(Ethnomusicologue)
Kinshasa, 27 avril 2025 (ACP).– La Rumba congolaise, longtemps considérée comme une simple musique de divertissement, s’est imposée comme une mémoire vivante et un puissant vecteur d’unité nationale en République démocratique du Congo, a appris l’ACP dimanche d’un ethnomusicologue en marge de la célébration du neuvième anniversaire de la disparition du chanteur Papa Wemba. «La Rumba congolaise est un miroir de la société congolaise. Elle parle d’amour, de politique, des luttes sociales, de spiritualité… c’est un langage universel qui rassemble. Elle s’est imposé comme vecteur d’unité nationale en RDC», a déclaré Francis Zola, ethnomusicologue.
Inscrite en 2021 comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco, Francis Zola est d’avis que la Rumba congolaise continue de faire vibrer les cœurs à Kinshasa, Lubumbashi et bien au-delà des frontières. « Dans les bars populaires comme sur les grandes scènes internationales, ce rythme hérité des traditions bantoues et nourri d’influences afro-cubaines reste un pilier identitaire », a-t-il ajouté. « La Rumba, c’est notre drapeau sonore. Même quand on est loin de chez nous, dès qu’on entend une guitare Rumba, on sent que le Congo est là », a fait savoir, Annie Vangu, vendeuse de CD au quartier Matonge à kalamu. Des figures emblématiques comme Franco Luambo, Tabu Ley Rochereau ou encore Papa Wemba ont bâti les fondations de cette musique, aujourd’hui reprise et modernisée par des artistes contemporains tels que Ferré Gola, Fally Ipupa, Koffi Olomide ou Werrason.
La relève est également assurée par des jeunes artistes comme Innoss’B et Céline Banza, qui conjuguent modernité et tradition pour porter haut les couleurs de la Rumba congolaise. Par ailleurs, Francine Muyamba, promotrice culturelle basée à Kinshasa, trouve urgent de créer des écoles de musique spécialisées, de soutenir les festivals locaux et d’accompagner les artistes dans leur professionnalisation. «La Rumba ne doit pas seulement survivre, elle doit vivre pleinement », a-t-elle plaidé. Alors que le ministère de la Culture prévoit des activités pour célébrer les quatre ans de cette reconnaissance par l’Unesco, les passionnés espèrent que cet héritage musical bénéficiera d’un véritable soutien à la hauteur de son rayonnement.
ACP/C.L.