Kinshasa, 07 juin 2025 (ACP).- Le film documentaire dénommé « KONGO » un voyage dans le temps, du réalisateur Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav, projété vendredi 06 juin à l’Académie des beaux-arts de Kinshasa, a constitué un cadre d’inspiration et de recherche pour les étudiants du département photo de cette institution.
« La projection de ce film documentaire dénommé ‘’Kongo’’ a un côté pédagogique qui permet aux étudiants de dissimuler la théorie à la pratique, de s’inspirer par rapport à leurs projets. Parce que ces jeunes, ils ont besoin d’apprendre par la pratique et les travaux de leurs prédécesseurs, des personnes qui vivent au quotidien le cinéma », a déclaré le professeur Henri Kalama Akulez, directeur général de l’Académie des beaux-arts de Kinshasa.
«Moi en tant que Parisien et réalisateur de ce film documentaire, c’est une sorte de voyage dans le temps aussi, une manière de revenir à l’essence. Et de repuiser dans mes propres racines, parce que nous, on a oublié toutes ces croyances, on les avait chez nous. Donc, c’est un retour aux sources, on pourrait dire», a décalé Hadrien La Vapeur l’un de réalisateur du film documentaire « Kongo».
«On se retrouve au Congo où il y a jamais eu de film sur les Ngunza et où il y a très peu eu des documentaires. Donc, c’est aussi une chance de pouvoir être dans un territoire entre guillemets, avec les caméras ; Pour faire un film documentaire qui a une énorme potentiel poétique parce que c’est quand même génial d’être en plein pèlerinage avec les Ngunza qui sont habillés en blanc et rouge, on a l’impression d’être au Moyen-Âge, en fait», a-t-il ajouté.
Tribunal de l’invisible (coutumier)
«Ce film documentaire a été réalisé à Brazzaville en République du Congo, qui part d’un monde invisible qui régit le monde visible. L’apôtre Médard se démène pour guérir les malades victimes de mauvais sorts. Mais sa vie bascule lorsqu’on l’accuse publiquement de pratiquer la magie noire», a poursuivi le réalisateur.
Par ailleurs, les réalisateurs Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav relatent dans ce film documentaire une histoire vraie vécue à Brazzaville où l’acteur principal a été traîné devant le tribunal de l’invisible soupçonné de sorcellerie.
«L’apôtre Médard est soupçonné de sorcellerie et donc traîné au tribunal, le tribunal de l’invisible, en 2021, Mais le tribunal étant coutumier, les juges sont des médiums ils connaissent ces pratiques. Tous voient la même chose que nous, mais autrement. D’où l’accent esthétiquement mis sur les forces auxquelles croit Médard», a renchéri Hadrien La Vapeur.
Ce documentaire suit le quotidien de l’apôtre Médard, guérisseur « Ngunza », accusé de sorcellerie, tout en laissant affleurer un contexte économique difficile, et notamment les conséquences sociales et environnementales de l’exploitation des ressources du sol congolais par des entreprises chinoises.
Assistant de Philippe Garrel pendant dix ans, Hadrien La Vapeur se tourne vers la réalisation de films expérimentaux. Parallèlement, il réalise des documentaires sonores pour Arte radio ainsi que des séries photographiques dans des lieux abandonnés.
En 2009, alors qu’il poursuit sa quête de bâtiments en friches au Brésil, il participe sans préparation à un rituel chamanique lié à l’Ayahuasca, plante visionnaire de la forêt amazonienne. Il enquête ensuite sur les relations que les humains entretiennent avec le monde invisible.
En 2013, il rencontre Corto Vaclav au Festival International de cinéma Avec Jean Rouch, et tous deux se rendent au Congo-Brazzaville, là où les hommes vivent au quotidien avec les esprits, afin d’y tourner des documentaires en immersion. Ils regroupent leurs différents travaux sous le label Expédition Invisible.
En 2019, ils présentent leur premier long métrage, « Kongo » au festival de Cannes 2019 dans la sélection ACID.
Le cinéaste Hadrien La Vapeur se tourne vers la réalisation de films expérimentaux en super 8. Parallèlement, son travail photographique l’entraine dans l’exploration de lieux abandonnés à la recherche des présences oubliées ACP/UKB