Kinshasa, 22 juin 2025 (ACP).- Les difficultés auxquelles font face les femmes architectes en République démocratique du Congo, ont été démontrées dimanche à l’ACP par une professionnelle de ce secteur dans le but de mettre en exergue la résilience et la détermination des passionnées du métier de bâtiment.
« Déjà lors de notre parcours académique, les femmes sont soumises à une pression plus énorme. Au-delà d’effectuer des travaux elles doivent prouver que réellement ces travaux ont été réalisés par elles. Et en sortant de l’université, le métier lui-même étant longtemps considéré comme un métier d’homme à cause des exigences physiques, psychiques, et surtout la société pense que la femme n’est pas assez forte pour encaisser ce genre de stress », a déclaré La joie Mankulu, architecte congolaise.
« Juste après il y a l’aspect ménage, l’architecture étant un métier de commandement, beaucoup d’hommes ont peur d’avoir une femme qui a du pouvoir, elle est rapidement écrasée et limitée aux ménages. Et dans les bureaux d’études, la femme est encore obligée de sortir la tête car elle est prise pour un agent de marketing, quelqu’un qu’on veut utiliser pour attirer les marchés », a-t-elle poursuivi, ajoutant que sur les chantiers, le non-respect des ouvriers envers les architectes femmes est tout simplement choquant.
« Sans parler des clientes (femmes) qui elles-mêmes sont réticentes à l’idée de confier leurs projets à une architecte femme, la croyant pas assez intelligente pour relever des défis techniques », a-t-elle évoqué.
Elle a, par ailleurs expliqué les démarches menées par les femmes de son secteur pour se faire respecter.
« Personnellement je bosse plus dure et me rassure que ma réputation me précède, je me forme régulièrement pour me mettre à jour, je n’hésite pas à relever des défis et à prouver que je mérite mon diplôme », a-t-elle dit.
Lajoie Mankulu a estimé que les femmes architectes congolaises ne reçoivent pas encore le soutien de l’État dans leur secteur, avant d’inviter ce dernier à leur tendre la main, surtout quand il s’agit de projets exclusivement congolais.
« Le soutien de l’État, je dirais oui mais pas assez comme partout ailleurs. Étant minoritaire dans le métier, nous avons créé une association des femmes qui actuellement travaillent pour mettre en lumière les femmes architectes, car l’accompagnement de l’Etat est très peu chez nous présentement, et je souhaite que cela change pour les projets « made in Congo »», a-t-elle conclu.
Lajoie Mankulu est une femme passionnée de l’architecture, elle a dirigé plusieurs grands projets en RDC, et surtout à l’extérieur du pays où son talent est plus sollicité. ACP/C.L.