Kinshasa, 12 aout 2021 (ACP).- La décennie 1980 marque l’ère de l’émergence en majorité des vedettes féminines de la musique congolaise au niveau de la ville de Kinshasa en RDC, de Brazzaville en République du Congo et à l’étranger, d’après les résultats de recherches du chroniqueur culturel congolais, Clément Ossinonde rendu public sur la toile.
Ces femmes qui s’étaient déjà lancées sur la scène musicale, vers 1970, auront vu leur succès croitre, sous l’encadrement des managers et des producteurs qui se multipliaient dans les milieux musicaux de cette époque. Parmi ces femmes, l’on dénombre celles qui sont décédées après un temps de succès et celles qui continuent jusqu’à ce jour à faire leur bonne homme de chemin, aux côtés de plusieurs générations d’artistes.
C’est le cas de M’Pongo Love, alias Princesse de la rumba et reine du Soukouss qui, à une vingtaine d’années, a connu une carrière musicale glorieuse vers les années 1980, lorsqu’elle propose des titres comme : « Femme Commerçante », « Basongeur », « Vivre avec toi », « Mokili compliqué », « Une seule femme », « Gina ». Elle était décédée en 1990 à Kinshasa, après une longue période de maladie.
Une autre, c’est Abeti Masikini, dont la carrière avait pris une autre tournure, quand elle fait la rencontre à Kinshasa de Gérard Akueson (celui-ci était en tournée avec la chanteuse togolaise Bella Bellow), qui devient ensuite son manager.
Alors que déjà renommée depuis son premier concert le 19 février 1973, à l’Olympia de Paris, et au Carnegie Hall à New-York (USA) en 1974, Abeti Masikini, elle se voit encore montée en puissance grâce à sa chanson « Je suis fâché » sorti en France en 1986 et qui était devenu une tube planétaire. Et deux ans plus tard, elle se produit au Zénith de Paris. Le 28 septembre 1994, elle meurt des suites d’un cancer.
Il y aussi Mbilia Bel qui, après des années passées chez Afrisa International de Tabu Ley, va en 1982, produire sa première chanson intitulée « Mpeve ya longo », et lancer successivement des titres tels que « Eswi yo wapi » (1983), « Boya yé » (1984), « Kenya » (1985), « Beyanga » (1986) qui vont occasionner la montée en flèche de cette chanteurs renommée la Cléopâtre.
En 1987, elle quitte Tabu Ley, s’installe à Paris et se lance dans une carrière solo. En 1988, elle sort un premier album intitulé « Phénomène », dans lequel elle collabore avec Philippe Slominski, un trompettiste français, le batteur camerounais Valery Lobé ainsi que le guitariste congolais Rigo Star Bamundele. Le public apprécie le disque et ses titres : « Mayavale », « Tika Bazuwa », ou encore « Sans frontière ».Actuellement la chanteuse reste active sur la scène musicale en donnant des concerts en Afrique et en Europe.
Tshala Muala, alias Mamu nationale, fût danseuse et choriste, d’abord chez M’Pongo love en 1977, puis dans le groupe d’Abeti Masikini en 1978, avant de se lancer en solo.
Sous la direction de Souzy Kaseya (producteur, guitariste et arrangeur congolais), elle propose en 1982 un 45 tour intitulé Amina. Elle part en tournée dans plusieurs pays africains dont le Sénégal, le Congo Brazzaville, le Nigeria, le Bénin, le Burkina Faso, la France et l’Allemagne. En 1984, elle revient sur scène avec un nouvel opus baptisé Koumba, puis M’pokolo (1985).
Elle s’installe à Paris en 1988 et y réalise une série d’albums. En 1989, elle tient un rôle dans le film « Palato », du Malien Mahamadou Cissé. Depuis son retour à Kinshasa en 1997, Tshala Muana est engagée dans la politique, sans toutefois se séparer de la musique.
Instabilité des groupes et disparition tragiques des grands noms
La décennie 1980 serait aussi caractérisé par l’instabilité des musiciens que les groupes vont évoluer entre 1980 – 1989. A l’exception de très peu de cas, notamment parmi les artistes exilés en Europe et ceux qui sur place au Congo se sont mis à voler sérieusement de leurs propres ailes.
Un des faits marquant le début de cette décennie c’est la présence à Brazzaville de l’IAD (Industrie Africaine du Disque) qui. Celle-ci connait sa meilleure productivité et réalise ses meilleures ventes grâce aux musiciens kinois et brazzavillois qui ont su profiter de ce bijou pour asseoir leur audience et s’ouvrir au marché international.
Enfin, la décennie 1980 aurait été la plus meurtrière dans la grande famille de la musique congolaise avec la disparition des grands noms tels que : Joseph Kabasele, Nico Kasanda, Lucie Eyenga, Luambo-Makiadi « Franco », Vicky Longomba, Kwamy, Victor Mokoko, Lucie Eyenga, et autres plus célèbres.
Les musiciens congolais commencent à gérer une misère presque endémique en 1990
Vers les années 1990, d’après le journaliste chroniqueur culturel Clément Ossinonde, la musique congolaise commence à sentir les effets des politiques de développement économique de l’époque qui ne placent pas le domaine musical parmi les priorités.
Avec leur statut social demeuré flou et incertain, les musiciens commencent à gérer une misère presque endémique, à l’exception de quelques individualités fortunées qui ont fait office de producteur discographique, patron de groupe ou opérateur culturel.
Néanmoins à partir de cette décennie, bon nombre d’artistes et des groupes prennent conscience du retard accumulé par les ainés, afin de briser certains mythes et de rehausser le niveau de la musique congolaise, particulièrement les artistes congolais évoluant à l’étranger.
Comme durant la décennie précédente, l’on assiste également à plusieurs disparitions tragiques, comme celles de Mpongo Love, Les frères Soki, Henri Bowane, Paul Ebengo « Dewayon », Jo Mpoyi, Bitsikou « Théo », Gérard Madiata, Ntsesa Nzitani « Dalients », Pépé Kale Yampania, Liengo Honoré, Manoka De Saio, etc.
Durant cette décennie, l’on retient des événements significatifs à l’instar des premières éditions de la Fête panafricaine de la chanson dénommée « Ngwomo Africa » à Kinshasa en 1994 et du Festival panafricain de musique (FESPAM) à Brazzaville en 1996.
ACP/ZNG/NKV/MNI/LYS