Révolution numérique: le livre imprimé garde encore son utilité en RDC

Kinshasa, 21 avril 2023 (ACP).- Le livre imprimé tel qu’utilisé en République démocratique du Congo doit encore faire du chemin, en dépit  de la révolution numérique, a affirmé une écrivaine congolaise, au cours d’un entretien vendredi avec l’ACP.

« Je suis de ceux qui pensent que l’avènement du numérique ne va pas tuer le livre, imprimé, en version papier. Le livre numérique constitue certes une avancée majeure, mais elle ne va pas tuer le livre en papier parce que l’accès au livre numérique pose de nombreuses difficultés matérielles, notamment les besoins d’électricité et de l’Internet comparativement au livre imprimé, encore disponible dans les bibliothèques », a déclaré l’écrivaine Marthe Boswandole, s’exprimant en prélude de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, célébrée le 23 avril de chaque année.

Et de poursuivre, « chez nous en RDC, nous devons nous rendre compte que même lorsque qu’on parle du numérique, nous ne sommes pas encore  dans  » le tout numérique  » comme en Occident. Ici, nous sommes en République Démocratique du Congo, à cause des difficultés d’accès à l’internet et électricité, ceux qui y accèdent ne sont même pas majoritaire ».

« La facture numérique nous le ressentons. Donc au regard des conditions socio-économiques du pays, je peux dire que le livre a encore des beaux jours parmi nous », a-t-elle dit, avant d’ajouter « le  livre en version papier offre divers avantages, notamment le confort oculaire et la possibilité de création d’une sorte de lien avec le lecteur. Le livre papier offre beaucoup d’avantages. Le livre imprimé offre un confort oculaire, une facilité de lecture, en même temps il ressemble à tout un  objet d’art, la compréhension du texte dans un livre imprimé est plus facile pour les jeunes enfants. Le livre comme objet d’art qui accompagne et crée le lien qui ne peut se créer avec le livre numérique ».

Elle a soutenu que « le livre imprimé, nous renvoie à notre héritage culturel tandis que le livre numérique, nous projette dans l’avenir, dans le monde de demain. J’achète plus facilement le livre papier comparativement au numérique. Toute la beauté. Le livre papier est là aussi qui fait encore partie du quotidien du commun des Congolais ».

Encore utile pour les populations de l’intérieur du pays

En outre, l’écrivaine Boswandole a fait savoir que ce type de support garde encore son utilité pour les populations de l’intérieur du pays où  le concept livre numérique est encore méconnu du commun des Congolais.

« De plus, dans le contexte de la RDC,  la distribution du livre imprimé pose encore un problème, a fortiori le livre numérique. Il se présente donc un besoin d’éducation au numérique, un besoin d’accompagnement des couches sociales ainsi que l’amélioration des conditions d’accès comme préalables à résoudre pour que le pays vive son entrée au tout numérique », a-t-elle insisté.

Stopper le désordre dans l’accès aux droits d’auteur

En outre, au sujet de la question des droits d’auteur liée également à la célébration de cette journée, l’écrivaine Marthe Boswandole a recommandé au ministère de la Culture et arts de poursuivre en compagnie des autres auteurs de ce secteur, des réformes entreprises par le passé pour remettre de l’ordre dans ce secteur où, quelques personnes semblent entretenir le désordre.

« Sans entrer dans une quelconque polémique, il faut que l’État,  et touts ceux qui travaillent dans le secteur de la production des œuvres d’esprit, y compris les éditeurs, d’opérer un travail de fond, pour que notamment un compromis sur  le problème de percevoir une rémunération en contre partie de l’exploitation de ses œuvres soit trouvée », a-t-elle souligné.

Et d’ajouter, « les autorités doivent aujourd’hui doivent poursuivre les réformes initiées par le passé par le ministère de tutelle sur les questions de droits d’auteur à travers le dossier de la SOCODA. Les autorités de tutelle ont commencé une démarche et les poursuivre dans ce sens afin d’arriver à des réformes qui vont permettre aux auteurs de bénéficier de leurs œuvres. Ce n’est pas normal quelques personnes s’approprient une société des droits auteurs. Il  faut poursuivre les réformes en vue de mettre de l’ordre ».

Diplômée agrégée en Sciences de Communications sociales de l’Université catholique  du Congo (UCC), Marthe Bosuandole Bulamatari est actuellement journaliste à l’Agence France-Presse. Elle est auteure des romans : Wichawa, Amour à tout prix ! (2015) ; Prédateurs  masqués (2019) ; Belle et cruelle (2022).

Cette femme engagée dans la promotion de la littérature congolaise, est initiatrice du  site d’actualités culturelles et littéraires dénommé www.mbbactu.net, un espace pour faire connaître la littérature congolaise, ses acteurs et leurs œuvres.

Initiatrice de l’Association pour la protection de l’environnement et le développement durable (APEDD), la journaliste et auteure est aussi engagée dans la lutte contre les effets néfastes de changements climatiques.  En 2022, Marthe Bosuandole a lancé la première édition du Prix de Littérature  Écologique (LitEco) pour les ressortissants des pays du Bassin du Congo. Elle fait  ses premiers pas dans le secteur des éditions avec la création de l’unité culturelle  Marthe Bosuandole est membre des Associations : « Écrivains du Congo-Asbl » et « Femmes de Lettres du Congo ». ACP/Kayu

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