Kinshasa, 20 février 2025 (ACP).- Début jeudi du procès pénal contre le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, accusé d’«insurrection» pour avoir tenté d’imposer la loi martiale en décembre, devant le tribunal central de Séoul, ont écrit les médias internationaux.
« L’audience a démarré en présence de l’accusé, dans une salle bondée. Yoon Suk Yool est cette fois jugé au pénal pour «insurrection», après sa tentative ratée d’imposer la loi martiale en décembre. Un grand nombre de policiers entourent le bâtiment du tribunal », ont rapporté les sources.
Pour la première fois en Corée du Sud, un président en exercice est jugé au pénal.Ce procès pénal est distinct d’une autre procédure en cours devant la Cour constitutionnelle, appelée à confirmer ou infirmer la destitution de Yoon votée le 14 décembre par l’Assemblée nationale.
Yoon Suk Yeol, 64 ans, est accusé d’«insurrection», un crime passible de la peine de mort ou de la prison à vie, et qui n’est pas couvert par son immunité présidentielle. Arrêté le 15 janvier après s’être retranché pendant des semaines, protégé par sa garde rapprochée, dans sa résidence de Séoul, l’ancien chef de l’État sud-coréen a été inculpé le 26 janvier et placé en détention provisoire pour six mois, passés lesquels il devra être libéré s’il n’a pas été condamné.
Chaos politique
Le parquet, qui accuse le président d’être le «meneur d’une insurrection», a requis jeudi son maintien en détention, invoquant «la possibilité que l’accusé influence ou persuade les personnes impliquées dans l’affaire».
Yoon, présent à l’audience, n’a pas pris la parole. Son avocat, Kim Hong-il, a pour sa part demandé au tribunal d’annuler l’acte d’inculpation, fruit selon lui d’une «enquête illégale».
Le président conservateur avait plongé la Corée du Sud dans le chaos politique le 3 décembre en décrétant la loi martiale et en envoyant l’armée au parlement pour tenter de le museler. Il avait dû faire marche arrière six heures plus tard, les députés étant parvenus à se réunir en urgence et à voter une motion exigeant le retour au régime civil.
Le président avait justifié son coup de force par le fait que le Parlement, dominé par l’opposition, bloquait l’adoption du budget de l’État. Dans une allocution télévisée surprise, il avait dit vouloir «protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes» et «éliminer les éléments hostiles à l’État».
«Dictature parlementaire»
«La déclaration de la loi martiale n’avait pas pour but de paralyser l’État, mais plutôt d’alerter l’opinion publique sur la crise nationale provoquée par la dictature législative du parti dominant de l’opposition, qui avait paralysé l’administration», a plaidé son avocat. «Symboliquement, pour souligner le problème de la dictature parlementaire, seule une petite force de 280 soldats a été déployée, strictement pour maintenir l’ordre, avec des instructions claires selon lesquelles ils ne devaient pas être équipés de balles réelles. En outre, le déploiement effectif des forces n’a eu lieu qu’après la déclaration, et aucune personne n’a été blessée», a-t-il ajouté.
Yoon reste officiellement le président en attendant le verdict de la Cour constitutionnelle. Cette dernière doit tenir quelques heures à peine après le début du procès criminel, sa dixième audience. Doivent témoigner à cette occasion Han Duck-soo, éphémère président par intérim en décembre, avant d’être lui-même suspendu par les députés, ainsi qu’un ancien responsable des services de renseignement, Hong Jang-won, et le chef de la police nationale Cho Ji-ho, lui-même poursuivi au pénal dans cette affaire.
Des milliers de partisans rassemblés chaque samedi
L’audience s’annonce comme l’une des dernières avant que les huit juges de la Cour constitutionnelle ne se retirent pour prononcer leur verdict. Si la Cour confirme la destitution, une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans les 60 jours. Dans le cas contraire, Yoon Suk Yeol sera réinstallé dans ses fonctions, tout en restant sous le coup de poursuites pénales.
La majeure partie du procès en destitution a tourné autour de la question de savoir s’il avait violé la Constitution en déclarant la loi martiale, une mesure qui ne peut être prise que lorsqu’une intervention militaire est nécessaire pour préserver la sécurité et l’ordre public «en cas de conflit armé ou d’une urgence nationale similaire». ACP/C.L.