Conflit Iran-Etats-Unis : « Mon pays a été attaqué, nous devons réagir en légitime défense» (ministre iranien des affaires étrangères)

Kinshasa, 22 juin 2025 (ACP).- Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi a affirmé dimanche que son pays a été attaqué, agressé, et ils vont réagir en vertu de la légitime défense, après les frappes américaines contre des sites-clés du programme nucléaire, ont rapporté les medias internationaux.

« Mon pays a été attaqué, agressé, et nous devons réagir en vertu de la légitime défense. Nous le ferons », a déclaré Abbas Araghtchi.

« Ce n’est pas l’Iran, mais les Etats-Unis qui ont trahi la diplomatie. Ils ont trahi les négociations », a-t-il insisté, affirmant que les Etats-Unis ont montré qu’« ils ne comprennent que le langage de la menace et de la force ».

Le chef de la diplomatie iranienne s’est aussi dit convaincu qu’à partir d’aujourd’hui de nouveaux efforts pourraient commencer à être déployés pour empêcher la poursuite du conflit par les Etats-Unis.

« L’Iran se défendra par tous les moyens nécessaires », a-t-il ajouté.

L’Iran appelle à une réunion d’urgence du CS de l’ONU

L’Iran a appelé le Conseil de sécurité des Nations Unies à tenir une réunion d’urgence après les attaques menées par les Etats-Unis contre des sites nucléaires iraniens.

« Pour maintenir la paix et la sécurité internationales, la République islamique d’Iran appelle à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, sans délai, afin de répondre à l’acte d’agression flagrant et illégal des Etats-Unis », a dit le représentant permanent de l’Iran auprès des Nations-Unies.

« De condamner dans les termes les plus forts possibles les Etats-Unis et de prendre toutes les mesures nécessaires dans le cadre des responsabilités assignées au Conseil de sécurité, en vertu de la Charte des Nations Unies », a-t-il précisé.

Il a également rappelé qu’aux premières heures du 22 juin 2025, les Etats-Unis, en pleine coordination avec l’entité sioniste, qui bombardait au même moment des civils iraniens et des infrastructures critiques, ont mené des frappes aériennes délibérées, planifiées contre trois installations et centres nucléaires sous les garanties de la République islamique d’Iran à Fordow, Natanz et Ispahan ».

Selon les mêmes sources, le gouvernement iranien a fermement condamné les attaques américaines contre des installations nucléaires, les qualifiant de « scandaleuses ».

« Les Etats-Unis ont mené, dans la nuit de samedi à dimanche, des attaques contre trois installations et centres nucléaires à Fordow, Natanz et Ispahan en Iran, des attaques qui auront des conséquences éternelles », a prévenu Téhéran.

« Le savoir-faire nucléaire ne sera pas détruit par les bombes », (chef de la diplomatie iranienne)

Le chef de la diplomatie iranienne a dit que Le savoir-faire nucléaire ne sera pas détruit par les bombes.

« Le savoir-faire nucléaire iranien ne sera pas détruit par les bombardements. Nous continuerons à le défendre. Nous empêcherons les ennemis d’atteindre leurs objectifs », a promis Abbas Araghtchi.

« L’industrie nucléaire a des racines dans notre pays, et cette industrie nationale ne disparaîtra pas », a, quant à lui, assuré Behrouz Kamalvand, porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergique atomique.

Le parlement Iranien approuve la fermeture du détroit d’Ormuz

Le général Esmaeil Kousari, membre de la commission de sécurité nationale du Parlement iranien, a annoncé que les députés étaient parvenus à la conclusion que le détroit d’Ormuz devait être fermé, mais la décision finale incombe, selon lui, au Conseil suprême de sécurité nationale.

« Les députés étaient parvenus à la conclusion que le détroit d’Ormuz devait être fermé, mais la décision finale incombe au Conseil suprême de sécurité nationale », a dit Esmaeil Kousari, membre de la commission de sécurité nationale du Parlement iranien.

Environ un cinquième de la production mondiale de pétrole et de gaz naturel liquéfié (GNL) transite par ce goulet d’étranglement stratégique séparant l’Iran du sultanat d’Oman. La République islamique avait déjà brandi la menace de fermer le détroit après des sanctions occidentales, mais ne l’a jamais mise à exécution. Elle se priverait ainsi de sa première ressource financière. Téhéran risquerait en outre de s’aliéner son allié chinois, qui lui achète la majeure partie de pétrole brut, et s’exposerait à de nouveaux bombardements américains.

Trump n’avait pas demandé l’autorisation du Congrès avant de lancer les frappes

Le secrétaire à la défense américain, Pete Hegseth, a confirmé que le président Donald Trump n’avait pas demandé l’autorisation du Congrès avant de lancer les frappes contre des sites nucléaires iranien.

« Les membres du Congrès n’avaient pas reçu d’avertissement préalable » a déclaré M. Hegseth.

« Ils ont été informés après que les avions ont été sortis en toute sécurité du territoire iranien, c’est à ce moment que nous nous sommes conformés aux exigences de notification du War Powers Act. Cette loi oblige le président à informer le Congrès dans les quarante-huit heures à propos de tout engagement de l’armée américaine dans des hostilités », a-t-il dit.  

Il précise que le War Powers Act impose également une autorisation du Congrès pour tout déploiement de troupes d’une durée supérieure à soixante jours.

Selon la Constitution américaine, c’est au Congrès que revient le pouvoir de déclarer la guerre.

D’après la note de l’Office of legal counsel (« bureau de conseil juridique ») du ministère de la justice américain, la question de savoir si un engagement spécifique, comme les frappes en Iran, constitue une « guerre » à des fins constitutionnelles « nécessite une évaluation spécifique de la nature, portée et durée anticipée des opérations militaires prévues ».

