Pour une intégration accrue des langues nationales dans les productions théâtrales en RDC (Un comédien)

Kinshasa,  28 mars 2025 (ACP). Un appel à l’intégration accrue des quatre langues nationales de la République démocratique du Congo dans les productions théâtrales, a été lancé jeudi par un comédien, lors d’un entretien à l’ACP, en marge de la Journée mondiale du théâtre, célébrée le 27 mars de chaque année.

« L’une des clés de la professionnalisation du secteur théâtral congolais réside dans l’intégration accrue des langues nationales dans les productions théâtrales. Pour toucher un large public, il est essentiel de beaucoup utiliser le lingala, le swahili, le ciluba et le kikongo. Cela renforcerait l’ancrage du théâtre dans notre culture tout en permettant son rayonnement », a déclaré Joel Vuningoma.

Selon lui, outre cet aspect essentiel, la professionnalisation du théâtre en RDC est confrontée à plusieurs défis, notamment en ce qui concerne la structuration du secteur et l’accès aux espaces culturels.

« Pour parler de professionnalisation, il faut d’abord analyser comment le théâtre est pratiqué et dans quelles conditions culturelles. Aujourd’hui, nous avons deux formes principales : le théâtre populaire des ‘Maboke’, très apprécié par le public congolais, et le théâtre institutionnel, porté par des professionnels formés », a expliqué Joel Vuningoma.

Il a ajouté que le théâtre populaire « Maboke », largement diffusé dans les médias nationaux, reste essentiellement ancré dans la culture locale mais peine à s’exporter. Tandis que, le théâtre institutionnel, bien que plus structuré, souffre du manque d’infrastructures accessibles aux artistes.

Joel Vuningoma a également souligné l’importance du soutien de l’État congolais au théâtre local : « L’État congolais doit soutenir le théâtre avant que d’autres ne le fassent à notre place. Si nous voulons que notre théâtre vive et prospère, nous devons en être les premiers promoteurs».

D’après lui,  ce déficit d’espaces culturels,  entraîne une faible programmation culturelle et décourage certains créateurs de se consacrer au théâtre.

« Le théâtre, chez nous, se joue la plupart du temps dans des institutions liées aux ambassades, notamment les instituts français, les centres Wallonie-Bruxelles et les alliances françaises. Rares sont les compatriotes qui ont décidé d’ouvrir leurs propres centres culturels avec les moyens à leur disposition, pour dynamiser l’industrie. Ainsi, le théâtre professionnel meurt lentement au fil du temps», a-t-il regretté.

Et de conclure: « Cela entraîne l’absence ou le déficit de talents émergents, tous guidés vers la visibilité et la survie artistique, se tournant soit vers le cinéma, soit vers les télé-dramatiques. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, mais que dire alors de notre cher et beau théâtre ! ».

En cette Journée mondiale du théâtre célébrée le 27 mars de chaque année, le Conseil régional africain de l’Institut International du Théâtre a appelé, à travers une correspondance rendue publique, les praticiens africains à s’unir pour promouvoir le théâtre, malgré les défis financiers et structurels, tout en exhortant « les gouvernements africains à soutenir davantage cet art vital pour l’éducation et la cohésion sociale », a-t-on lu. ACP/C.L. 

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