Kinshasa, 13 mai 2025 (ACP).- Un appel à la réhabilitation de la mémoire du batteur de tam-tam, immortalisé par une sculpture à la Foire internationale du Congo-Kinshasa (Fickin), a été lancé par quelques artistes de la République démocratique du Congo, a appris l’ACP mardi dans un entretien.
«Nous voulons que la mémoire du batteur de tam-tam de la Fickin soit réhabilitée. C’est triste de voir une œuvre aussi photographiée, devenue carte postale de Kinshasa, être déconnectée de son histoire. Ce monument vit dans les téléphones du monde entier, mais les hommes derrière restent invisibles», a déploré Franklin Mokho, chroniqueur culturel.
Selon lui, cette sculpture érigée en 1969, rend hommage à Albert Nkumbu Nkikumba, un légendaire percussionniste des années 1950, originaire de Ndibu, dans le territoire de Songololo, au Kongo Central.
Franklin Mokho, a indiqué que les performances de Albert Nkumbu Nkikumba lors de fêtes et rituels, ont marqué son époque et inspiré le professeur Lufua Mawidi, l’un des premiers enseignants noirs de l’Académie des beaux-arts de Kinshasa.
«Reconnu pour la puissance de ses frappes et la finesse de ses gestes, Albert Nkikumba impressionnait au point d’inspirer Lufua Mawidi, qui choisit de le représenter dans cette œuvre monumentale», a-t-il expliqué.
À travers son témoignage, Franklin Mokho a lancé un plaidoyer pour la réhabilitation des figures derrière cette sculpture.
Un hommage sans reconnaissance officielle
Franklin Mokho a regretté en disant que «ni l’artiste ni son modèle n’aient jamais été officiellement honorés. Ils sont morts dans l’oubli, pendant que leurs images nourrissaient la vitrine du pays. Pas une médaille, pas une rue à leur nom».

Devenue un repère culturel populaire, le monument de la Fickin inspiré du batteur de tam-tam Albert Nkumbu Nkikumba, est admirée chaque jour par des Congolais et des étrangers, souvent sans que ces derniers n’en comprennent le sens.
«C’est un patrimoine amputé de sa mémoire. Pour les Congolais, elle incarne une tradition oubliée ; pour les étrangers, elle est un totem beau mais muet», a-t-il noté.
Franklin Mokho est aussi écrivain et chercheur indépendant en histoire contemporaine. Très actif sur les réseaux sociaux, il partage régulièrement ses recherches sur le patrimoine culturel congolais, mettant en lumière des figures historiques méconnues comme Albert Nkikumba. ACP/ODM