Kinshasa, 14 décembre 2021 (ACP).- La rumba congolaise fait désormais officiellement partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité a annoncé mardi, sur Twitter, l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), à l’issue de la session annuelle ouverte lundi 13 décembre à Paris afin d’ étudier une soixantaine de candidatures.
À cette occasion, la ministre de la culture arts et patrimoines Catherine Kathungu Furaha a félicité le Chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour sa diplomatie culturelle et le premier ministre qui a placé dans le 15 ème pilier du programme du gouvernement, la continuité des démarches en vue de cette inscription.
Au terme de cette proclamation, elle a dans son discours de circonstance qualifiée la Rumba d’identité Africaine, de richesse et de phénomène de ville dont Kinshasa et Brazzaville sont le foyer. « Je salue la mémoire de nos peuples qui voient aujourd’hui l’invention des esclaves et de leurs descendants, revenir comme une science dans son milieu naturel. Cette inscription est la consécration de notre identité commune, d’un mode de vie, d’un état d’âme et d’un savoir faire anthropologique » a-t-elle ajouté.
Par la même occasion, elle a salué l’implication du bureau de l’UNESCO à Kinshasa pour son accompagnement, avant de rendre un vibrant hommage au génie créateur des ancêtres et des esclaves qui, dans leurs déportation n’ont pas perdu cette identité.
Mme Kathungu a également rendu un vibrant hommage aux artistes musiciens des deux rives du fleuve Congo, toutes générations confondues, aux écrivains et poètes qui ont valorisé ce patrimoine et pérenniser son héritage.
Enfin, la rumba est inscrite, maintenant, c’est acté, nous allons la célébrée en organisant dans les jours à venir des conférences, radio télévisée, colloque et concerts a-t-elle conclu.
Sur cette liste représentative de l’UNESCO, la Rumba congolaise rejoint sa soeur cubaine, inscrite en 2016 et, pour l’Afrique centrale, les polyphonies pygmées de Centrafrique (2003) ou les tambours du Burundi (2014) rappelle-t-on.
À propos de la Rumba, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de la RDC Patrick Muyaya s’était prononcé jeudi dernier, au cours d’une conférence de presse organisée en prélude à cet événement. « Cette richesse venue du Congo et exportée dans le monde entier constitue un des éléments de notre fierté »avec quelques jours d’avance, « Il est de notre devoir à tous de promouvoir la « Rumba », ajoutait-il.
Des origines de la rumba congolaise
Les spécialistes des deux Congo situent les origines de la rumba dans l’ancien royaume Kongo, où l’on pratiquait une danse appelée Nkumba, signifiant dance du « nombril ».
Suite au commerce triangulaire, les Africains déportés ont emmené dans les Amériques leur culture et leur musique. Fabriquant leurs instruments, c’est ainsi que naitra le jazz au nord et à la rumba au sud des Amériques, avant que cette musique ne soit ramenée en Afrique par les commerçants, sur des supports disques et guitares.
Selon le pr. Yoka Lye Mudaba, DG de l’institut national des arts (INA), la Rumba est « tentaculaire et présente dans tous les domaines de la vie nationale ».
Dans sa version moderne, elle a une centaine d’années et est une musique des villes et des bars, de métissage culturel et de nostalgie, à la fois de « résistance et de résilience« , avec son mode de vie et ses codes vestimentaires (« la sape »).
Ce genre musical est marquée par l’histoire politique des deux Congo, avant et après l’indépendance reconnaît-il. Plus d’un an après le dépôt du dossier conjoint du Congo-Kinshasa et du Congo-Brazzaville auprès de l’Unesco, l’optimisme règne sur les deux rives du fleuve Congo. ACP/