RDC. Car, l’expérience nous renseigne que la gestion actuelle par un système de coopérative privée a démontré ses limites à cause de l’égoïsme, des conflits de leadership entre nous artistes et surtout des intérêts personnels de certains collègues qui ont transformé la Socoda (société congolaise des droits d’auteur et droits voisins) à une boutique privée », a déclaré le musicien Nyboma Canta, Président de l’association ‘‘Congo Sèbène’’ à Paris.
« Nous avons tous vu comment l’argent des artistes a été mal géré. Toutefois, un jour ils seront jugés parce qu’il s’agit de la sueur de notre travail d’artiste », a-t-il ajouté.
Malgré le soutien à l’initiative du gouvernement, le chanteur Nyboma Canta n’a pas caché ses inquiétudes sur la mode de gestion et la statue qui sera attribuée à la future société congolaise des droits d’auteur.
« Notre crainte est aussi que cette structure étatique soit traitée comme une entreprise publique où les politiciens vont s’accaparer de la gestion jusqu’à la faire tomber faillite comme d’autres sociétés de l’Etat. Nous ne voulons pas que la future société des artistes soit politisée. En tout cas non ! », a-t-il dit.
Et de poursuivre : « en matière des droits d’auteur, il est conseillé que la gestion soit confiée à un expert en Droit des affaires ou droit commercial. Donc, un avocat ou un juriste. On ne peut pas mettre n’importe qui à la tête de cette structure. D’ailleurs, il est souhaitable qu’on se réfère à l’ancienne statue de l’ex- Sonéca (Société nationale des éditeurs, compositeurs-auteurs)».
« Ici en France, la Sacem ou la Sabam en Belgique sont restées jusqu’à preuve du contraire des sociétés privées. Leur manière de gérer ne pose aucun problème ni avec les sociétaires, ni avec l’Etat français ou belge. Pourquoi ne pas instaurer cela aussi chez nous ?», s’est-il interrogé.
Paris : les producteurs congolais soutiennent le ministère de la culture
Ce projet venu du ministère de la culture, arts et patrimoine de la RDC de créer une nouvelle structure pour la gestion efficiente des droits d’auteur a été également soutenu au sein du collectif des producteurs congolais de musique (CPC) en France.
« Nous pensons qu’une nouvelle structure publique mettra fin à la jungle actuelle où les œuvres artistiques circulent sans contrôle sur le marché. Cette structure de l’Etat mettra aux désordres dans le secteur des droits d’auteur en RDC où les artistes ne perçoivent pas ce qui leur revient réellement. La société étatique va stopper la confusion qui règne entre les intérêts privés et missions publiques sur cette question de gestion des droits d’auteur », a estimé Didi Kembwarss, artiste –pluridisciplinaire et Secrétaire général du CPC.
Toutefois, il a appelé toute la communauté artistique de la diaspora ainsi que les professionnels des arts à Kinshasa de s’aligner derrière l’initiative du gouvernement qui s’est engagé à donner une solution définitive aux problèmes qui rongent le secteur des droits d’auteur en RDC.
« L’heure est venue de cesser tous affrontements et des coups tordus entre artistes. A ce stade, c’est l’autorité de l’Etat qui a pris la décision. Si la volonté politique est forte, une nouvelle société de gestion sera mise en place avec la bénédiction de tous », a conclu cet opérateur culturel congolais basé à Paris.
ACP/C.L.