Trois questions à François Sony, écrivain et opérateur culturel congolais 


Kinshasa, 25 février 2024(ACP).-Le livre vient d’être à l’honneur à Kinshasa à travers toute une semaine lui dédiée par les passionnés de la littérature et de la culture. Plusieurs activités ont marqué le temps fort de cette activité littéraire entre  autres, un concert littéraire et une promenade de « lecture porte-à-porte » pour stimuler la population à la lecture. Une idée qui rencontre les aspirations de François Sony, écrivain et opérateur culturel de la République démocratique du Congo qui s’est confié à l’Agence congolaise de presse.


Question 1 : Vous avez dernièrement organisé un café littéraire dans la commune de Mont-Ngafula où vous habitez pour initier les jeunes de votre quartier à la lecture. Quelle évolution peut-on retenir en termes de bilan plus d’un mois après cette activité?


L’écrivain François Sony: « La lecture est une activité psycho sensorielle complexe qui, faut-il le souligner, constitue une invention culturelle majeure pour l’Humanité. De ce fait, il  serait mal aisé à ce stade de tirer un quelconque bilan. Néanmoins, je puis affirmer  que cette activité qui s’est inscrite en droite ligne de notre mission, mieux de notre vision en matière de lecture pour  la jeunesse, a marqué les esprits.


Mon aspiration est que la Bibliothèque François Sony ne désemplisse pas mais déjà l’intérêt est perceptible au vu du nombre de renseignements reçus au quotidien. ‘‘Rome ne s’est pas faite en un jour’’, dit un célébrissime adage ».  
 
Question 2 : Les organisateurs de la fête du livre à Kinshasa ont placé la 10ème  édition de cet événement culturel sous le signe de la « lecture porte-à-porte ». Pensez-vous que cette approche pourrait augmenter le taux des personnes qui s’intéressent à la lecture ?


Réponse: Il n’y a que « la fin qui justifie les moyens », relève, non sans pertinence, un autre adage. L’idée de la lecture « Porte-à-porte » mis en exergue au cours de la 10ème édition de la Fête du Livre, rejoint peu la nôtre qui est bâtie autour du concept de proximité.


Cela suppose l’émergence des centres d’attraction au cœur bouillant de nos cités populaires, là où le potentiel à exploiter est incommensurable, illimité. Si la parole reste une chose difficile à maitriser, la lecture offre à celui qui le désire le piédestal d’où il percevra, une fois hissé dessus, des lointains horizons et en définira les contours avec intrépidité, sans appréhension aucune.


A  notre manière, la Bibliothèque François Sony a participé à cet évènement en organisant un atelier d’écriture avec le Poète congolais Diaf Bikryan, Auteur du livre Apnée.

 
Question 3 : Pensez-vous qu’un événement comme la semaine du livre et les efforts fournis par les opérateurs culturels pour pousser la population à la lecture peuvent augmenter le nombre des lecteurs dans un pays comme la RDC dont les habitants sont beaucoup plus préoccupés par les questions d’ordre social comme la santé, la nourriture, le logement, l’eau potable, l’électricité, le travail …?

« La lecture fait partie, à mon humble avis, des défis d’ordre existentiel qui se posent à notre société. Lire participerait à l’épanouissement de tout homme et de tout l’homme et constituerait même la condition sine qua non devant permettre à notre jeunesse de répondre aux contradictions d’un pays doté en potentialités diverses, comme nulle autre société ailleurs, mais qui peine à se mettre sur orbite!

 
Pour y arriver, il faut accéder au savoir, au savoir-savoir, au savoir-faire voire au savoir-être. La lecture est-elle une panacée ? Loin s’en faut ! Mais considérée selon une approche holistique, elle serait la voie royale pour repousser les limites de l’ignorance, de notre ignorance qui nous plombe tant depuis des lustres ».

ACP/KHM

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