Les décennies 60-70 : l’âge de l’apogée de la musique congolaise de deux rives du Fleuve Congo (3)

Kinshasa, 11 août 2021 (ACP).- La musique congolaise en 1960, année de l’accession à l’Indépendance des deux Congo (République Démocratique du Congo 30 juin et Congo-Brazzaville 15 août), avait déjà atteint son apogée au point où elle faisait danser toute l’Afrique, voire une bonne partie de l’Europe (France-Belgique), a fait remarquer Clément Ossinonde.

Selon lui, cela était le fruit de l’éclosion des grands orchestres nés au cours des années 50 et qui se sont illustrés chacun dans son style pour atteindre avec beaucoup de travail des résultats élogieux.

Au nombre des orchestres qui étaient au-devant de l’actualité pendant ces décennies où la musique congolaise a abordé une étape décisive de son histoire, étape de la grande émulation, il cite : African Jazz, OK Jazz, Negro-Band, Novelty, Congo Jazz, Rock-A-Mambo, Les Bantous, Beguen Band, African Fiesta, Sinza et tant d’autres à Brazzaville et à Kinshasa qui ont montré de grandes dispositions musicales dans tous les genres.

Au cours de cette décennie, Clément Ossinonde signale le premier déplacement d’un orchestre congolais en Europe (Belgique), notamment l’African Jazz de Joseph Kabasele à la « Table Ronde » belgo-congolaise (20 janvier au 20 février 1960) destinée à définir les conditions et la date de l’Indépendance du Congo-Belge, symbolisé par l’œuvre mémorable : « Indépendance Cha Cha ».

L’African Jazz sera suivi en 1961 par l’OK Jazz et en 1962 par Les Bantous. Cependant, l’année 1964 est marquée par la naissance du mouvement des groupes vocaux à Brazzaville, fait-il remarquer.

La participation de l’orchestre Bantous (Brazzaville) et l’orchestre OK Jazz (Kinshasa) au 1er Festival mondial des arts nègres à Dakar en avril 1966 et celle  des orchestres Bantous (Brazzaville) et Bamboula (Kinshasa) au 1er Festival culturel panafricain d’Alger en 1969, sont les faits saillants de cette décennie sur le plan musical.

Floraison des orchestres, des chansons et des nouvelles danses« Style jeune »

Par ailleurs, à partir des années 70, l’on assiste à la naissance des orchestres, des chansons et des nouvelles danses « Style jeune ».

En effet, beaucoup d’adolescents longtemps tributaires de l’influence des grands orchestres vont chercher une voie pour imposer des nouveaux styles : apparition des paroliers sur des thèmes sciemment instaurés pour plaire aux jeunes, à cette époque de renaissance et de foisonnement de genres musicaux. Plusieurs orchestres vont marquer le début de cette décennie, note Clément Ossinonde.

Les membres de ces orchestres sont issus de diverses couches de la société congolaise et ils vont activement s’adonner à la pratique de cette musique bien élaborée, où les structures simples laissent une large place à l’improvisation.

On attribue à cette musique l’appellation « Style jeune ». Les premiers groupes qui ont le mérite d’être écoutés avec délections et qui trouvent un public très large ont orienté leur musique vers une expression locale qui allie la tendresse à la véhémence, tandis que la conception orchestrale de la section rythmique est soutenue par une guitare solo qu’accompagnent un trio : guitares-clavier-batterie (guitares solo, mi-solo, rythmique et basse).

L’absence des claviers est comblée par un « fou chanteur-maracassiste », alias « Atalaku ». Au point où le guitariste solo est largement sollicité et se doit d’être de grande classe et avoir des qualités de show.

Quant à la nature des œuvres, leurs sonorités et techniques harmoniques se situent plus proche de la rythmique « Post-rumba-rock » ou « Soukous-rock ».

Parmi les groupes qui ont marqué ce mouvement, Ossinonde cite  à Kinshasa : Bella-Bella, Zaïko Langa-Langa, Negro-Succès, Stukas, Viva la Musica, etc. et à Brazzaville : Ndimbola Lokole, Group’rouge, Sossa, Trois Frères « Rumbaya, etc.

Les faits saillants de la décennie 70 sont notamment la production de Pascal Tabu Ley  Rochereau sur la scène de l’Olympia, à Paris en décembre 1970 et la participation en 1977, des deux Congo au 2ème Festival des arts-négro africains de Lagos. ACP/ODM/KJI

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