Kinshasa: des hommages rendus  aux  contributions littéraires de  l’écrivain kenyan Ngugi Wa Thiong’o

Kinshasa, 29 mai 2025 (ACP).- Des hommages ont été rendus à l’écrivain et penseur kényan Ngugi wa Thiong’o, décédé mercredi à l’âge de 87 ans, pour ses contributions littéraires et les efforts en faveur de l’Afrique, selon  les témoignages rendus,    jeudi   par des  écrivains de la République Démocratique du Congo.

« Ngugi Wa Thiong’o mérite de grands hommages dans la mesure où il aura laissé un héritage littéraire immense. Grâce à la magie de la traduction, ses livres, écrits en gikuyu pour la plupart, ont été lus dans le monde entier et ont eu une grande audience », a déclaré l’écrivain Yann Kheme.


« (…) il est demeuré constant dans ses prises de position idéologiques, assumées et revendiquées. Et ça c’est son plus grand Prix jamais obtenu: faire connaître sa culture, la vendre par le biais de celle-ci », a-t-il ajouté.
Faisant partie de ses souvenirs les plus marquants, il évoque :
« J’étais étudiant quand j’ai découvert le vieux Ngugi, grâce au service de la coopération et action culturelle de l’ambassade de France en RDC, Sesam (…)
Ensuite mon professeur de littérature africaine me parlera de son combat, de sa présence lors de la Conférence de Makerere en 1962 ; je vais mieux découvrir l’homme à travers mes recherches personnelles
 ».

De son côté, Richard Ali, responsable de la bibliothèque Wallonie-Bruxelles, a laissé entendre que le regretté Ngugi Wa Thiong’o faisait incontestablement partie de ses maîtres à penser.
« C’est la disparition d’un autre Patriarche, un guide pour moi.
Je n’hésitais pas à l’appeler ”maître” pour ma démarche d’écriture en langue nationale, en lingala plus précisément (…) Merci d’avoir tracé le chemin. Merci de nous avoir inspirés. Merci pour tout
 », a-t-il témoigné.

« C’est l’un des plus brillants penseurs de la post-colonie africaine. Alors que nous pleurons encore Valentin-Yves Mudimbe, une autre lumière s’éteint, laissant un vide immense dans le paysage intellectuel africain.
Aujourd’hui, l’Afrique perd une de ses voix les plus puissantes, un homme qui a consacré sa vie à la libération de l’esprit africain
 », a regretté, pour sa part, l’écrivain Gasmil Mvuyi.

Né en 1938 dans un village au nord-ouest de Nairobi, capitale du Kenya, alors sous occupation britannique, James Thiong’o Ngugi fut un romancier et théoricien postcolonial. Il fut notamment l’auteur d’un essai majeur paru en 1986, “Décoloniser l’esprit”, un véritable plaidoyer en faveur des langues et cultures africaines, analysant la violence et  ”l’asservissement mental ” qu’a représenté l’imposition des langues européennes dans les sociétés coloniales. Dans ses romans, et à travers son théâtre, Ngugi Wa Thiongo, développe une critique virulente de la bourgeoisie issue des indépendances et de l’oppression des classes ouvrières africaines. Influencé par la pensée marxiste et Franz Fanon,
Ngugi fut aussi un penseur du panafricanisme et de l’émancipation de l’Afrique.

ACP/JF

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