RDC : les cuivres sont en voie de disparition dans la Rumba

Kinshasa, 2 juin 2025 (ACP).– La disparition des cuivres, autrefois essentiels à la richesse sonore de la rumba congolaise et des grands ensembles musicaux de la République démocratique du Congo, de la scène musicale congolaise,  a  été évoqué lundi lors d’un entretien avec un chercheur en histoire contemporaine.

« L’usage de cuivres dans notre musique, jadis âme des orchestres congolais, a beaucoup régressé au point que ces instruments à vent ne se font plus voir dans des concerts comme dans des studios où la technologie numérique dominie la charpente », a déclaré Franklin Mokho, chercheur en histoire contemporaine.

Selon lui,  «l’usage   des instruments à vent remonte aux missions protestantes installées dans le Bas-Congo vers 1884, notamment à Wathen (Ngombe Lutete), où les chorales africaines ont été les premières à intégrer des fanfares avec des instruments comme les trompettes, clarinettes, flûtes, tubas, lyres ou caisses claires. Malheureusement aujourd’hui ces instruments ont tendance à disparaitre».

Essous Serge

Franklin Mokho, a expliqué, s’appuyant sur les archives de la Svenska Förbundet Missions et de la Baptist Missionary Society datant de 1881 à 1884, que les instruments européens sont apparus dans les régions du futur Congo belge avant même la proclamation de l’État indépendant du Congo, grâce aux missions évangéliques qui utilisaient la musique pour l’édification morale et spirituelle. Cette présence a posé les bases de ce qui deviendra, des décennies plus tard, un pilier du son congolais moderne.

« Entre 1884 et 1960, cette tradition musicale s’est enracinée au Kongo Central et a vu naître de grands souffleurs, dont certains sont devenus des légendes nationales comme Verckys Kiamuangana, Sax Matalanza, Maproco, Kidumu, ou encore Bena », a précisé l’historien.

Dans les années 1960 à 1980, a-t-il poursuivi, l’âge d’or des orchestres congolais comme OK Jazz, Vévé, Empire Bakuba, Bella Bella ou Zaïko Langa Langa, les cuivres faisaient partie intégrante des arrangements musicaux, apportant puissance, lyrisme et solennité aux compositions.

Kiamuangana Verckys

« Mais aujourd’hui, le constat est amer. Les jeunes musiciens congolais ne veulent pas utiliser   les instruments à vent. L’usage des synthétiseurs, des samples numériques et l’influence de genres extérieurs comme l’afrobeats ont contribué à marginaliser les cuivres et souffleurs », a déploré Franklin Mokho.

M. Franklin Mokho considère cette  disparition progressive des cuivres comme une perte d’une dimension musicale authentique.

« Si nous n’investissons pas dans la formation des jeunes aux instruments à vent, nous risquons de rompre la chaîne historique et sonore qui a fait de la rumba congolaise un patrimoine immatériel de l’humanité », a conclu M. Mokho.

ACP/JF

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