Quelques réactions des parlementaires américains

Le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a estimé que M. Trump portera la responsabilité totale de toutes les conséquences négatives qui pourraient découler de son action unilatérale.

 « Le président Trump a trompé le pays sur ses intentions, n’a pas demandé au Congrès l’autorisation de recourir à la force militaire et risque d’entraîner les Etats-Unis dans une guerre potentiellement désastreuse au Moyen-Orient », a déclaré le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries.

Le sénateur Chuck Schumer a pour sa part exhorté à voter immédiatement une législation qui exigerait une autorisation explicite du Congrès pour l’utilisation de la force militaire.

Le Démocrate Jim Himes, de son côté, a jugé la décision « inconstitutionnelle », faisant valoir qu’il était « impossible de savoir (…) si [ces frappes] conduiront à une nouvelle escalade dans la région, à des attaques contre nos forces », et à une implication américaine plus grande dans la guerre au Moyen-Orient.

L’élue Alexandria Ocasio-Cortez a pour sa part estimé que cette décision était absolument et clairement un motif de destitution.

«Trump avait risqué, de manière impulsive, de lancer une guerre qui pourrait nous piéger pendant des générations ».

D’autres Points de vues soulignés à l’internationale

Selon l’Elysée, Emmanuel Macron a échangé avec le président iranien, Massoud Pezeshkian, et l’a appelé à la « reprise des discussions diplomatiques ».

« Le président de la République a réitéré son appel à la libération immédiate de nos deux otages [Cécile Kohler et Jacques Paris], à la désescalade et à la reprise des discussions diplomatiques », a fait savoir l’Elysée.

M. Macron a aussi échangé, avec les chefs d’Etat de l’Arabie saoudite, d’Oman, des Emirats arabes unis et du Qatar.

Le premier ministre israélien a remercié Donald Trump d’aider à la paix par la force, voyant le Moyen-Orient à un  tournant historique, après les frappes américaines sur les sites de Fordo, Ispahan et Natanz.

« Je vous remercie, le peuple d’Israël vous remercie », a déclaré Benyamin Nétanyahou.

« Votre décision audacieuse de viser les installations nucléaires de l’Iran avec la puissance impressionnante et juste des Etats-Unis changera l’histoire », a-t-il ajouté.

La cheffe de la diplomatie de l’Union Européenne, Kaja Kallas a appelé les deux parties à une désescalade et à un retour aux négociations.

« J’exhorte toutes les parties à faire un pas en arrière, à la table des négociations et à éviter toute escalade supplémentaires », a déclaré Kaja Kallas.

L’Ukraine a soutenu les frappes des Etats-Unis et d’Israël contre des sites nucléaires en Iran, estimant qu’il s’agissait d’une conséquence des actions agressives des autorités iraniennes.

« Les mesures prises par les Etats-Unis avec Israël contre les installations nucléaires iraniennes envoient un signal clair au régime iranien : celui qu’il est inacceptable de poursuivre sa politique de déstabilisation de la situation sécuritaire au Moyen-Orient », a écrit la diplomatie ukrainienne.

Elle a par ailleurs affirmé que l’Iran était complice de l’invasion russe de l’Ukraine et fournissait une assistance militaire à Moscou, notamment des drones utilisés pour bombarder le territoire ukrainien.

Le ministère ukrainien des affaires étrangères a précisé que des groupes de citoyens ukrainiens ainsi que moldaves, azeris, estoniens, américains et letons avaient été évacués de la région face au risque de mesures américaines.

« A ce stade, 176 personnes ont été évacuées d’Israël vers l’Egypte, précise le ministère, et des évacuations depuis l’Iran et l’Azerbaïdjan sont en cours », a dit le ministère ukrainien des affaires étrangères.

De son côté, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio a affirmé que des représailles serait la pire erreur que l’Iran ait jamais commise.  

«Des représailles serait la pire erreur que l’Iran ait jamais commise», a estimé Marco Rubio.

« Le monde est plus sûr et stable qu’il l’était il y a vingt-quatre heures », avant les frappes menées par Washington sur trois sites nucléaires iranien », a-t-il ajouté.  

M. Rubio a aussi accusé l’Iran d’avoir lancé de fausses négociations avec les Etats-Unis. « L’Iran joue avec Donald Trump (…) de la même manière qu’il a joué avec tous les présidents américains ces trente-cinq dernières années », a-t-il accusé.

« Nous pouvons entrer et sortir d’Iran comme nous voulons », a-t-il averti.

« Nous ne cherchons pas la guerre en Iran, mais, s’ils nous attaquent, je pense que nous avons des capacités qu’ils n’ont pas encore vues », a-t-il ajouté, estimant que l’Iran ne « savait même pas ce qui s’était passé au moment des attaques ».

« Un changement de régime [en Iran] n’est certainement pas l’objectif de notre travail ici », a déclaré le chef de la diplomatie, tout en estimant que de continuer à développer le programme nucléaire iranien mettait le régime « en danger ».

Il a également dit que le programme nucléaire iranien avait été « dégradé » et « retardé d’un point de vue technique », mais il n’a pas dit qu’il avait été totalement détruit.

Le vice-président, J. D. Vance, au lendemain de frappes américaines contre des sites nucléaires iraniens a précisé que les Etats-Unis ne sont pas en guerre contre l’Iran, mais contre son programme nucléaire.

« Les Etats-Unis ne sont pas en guerre contre l’Iran, mais contre son programme nucléaire. Avec ces frappes, le programme nucléaire iranien a été considérablement retardé », a déclaré J. D. Vance. ACP/C.L.

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