Multiplicité de taxes sur les œuvres d’art : un obstacle pour les artistes (association)

Kinshasa, 23 juillet 2024 ( ACP ).- La multiplicité des taxes sur les œuvres d’art dans les deux principaux marchés de vente de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, constitue un obstacle pour l’épanouissement des artistes, a-t-on appris mardi de source associative.

« Nous les vendeurs des œuvres d’art de la Place commerciale de la commune de Limete (centre de Kinshasa) et de la Place royale dans la commune de Gombe (nord de la capitale), déplorons la multiplicité des taxes et leur augmentation intempestive (…). Cela   constitue un obstacle pour l’épanouissement des artistes« , a déclaré Christophe Mukaz Atshibab, président de l’Association des artistes du marché des arts de la Place royale, appelé  » Wenze ya bikeko  » (marché des œuvres d’art).

Et d’ajouter : « cette multiplicité des taxes émanant de différents services de l’État, comme à l’aéroport, donne l’impression à nos clients expatriés que les œuvres d’art congolais, coûtent énormément cher« .

Selon Christophe Mukaz, le plus grand nombre de visiteurs et acheteurs des œuvres est constitué des Européens qui en connaissent la valeur.

« Généralement, c’est l’homme blanc qui connaît la culture et la valeur d’une œuvre d’art.  Nous, africains,  c’est difficile. La preuve est que nous ne voyons pas un quelconque engouement de la population kinoise pour l’achat des œuvres d’art « , a-t-il dit.  

La religion, une menace pour le marché des œuvres d’art

D’après lui, l’autre raison qui pousse l’homme noir, africain en général, et plus particulièrement le Congolais à se désintéresser des œuvres d’art, c’est la religion. « La religion a influencé l’africain au désintéressement des œuvres d’art du fait que l’homme blanc lui ait dit que les œuvres d’art sont des produits nés de la sorcellerie et qu’il ne faudrait pas y toucher », a-t-il dit, avant d’affirmer que  cette pensée  est ancrée dans l’esprit du Congolais en particulier et de l’africain en général.

« Moi je suis d’avis que le premier artiste, c’est Dieu. Il a créé beaucoup de choses. Il a créé l’homme à son image. Il a créé la nature. Il a créé tout ce que nous utilisons pour faire les œuvres d’art « , a pour sa part soutenu Kanku Lucien, artiste vendeur  au marché des arts de la Place royale, avant d’ajouter : « un pays sans culture, c’est un pays sans histoire. Donc il ne faut pas jouer avec l’histoire parce que c’est l’identité de tout un pays ».

Le marché des arts (Bikeko) à la Place royale renferme et expose la diversité culturelle de toutes les provinces de la RDC. On y rencontre plusieurs  filières artistiques telles que la peinture avec des  tableaux faits en peinture et ceux conçus en métal notamment le  cuivre. Du côté filière du bois, il y a des œuvres faites en wenge, en bois noir qu’on appelle ébène, le bois vala,… Toutes ces sortes  servent à sculpter des statuettes.

« Un grand marché incomparable en Afrique centrale. Si vous allez dans les autres pays africains,  vous ne pouvez pas trouver un  grand marché comme celui-ci. Ça, c’est un grand marché où il y a beaucoup de filières et il y a tout  » a affirmé Christophe Mukaz, tout reconnaissant paradoxalement une faible fréquentation de ce lieu de négoce d’œuvres d’art.

Il a ajouté : «les achats sont  devenus très faibles actuellement par rapport aux années antérieures. Aujourd’hui, je ne sais pas si c’est dû à l’économie mondiale.  D’autres causes sont à attribuer, notamment la tracasserie à l’aéroport et toutes les autres voies de sortie de notre pays. Quelqu’un qui vient d’ acheter une œuvre d’art, par exemple,  à 10 USD, il est obligé de payer 100 USD de taxe» « , a déploré le président Christophe Mukaz.

Historique du marché des arts  (wenze ya bikeko)

Le marché des arts de Kinshasa a été créé en 1958 et a connu beaucoup de changements d’adresse. Au départ, il était implanté à la Place du Tourisme (Place royale). Ensuite, la place et les vendeurs ont  été délocalisés pour être installés à la Gare centrale. De là, ils ont été placés à aux alentours de l’immeuble  » Botour « , toujours dans la commune de Gombe, avant de revenir à ce jour, à la Place royale. ACP/C.L.

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