Kinshasa, 02 mai 2025 (ACP).- La création d’une chaîne humanitaire de solidarité poétique, visant à soutenir les poètes et slameurs en République démocratique du Congo, notamment à Goma (Nord-Kivu) et Bukavu (Sud-Kivu), villes touchées par l’agression rwandaise, a été annoncée vendredi lors d’un entretien avec l’ACP.
«La chaîne de solidarité poétique est vraiment née simplement d’un constat d’urgence. J’ai beaucoup travaillé à Goma et Bukavu, où j’ai rencontré de nombreux artistes. Quand il y a eu l’invasion, nous avons tous été sous le choc. J’étais en contact avec eux et j’ai réalisé à quel point leur situation était compliquée (…)», a expliqué Gioia Kayaga, alias Joy Slam, initiatrice de ladite mobilisation solidaire.
La slameuse a expliqué qu’elle avait commencé par solliciter des poètes originaires du Kivu (Goma et Bukavu) afin qu’ils lui envoient leurs poèmes.
«Je réunis ensuite ces poèmes dans un dossier partagé en ligne (Drive), auquel j’ai également ajouté des textes issus de recueils que j’avais publiés auparavant. Peu à peu, des poètes du monde entier, informés du projet de bouche-à-oreille, ont manifesté leur volonté d’y participer», a-t-elle ajoutée.
Elle a aussi indiqué qu’une cagnotte a été créée en ligne afin de faire bénéficier aux auteurs des textes partagés les bénéfices de chaque diffusion.
«Tous les artistes du monde intéressés choisissent un poème dans le Drive, se filment en train de le lire, et nous diffusons la vidéo ensemble. Chaque franc ou euro reçu sur cette cagnotte est immédiatement transféré à un poète», a-t-elle révélé, avant de souligner qu’au début, l’initiative reposait principalement sur des slameurs, bien que la chaîne se veut désormais étendue aux chanteurs, danseurs et artistes d’autres disciplines, vu le besoin ardent.
L’art comme vecteur de paix dans la région des Grands Lacs, d’après Joy Slam
Gioia Kayaga, slameuse, native de la province de Namur en Belgique, d’origines burundaise et italienne, s’est dite convaincue que les artistes et les médias sont les voix du peuple pour la paix dans toute la région des Grands Lacs.
« S’il n’y a plus d’artistes, il n’y a plus d’histoires, plus d’émotions. Nous avons besoin de poèmes, de slam, de livres, de danse, de théâtre pour rendre compte de ce qui se passe au Kivu. C’est la seule manière pour que ces récits circulent », a-t-elle estimé.
« Je crois profondément que l’art peut amener une dimension d’émotion, d’empathie, de reconnaissance du public envers ce qui est raconté. Quand toute cette violence sera terminée, j’aimerais publier un grand recueil avec tous les poèmes reçus durant cette période de crise », a conclu Joy Slam.
ACP/ODM