Kinshasa: lancement d’une plateforme dénommée : « Nkumb’art » pour promouvoir la culture congolaise

Kinshasa, 01 octobre 2023 (ACP).- Une plateforme culturelle dénommée « Nkumb’art » a été lancée le week-end à l’Académie de beaux-arts, dans la commune de la Gombe, partie Nord de la ville de Kinshasa, en République démocratique du Congo, par  une association sans but lucratif, dans le but de promouvoir la culture congolaise.

« Nkumb’art’’  est une plateforme culturelle mis en place par l’Asbl dynamique Plus. Elle a pour objectif de rassembler les différentes expressions afro culturelles du monde, pour les ramener aux origines congolaises, en vue de  célébrer le patrimoine qui veille sur nous depuis longtemps et qui attend à ce que chacun de nous puisse l’éveiller sur lui  à son tour », a déclaré le vice-président de la ‘’Dynamique Plus’’, Francis Ilunga.

Et d’ajouter : « Nous sommes partis de la mythologie aux côtés du Conseil des sages des rois et des empereurs d’Afrique (COSERA), pour mettre en place cette réflexion qui consiste à collecter toute la richesse du patrimoine culturel qui constitue le Congo. Nous connaissons la Rumba,  nous vivons avec elle dans toutes ses diversités ».

De l’axe mythologique, a poursuivi Francis Ilunga, nous sommes passés à l’aspect historique qui a fait appel aux experts scientifiques et économiques de la RDC, ainsi que ceux du Congo Brazzaville, pour qu’ensemble nous puissions réfléchir et porter haut ce patrimoine que nous partageons en commun. C’est de cet aspect historique que nous avons également l’axe économique.  Nous avons une richesse qui cumule tout ce que nous sommes en termes d’identité.

Que faire de cette richesse? S’est-t-il interrogé. En réponse, il a indiqué que l’idée est de la structurer, rassembler tous les corps institutionnels et académiques autour d’elle pour pouvoir la décoder, afin d’en faire une matière que nous pouvons transmettre pour un enseignement à léguer aux générations futures, de sorte que le monde puisse la consommer et comprendre à son tour ce qu’est notre patrimoine.

Pour Francis Ilunga, le peuple congolais fait face à un devoir. Celui de comptabiliser ce patrimoine au rendez-vous du donner et du recevoir international. Car l’expression africaine et congolaise peine à pouvoir se vendre, parce qu’il manque certains codes et clés qui répondent à l’économie pour pouvoir valoriser les finances des expressions de cet art.

« La Nkumb’art qui porte le  ‘’festival Rumba in the jungle’’, s’est donné le devoir de porter une autre plateforme qui sera essentiellement scientifique et économiste, afin de répondre à ce souci de la valorisation du patrimoine congolais. Nous lançons aujourd’hui cette plateforme et en même temps ce festival qui aura lieu au mois de février », a-t-il enchainé, avant de souligner qu’au cours de ce festival annoncé, des communautés Afro descendantes venues du monde entier, viendront en RDC pour célébrer le volet de la mémoire, parce qu’ils sont tous partis en captif.

 Soutien de l’UNESCO à la plateforme « Nkumb’art »

Prenant la parole, le représentant de de l’UNESCO, Augustin Bikale a affirmé que son institution a choisi de soutenir la plateforme « Nkumb’art », parce que la rumba congolaise est non seulement une richesse culturelle, mais aussi une locomotive dans les milieux des arrêts. Autour d’elle, il y a plusieurs autres arts qui émergent, notamment le cinéma, la sape, la mode. Selon lui, lorsque l’UNESCO a inscrit la rumba comme patrimoine mondial, elle a pris en compte tout son environnement.

« Nous avons cru en ce projet parce qu’il rencontre les objectifs de développement à tous les niveaux et qui tournent d’ailleurs autour de la culture prise en compte dans tous les objectifs de développement. Que ce soit dans le domaine de l’éducation, de l’économie et de l’environnement. Ici le mouvement Nkumb’art qui porte le ‘’festival Rumba in the jungle’’ fait allusion à tous ces processus qui consistent à amener tous les éléments de la culture dans toute notre réflexion pour asseoir un développement durable autour de la RDC », fait savoir M. Bikale.

Il a également précisé qu’il il s’agit ici de la mémoire collective parce que la rumba est partie de quelque part. Car dans son histoire on parle de la traite négrière. « On parle du retour, de la vie quotidienne, des  expressions différentes de notre quotidien. Quand vous allez dans la rumba vous trouvez la guerre qui se fait entre les personnes comme dans les chansons de Luambo. C’est une des expressions à travers lesquelles on pleure ou on se réjouit. C’est un point par lequel on arrive à atteindre les autres aspects de notre identité culturelle », a-t-il expliqué.

Quant au directeur en charge de collection du patrimoine culturel de l’institut des musées nationaux de la RDC, Blaise Esinialanga, il a rappelé le rôle de son institution et la place qu’occupe la plateforme Nkumb’art.

« Le rôle que joue mon institution, est de collecter,  conserver et  présenter le patrimoine culturel au public. C’est pour cette raison que nous nous sommes intéressés à cette plateforme culturelle parce que la ‘’ Nkumb’art’’ est un patrimoine national culturel très important », a-t-il fait savoir, avant d’ajouter que la rumba qui n’est qu’une déformation de l’appellation de la Nkumba est un mode de communication. Elle a une fonction sociale visant à rassembler les gens pour la fête comme pour le cas présent.

A l’en croire, la rumba comme musique, aide la population à s’identifier, dans la mesure où elle se comprend à travers trois dimensions, notamment le coté archéologique, ensuite l’iconographie et enfin l’aspect musical tel que connu aujourd’hui. Les langues de l’Amérique latine l’ont influencée jusqu’à ce que le préfixe NKU s’est transformé en RU, d’où la rumba qui nous est revenue avec force comme une réalité de l’art moderne, a-t-il conclu.

La plateforme culturelle « Nkumb’art » a été créée en 2021, à l’occasion de la célébration de l’inscription de la rumba au patrimoine culturel de l’UNESCO. De son principe originel hérité de la cosmogénèse Bantu, elle vise au-delà du spirituel la recherche de la valorisation du « Muntu » (l’homme) à travers son art et son histoire, pour trouver des solutions de développement,  éthiques, esthétiques, économiques, sociales et culturelles. ACP/KHM

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