Kinshasa, 3 avril 2025 (ACP), -Une demande de mise à disposition des sites d’exposition et de vente des livres, a été lancée jeudi, à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, aux autorités administratives par le président de l’association des bouquinistes, au cours d’un entretien.
«Le Congo, en général, n’a pas assez de sites pour les bouquinistes. Ici même dans la capitale, nous avons peu de sites. Si l’État pourrait songer à mettre à notre disposition des espaces pour bien œuvrer, ce serait bien pour notre travail», a déclaré Bertin Kabamba, le président de l’Association des bouquinistes du Congo (ABC).
Faisant l’état des lieux des sites disponibilisés pour cette activité, il a dénombré à peine quelques-uns.
«Pour notre activité, nous n’avons que quatre sites dans la capitale à savoir, un sur le pont Kasa-Vubu, un à Bandalungwa, sur l’avenue Port et un autre à côté de la place des artistes à Royal dans la commune de la Gombe », a-t-il indiqué.
Il a, en outre, déploré l’inattention de l’État à leur activité qui, d’après lui, permet à des milliers d’intellectuels de se procurer des ouvrages.
« L’État ne tient pas compte de nous, les gens ont du mal à nous retrouver facilement. Beaucoup d’intellectuels qui s’intéressent à nous ont du mal à nous atteindre », a-t-il renchéri.
«Nous recevons encore à peine des ministres qui nous côtoient, des députés, des professeurs, des hommes de sciences et de culture qui reconnaissent notre apport pour les ouvrages mis à leur disposition», a-t-il ajouté.
Aussi, a-t-il évoqué les difficultés rencontrées dans leur métier notamment les tracasseries policières.
«Parfois bafoués et foulés au pied par certaines personnes qui ne connaissent pas la valeur du livre, nous sommes négligés. Il y a aussi la tracasserie policière. A cela, il faut ajouter aussi les intempéries, notamment la pluie, qui nous empêchent de bien conserver les livres », a fait savoir Bertin Kabamba.
«Il y a quelques années, notre activité était très florissante. Nombreux lecteurs particulièrement des expatriés alimentaient nos marchés et achetaient également », a-t-il relevé.
Parlant de cette activité, il a précisé : «un bouquiniste est celui qui étale et vend des livres dans un espace ouvert».
«Tout comme en Europe le bouquiniste expose et vend sur le trottoir. L’Etat qui est propriétaire du sol a le plein pouvoir de créer des espaces uniquement réservés aux bouquinistes », a-t-il lancé.
S’agissant de la provenance des ouvrages étalés dans leur marché de fortune, il a indiqué que nombre de leurs ouvrages proviennent des bibliothèques des intellectuels d’ici au pays et d’ailleurs.
«Nous, bouquinistes, sommes des sources récupérateurs. Quelqu’un peut avoir sa bibliothèque et préférer vendre ses livres au lieu de les brûler. Nous récupérons particulièrement des pièces rares et les exposons à la vente », a relevé Roger Nzazi, un autre bouquiniste.
«Nous avons choisi ce métier malgré les difficultés liées au manque de sites appropriés et le faible taux d’achat dans un grand pays francophone, comme le nôtre, pourtant on devrait pérenniser la culture de la lecture des livres en cette ère dominée par le numérique », a-t-il déploré.
Il sied de noter que l’Association des bouquinistes du Congo (ABC) a été créée depuis 1967 sur initiative du doyen Sylvain Makasa qui eût l’idée de rassembler les vendeurs de livres à ciel ouvert. ACP/JF