Kinshasa, 24 avril 2025 (ACP).- Des hommages ont été rendus mercredi à l’écrivain de la République démocratique du Congo, Yves-Valentin Mudimbe, décédé lundi 21 avril en Californie du Nord, aux Etats-Unis d’ Amérique, pour sa contribution significative dans la littérature du pays, selon des témoignages récoltés sur des pages sociales consultées mercredi par l’ACP.
« Je suis peiné par la disparition du puriste Yves-Valentin Mudimbe. Il vient donc de rejoindre son ami Kadima Nzuji au panthéon des littérateurs du siècle dernier. Aucune raison de craindre un pugilat épistolaire avec le concrétiste Zamenga Batukezanga qui aussi, à sa manière, savait diluer son encre. (…) L’encre de sa plume pour nourrir l’intelligence, même celle du plus petit citoyen. Tout le contraire donc de Mudimbe qui plaçait très haut la barre non sans brouiller la comprenette des lecteurs. Il était de l’école du journaliste Mavungu Malanda Mamongo dont l’éditorial soumettait les friands de l’OZRT au supplice de la dragée haute« , a-t-on lu sur le compte X de Félix Kalala Mwanza, opérateur culturel. « L’encre de sa plume pour nourrir l’intelligence, même celle du plus petit citoyen. Tout le contraire donc de Mudimbe qui plaçait très haut la barre non sans brouiller la comprenette des lecteurs. Il était de l’école du journaliste Mavungu Malanda Mamongo dont l’éditorial soumettait les friands de l’OZRT au supplice de la dragée haute. Plusieurs journalistes d’ailleurs, et pendant la vive splendeur, de l’Institut Supérieur des Techniques de l’information (ISTI) ont frotté aussi leur culotte sur le banc de Yves Mudimbe’ qui a fait aussi la pluie et le beau temps de la faculté des lettres à l’Institut Pédagogique National », a-t-il ajouté.
« C’est donc une intelligence étincelante qui vient de voler dans les hauteurs sublimes de l’univers. Une étoile vient de s’éteindre pour éclairer vivement le monde des esprits… Celui des philosophes immortels et de nos mânes. Les oiseaux aussi viennent de suspendre leur mélodie pour honorer… s’incliner devant la mémoire d’une éminence grise. Bernard Dadie’ lui aura sans doute, réservé une place de choix à la table conviviale de Senghor et d’Aimé Césaire. La négritude, quant à elle, ne s’en trouvera pas déplumée ni dégarnie au regard de l’héritage glorieux incarné par les congénères de Yoka Mudaba, Didier Mumengi, Henry Mova, Stéphane Kitutu Ol’eontwa », a témoigné M. Kalala.
L’écrivain Bonheur Mutumba dit N’Anza Tata a, de son côté, regretté la disparition de celui qu’il a qualifié de “patriarche de la littérature congolaise ”, en ces termes : « Valentin-Yves Mudimbe, à travers ses poèmes, n’écrit pas seulement la réalité du Zaïre (actuelle RDC), mais celle de l’homme dépossédé, l’homme qui tente de se retrouver dans un espace mouvant et incertain. Ses poèmes sont des territoires de l’entre-deux, des frontières frangées de questions sans fin, où la parole cherche à se réapproprier les fragments d’une identité éclatée. Ce n’est pas un simple acte poétique : c’est un acte de déconstruction, un travail de démolition des récits imposés, un retour à l’essentiel. Mudimbe, avec la précision d’un chirurgien, disloque les certitudes et construit, sous nos yeux, une poésie fragile mais puissante, où chaque vers est une tentative de bâtir sur les ruines du passé. ». Concluant cette série d’hommages, l’artiste Justin Kasereka a résumé les différentes œuvres écrites par Mudimbe, de manière subtile et harmonieuse. « Penser l’Afrique, c’était pour lui déconstruire ses évidences, interroger ses représentations, et révéler ses silences. Philosophe, écrivain, critique, il a tracé des chemins où la mémoire dialogue avec l’avenir, où le savoir se libère des cadres imposés. Son œuvre demeure une invitation à repenser l’histoire, à réinventer le regard.
Dans L’invention de l’Afrique (1988), il a mis en lumière la manière dont les savoirs africains ont été façonnés par des cadres occidentaux, questionnant la « bibliothèque coloniale » et ses implications sur la pensée contemporaine. Son roman le bel immonde (1976) explore les tensions identitaires et les fractures du colonialisme, tandis que L’odeur du père (1982), interroge les héritages culturels et les dynamiques de transmission ». Né le 8 décembre 1941 à Jadotville (Likasi) dans l’actuel Haut-Katanga en République démocratique du Congo, Yves-Valentin Mudimbe est considéré comme l’un des penseurs africains les plus influents de sa génération.
Durant le cours de son existence, il a reçu plusieurs distinctions honorifiques, dont le titre de Doctor honoris causa de l’Université Paris 7 Diderot en 1997, de la KatholiekeUniversiteit Leuven en 2006 et de l’Université de Lubumbashi (2019) pour ne citer que celles-là. ACP/