Kinshasa 11 mai 2025 (ACP).- Le président turc Recep Tayyip Erdogan a confirmé dimanche à ses homologues français Emmanuel Macron et russe Vladimir Poutine que son pays était prêt à accueillir des pourparlers entre la Russie et l’Ukraine à Istanbul en vue d’une paix durable, ont rapporté les medias internationaux.
« La Turquie est prête à accueillir des pourparlers où des négociations qui conduiraient à une solution permanente au conflit. Les pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine se poursuivront à Istanbul là où ils s’étaient arrêtés (en 2022, NDLR)», a déclaré Recep Tayyip Erdogan, président turc.
« Mon pays est prêt à apporter tous les soutiens possibles, y compris en accueillant les négociations, afin de parvenir à un cessez-le-feu et à une paix durable », a-t-il ajouté.
Notons que, le président russe Vladimir Poutine avait affirmé samedi que son pays était prêt à des négociations sans aucune condition préalable avec l’Ukraine le 15 mai à Istanbul, après l’ultimatum de 30 jours lancé par les dirigeants européens d’un cessez-le-feu « inconditionnel et complet.
« La Russie est prête à des négociations sans aucune condition préalable. Nous proposons de commencer dès jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul », a déclaré Vladimir Poutine.
« Ce dernier, en contact régulier avec son homologue russe, a plusieurs fois proposé d’accueillir des pourparlers de paix », a précisé le Kremlin.
Selon les mêmes sources, l’Ukraine et ses alliés européens, avec les États-Unis, ont adressé samedi un ultimatum à Moscou pour accepter un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de 30 jours à partir de lundi, faute de quoi la Russie s’exposerait à de nouvelles « sanctions massives ».
Sans évoquer directement cette proposition, le président russe a reproché aux Européens de traiter la Russie de manière grossière et à l’aide d’ultimatums et a estimé que l’instauration d’une trêve devrait s’inscrire dans des discussions « directes » avec Kiev.
Pour le président turc, la décision du Kremlin est un tournant historique » pour mettre fin à la guerre en Ukraine et il a estimé que cette opportunité devait être saisie.
La Turquie est le seul membre de l’Otan à continuer de parler aussi bien avec Kiev qu’avec Moscou.
Elle avait déjà accueilli, en mars 2022, un mois après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, le premier face-à-face entre les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères, à Istanbul.
Cette réunion, la seule à ce jour à ce niveau, était restée sans suite. Depuis, les deux pays ont tenu en février et en avril deux « réunions techniques » à Istanbul, entre leurs diplomates.
Ankara insiste néanmoins sur son attachement à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine.
Le président turc a également estimé qu’un « tournant historique » avait été atteint pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
« Cette opportunité doit être saisie et mon pays est prêt à apporter tous les soutiens possibles », a-t-il dit.
De son côté, le président ukrainien a salué un « signe positif » après que Vladimir Poutine a assuré, samedi, que « la Russie [était] prête à des négociations sans aucune condition préalable » dès le 15 mai.
« La proposition de Moscou est cependant un signe positif que les Russes commencent enfin à envisager de mettre fin à la guerre. Le monde entier attend cela depuis très longtemps. Et la toute première étape pour véritablement mettre fin à une guerre est un cessez-le-feu », a déclaré Volodymyr Zelensky.
« Il est inutile de poursuivre la tuerie, ne serait-ce qu’une seule journée. Nous attendons de la Russie qu’elle confirme un cessez-le-feu, complet, durable et fiable, à partir de demain 12 mai, et l’Ukraine est prête à la rencontrer », a-t-il dit.
Des discussions sur « les causes profondes’’
Vladimir Poutine a averti que des discussions devraient porter sur « les causes profondes du conflit qu’il a qualifié de « guerre » bien que ce terme soit rejeté par les autorités russes dans une perspective historique ».
« Nous n’excluons pas qu’au cours de ces négociations, il soit possible de se mettre d’accord sur de nouveaux cessez-le-feu », a-t-il ajouté, accusant Kiev d’avoir violé à de multiples reprises de précédentes trêves ou moratoires sur les frappes sur les installations énergétiques.
Pour l’heure, le Kremlin s’est contenté de décréter unilatéralement une trêve de trois jours pour les commémorations des 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie, qui s’est achevée dans la nuit de samedi à dimanche.
Le cessez-le-feu inconditionnel n’est pas précédé par des négociations
Pour le président français les négociations « directes » avec Kiev proposées par Vladimir Poutine sont « un premier mouvement mais ce n’est pas suffisant ».
«Le cessez-le-feu inconditionnel n’est pas précédé par des négociations, par définition. cette contre-proposition montrait que Vladimir Poutine cherche une voie, mais il y a toujours chez lui la volonté de gagner du temps », a précisé Emmanuel Macron.
Selon lui, une vingtaine de pays membres d’une « coalition des volontaires » de soutiens à l’Ukraine, qui ont échangé par visioconférence à Kiev avec les dirigeants autour de Volodymyr Zelensky, ont « décidé de soutenir un cessez-le-feu » de 30 jours, « avec une surveillance assurée principalement par les États-Unis d’Amérique » et à laquelle « tous les Européens contribueront ».
« Si la Russie refuse ce cessez-le-feu ou l’accepte mais le viol, il a été convenu que « des sanctions massives seraient préparées et coordonnées entre Européens et Américains », a-t-il dit.
Donald Trump a assuré compter « continuer à travailler avec les deux parties » pour mettre fin au conflit en Ukraine, saluant « un potentiel grand jour » après la proposition par Vladimir Poutine de négociations « directes ».
« Potentiellement un grand jour pour la Russie et l’Ukraine. Pensez aux centaines de milliers de vies qui seront sauvées avec la fin, espérons-le, de ce ‘bain de sang’ sans fin » a déclaré le président américain.
« Je continuerai à travailler avec les deux parties pour m’assurer que cela se produise» a-t-il ajouté.
La Russie occupe 20% du territoire ukrainien
L’offensive massive lancée par la Russie en février 2022 a fait des dizaines de milliers de morts et la Russie occupe actuellement 20% du territoire ukrainien. Alors que les cartes ont été rebattues par le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a entamé un rapprochement avec Vladimir Poutine et assure vouloir mettre fin au conflit, Moscou a rejeté jusqu’à présent les appels au cessez-le-feu.
Le Kremlin s’est contenté de décréter unilatéralement une trêve de trois jours pour les commémorations des 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie, qui s’est achevée dans la nuit du 10 au 11 mai. L’Ukraine n’a pas fait état de frappes de missiles russes de longue portée sur ses villes pendant cette trêve, mais elle a accusé la Russie de centaines de violations sur la ligne de front. ACP/