Kinshasa, 29 avril 2025 (ACP).- Des voix se sont élevées mardi à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, pour réclamer le retour des pratiques traditionnelles liées au mariage, autrefois respectées dans plusieurs communautés du Kasaï et d’ailleurs, a constaté mardi l’ACP lors d’une ronde sur la ville.
«Ces coutumes, aujourd’hui en voie de disparition, sont perçues par certains comme des repères essentiels à préserver, nous réclamons la protection des pratiques traditionnelles ou par exemple quand un homme voulait prendre une épouse, il offrait une chèvre à la famille de la jeune fille comme un symbole que la fille était vierge et bien éduquée», a déclaré M. Heribert Kalala, notable kasaïen vivant à Kinshasa.
« Appelée ‘’chèvre de derrière la maison’’, cette offrande ouvrait la voie aux négociations entre les deux familles. Trois jours après le mariage, un autre rite était observé. Si l’homme constatait que sa femme était vierge, il devait retourner chez ses beaux-parents avec un coq, une boîte de lait, et parfois une autre chèvre. C’était sa manière de dire merci pour l’éducation reçue par sa femme», a-t-il ajouté.
Ces traditions s’effacent peu à peu. Dans les rues de Kinshasa, les témoignages oscillent entre regret et résignation.
«Tout a changé, les jeunes n’attachent plus d’importance à ces choses», a indiqué, pour sa part, Mama Chantal Mbuyi, vendeuse rencontrée au quartier Funa dans la commune de Limete, ajoutant que ces coutumes donnaient un sens profond au mariage.
Pour certains, raviver ces pratiques serait aussi un moyen de lutter contre la perte des repères.
« Nos filles ne savent plus ce qu’est la retenue. Ramener ces coutumes, c’est aussi redonner de la valeur à ce que les parents enseignaient», a plaidé Mme Pétronie Meta, du quartier Bahumbu dans la commune de Matete.
Ces pratiques étaient porteuses de respect, de dialogue intergénérationnel et d’ancrage culturel. Leur résurgence, selon certains observateurs, pourrait contribuer à renforcer le tissu social et réaffirmer l’identité culturelle dans un contexte de modernisation rapide.
Face à la mondialisation, à la perte des repères culturels et à l’influence grandissante des modèles occidentaux, les communautés locales, les chefs coutumiers, des intellectuels et même des jeunes, s’élèvent en faveur du retour aux pratiques ancestrales longtemps marginalisées.
Ils plaident pour la valorisation des traditions, des rituels, des savoirs médicinaux locaux et des rites initiatiques qui ont façonné l’identité du peuple kasaïen depuis des générations.
Ce retour aux sources, loin d’être un simple attachement au passé, s’inscrit dans une dynamique de réappropriation culturelle et de redéfinition de soi, dans une société en pleine mutation. ACP/ODM