Kinshasa, 25 août 2024 (ACP).- La musique urbaine de la République démocratique du Congo a été jouée pour la première fois en Suède lors du spectacle de la rappeuse congolaise Sista Becky, samedi, au festival culturel de Stockholm, a appris l’ACP dimanche au cours d’un entretien téléphonique avec l’artiste.
« Ma prestation au festival culturel de Stockholm n’est pas anodine. Je crois que je suis la première rappeuse à vivre cela, mais certainement pas la dernière artiste urbaine congolaise. Nous marquons le pas pour assurer l’avenir et le futur de la musique urbaine congolaise. Par les humbles possibilités, on fait ce que l’on peut et c’est ça l’essentiel je crois », a déclaré la cantatrice Sista Becky.
Et d’ajouter : « C’est un travail de booking effectué par monsieur Tito Biteketa, qui est l’un de mes managers en Europe. Tito Biteketa est un acteur culturel congolais qui réside en Suède et observe mon travail musical et artistique depuis plusieurs années maintenant ».
Devant un public hétérogène, elle a réussi à défendre la culture congolaise à travers ses chansons en style rap qui sont exécutées en français et en lingala, deux langues officielles en RDC.
«Le même, il n’a pas changé. Il s’agit toujours de monsieur rap. Il y a eu des émotions du côté du public. J’ai joué des titres de mon EP ‘‘ Apéritif’’ tel que platine…J’ai ajouté aussi quelques morceaux que j’ai l’habitude d’interpréter sur scène comme ‘‘Oubagah’’ ou ‘‘Dit leurs’’ … La différence entre l’Europe et Kinshasa est que le public est ouvert et surtout consommateur de la bonne musique pop en général », a soutenu Sista Becky.
Et de poursuivre : « Ma musique pop urbaine y trouve une grande place et un respect naturel. Chose qu’à Kinshasa est difficile sachant déjà que la musique urbaine est lourdement considérée… Et pour une artiste telle que moi qui le fait généralement en français c’est encore plus dur … »
« Je crois seulement qu’il est important pour nous. Je veux dire à mon équipe de m’exporter encore face à un public plus dynamique, moderne et vrai consommateur », s’est-elle engagée.
Organisé depuis une dizaine d’années pendant l’été par les autorités suédoises, le Festival culturel de Stockholm (Stockholm Kultur Festival) est le plus grand festival européen dont l’entrée est gratuite. Artistes, écrivains, comédiens, musiciens, tous venus des différents pays font y le déplacement pour faire rayonner les couleurs de la culture du monde.
Les rêves d’une légende du rap pour honorer la RDC en internationale
Pour l’artiste, son passage sur la scène du festival culturel de Stockholm fait partie de ses rêves de défendre davantage son talent et surtout promouvoir la culture congolaise sur la scène internationale.

Prestation de Sista Becky sur bateau en Suède
« Je crois que je me contente surtout de poursuivre mes rêves personnels et professionnels, et si en cela je peux faire la fierté de mon pays et d’une culture. C’est tout honorant. C’est une bonne chose d’honorer sa patrie positivement. Je suis fière d’être congolaise. C’est grâce à tout ce que culturellement m’apporte mes origines que je me sens distincte où que je sois », a martelé la rappeuse.
Et de conclure : « je fais peut être une musique que beaucoup peuvent penser étrangère mais croyez-moi, il y a beaucoup de congolais comme moi au pays. Nous sommes un peuple diversifié, et je représente 1% de cette diversité culturelle ».
Sur le plan discographique, cette figure emblématique du rap féminin à Kinshasa, a réalisé plusieurs chansons qui ont marqué les mélomanes de la musique hip hop au pays et à l’étranger. « ‘‘Je t’aime’’ est son nouveau titre lancé depuis le mois de juin dernier sur les réseaux sociaux. « Je t’aime » est disponible sur les plateformes des réseaux sociaux pour audition. C’est un rap free-style, mais pas un single proprement dit. Le morceau a été balancé afin d’alimenter la toile uniquement. Il n’est ni à la radio, ni à la télévision. C’est un titre destiné aux réseaux sociaux et il se comporte très bien en écoute ».
Depuis ses débuts en 2016, Sista Becky est rapidement devenue l’une des stars les plus brillantes de la scène musicale urbaine congolaise. Très tenace, la rappeuse a résisté dans un univers dominé par les hommes jusqu’à être surnommée la « Première dame du rap 243» (indicatif téléphonique de la RDC). Elle veut être un modèle positif pour les jeunes femmes et briser les frontières pour les autres artistes féminines du Congo-Kinshasa.
ACP/ C.L