Rome, 21 mars 2025 (ACP).- L’art de raconter l’Afrique et l’immigration sans stéréotypes, ni propagande, a été au cœur d’une formation à l’intention des journalistes mercredi à Rome, capitale de la République d’Italie. « Cette formation est destinée aux journalistes pour leur donner le message et les Instruments nécessaires pour raconter le continent africain et la fonction d’immigration au-delà des stéréotypes et de la propagande. Cela est sujet de sanctions par la deontologie journalistique italienne« , a déclaré Antonella Napoli, éditrice italienne du magazine « Focus on Africa ». « Nos journalistes ont été formés sur la manière de parler de l’immigration, particulièrement de la carte de Rome qui définit l’utilisation du terme immigration », a dit Lucia Vista, également éditrice italienne. Selon la déontologie italienne, a-t-elle expliqué, les termes immigration clandestine et illégale, une catégorie qui n’existe pas, sont sanctionnés par l’ordre des journalistes. « A la place, il faut utiliser le terme immigration économique« ajoutant : « les collègues qui utiliseront ces termes seront punis par l’ordre« . Elle a, à cet effet, recommandé aux journalistes la vérité des faits, l’application de la déontologie et le respect de la profession journalistique.
La perception des migrants par les Italiens
Par ailleurs, Giovane Gugg, anthropologue, a, en trois points essentiels, révélé la perception que les Italiens ont des étrangers. Il s’agit de la géographie et de la promiscuité, de la religion, de l’histoire, de la culture, ainsi que du problème de l’héritage colonial. « Ma réflexion est partie de la différence de perception des italiens entre les Ukrainiens qui ont fuit la guerre et les migrants et réfugiés qui viennent de l’Afrique, particulièrement noire », a indiqué M. Gugg. Il a illustré sa pensée en ces termes: « le constat est que les Ukrainiens ont été accueillis à bras ouverts par les Italiens avec la liberté de vivre parce qu’ils ont été reconnus comme des frères, parce qu’ils sont européens et ils ont la même religion, etc. Par contre, il y a plus de difficultés avec les Africains noirs, qui à cause de la différence de la peau, sont parfois perçus comme l’autre par les Italiens, même au niveau religieux ». « La perception générale des Italiens est que l’africain, c’est l’autre. C’est une personne différente. C’est cela à la base. Évoquant l’héritage colonial, il a révélé que la colonisation européenne et particulièrement italienne a produit une mentalité qui est encore coloniale, pas violente comme par le passé, mais il y a encore des préjugés. « L’Afrique est encore pour la plupart des Italiens un lieu exotique, plein de sauvages qu’il faut développer, des primitifs. Ceci est un problème de dignité pour l’Afrique et pour notre culture aussi. Il faut le changer et l’améliorer en réfléchissant sur le changement des mots qu’on utilise, qui sont encore d’origine coloniale; il faut être conscient du pouvoir des mots », a déclaré l’anthropologue Giovanni Gugg. Alice Basiglini, coordonnatrice de l’organisation Baobab, a, à cet effet, partagé son expérience sur l’immigration en Italie en évoquant l’importance de la communication sur l’immigration. Au cours de cette activité, qui a bénéficié du soutien de la Fédération nationale de la presse italienne (FNSI- Federazione nazionale della stampa italiana), il a été projeté un film documentaire sur la situation de guerre en République démocratique du Congo produit par la journaliste italienne Antonella Napoli.ACP/