France-Allemagne: «mon pays assumera à nouveau ses responsabilités de leader en Europe» (nouveau chancelier allemand)

Kinshasa, 07 mai 2025 (ACP).- Le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz a assuré mercredi à l’Elysée, en France, que son pays assumera à nouveau, après des années de retrait, ses responsabilités de leader en Europe et avec les autres membres de l’Union européenne, ont rapporté les medias internationaux.

« Mon pays assumera à nouveau, après des années de retrait, ses responsabilités de leader en Europe et avec les autres membres de l’Union européenne », a déclaré Friedrich Merz.

«L’ambition affichée est de redonner du lustre au couple franco-allemand, apporté notre poids en Europe qui est confrontée à des défis majeurs, des coups de butoir de Donald Trump et à la guerre en Ukraine », a-t-il ajouté.

Selon les mêmes sources, Friedrich Merz, européen convaincu, est arrivé à Paris, première étape traditionnelle d’un nouveau dirigeant allemand à l’étranger, en chancelier affaibli, après son élection au forceps mardi. Il se rendra dans la foulée à Varsovie, autre capitale où il espère relancer des relations en souffrance, puis à Bruxelles vendredi.

L’Elysée a souligné pour sa part qu’après quatre années souvent compliquées avec le social-démocrate Olaf Scholz, les deux dirigeants veulent envoyer un signal très fort et immédiat de renouveau dans la relation franco-allemande et pour l’Europe.

« Nous voulons répondre ensemble aux défis que l’Europe affronte », a déclaré le Président français, qui a annoncé, à l’occasion de la visite, la mise en place d’un Conseil de défense et de sécurité commun.

« Il faut un retour du réflexe franco-allemand et d’une concertation systématique sur tout l’agenda européen, de la défense aux enjeux de compétitivité, budgétaires et migratoires », a précisé l’Elysée.

La veille, le Président français l’avait félicité pour son élection en anticipant un moteur franco-allemand « plus fort que jamais ». Néanmoins, l’élection mardi au forceps de Friedrich Merz par les députés allemands, après deux tours de scrutin alors qu’il devait s’agir d’une formalité, inquiète.

Car, elle a révélé au grand jour la fragilité politique du dirigeant conservateur et de sa coalition avec les sociaux-démocrates, sur qui toute l’Europe comptait pour remettre l’Allemagne au centre du jeu après des années de surplace sous l’ère Olaf Scholz et six mois de crise politique intérieure.

Paris nourrit de grands espoirs dans le dirigeant démocrate-chrétien allemand, qui parle ouvertement de renforcer la souveraineté européenne, y compris militaire.

Sur les questions de défense et l’Ukraine, l’hostilité affichée par Donald Trump et son administration à l’égard de l’Europe et les doutes sur le soutien militaire américain ont fait bouger les lignes en Allemagne.

Friedrich Merz est favorable à l’idée de placer son pays – dépendant jusqu’ici de la protection nucléaire américaine – sous le parapluie français et britannique. Ce qui constitue une césure énorme avec la tradition atlantiste germanique.

Il est aussi prudemment ouvert à l’idée de fournir des missiles longue portée Taurus à Kiev.

D’autres divergences traditionnelles ne devraient toutefois pas disparaître du jour au lendemain.

Berlin a, certes, assoupli en mars sa règle du « frein à l’endettement », qui limite la capacité d’emprunt du pays pour les dépenses militaires et pour les régions, mais elle n’est pas prête à donner son feu vert à des euro-obligations, promues par la France.

Un trio avec Varsovie

Sur le plan commercial, l’Allemagne, nation fortement exportatrice, devrait continuer à pousser à la signature d’accords de libre-échange, comme celui du Mercosur, tandis que la France, craignant une fronde agricole, y est défavorable.

Le nouveau gouvernement allemand promet de « renforcer l’amitié » aussi bien avec la France que la Pologne, notamment dans le cadre du « Triangle de Weimar », ce forum de coopération trilatérale entre la France, l’Allemagne et la Pologne créé en 1991.

Mais les relations restent aussi compliquées entre l’Allemagne et la Pologne qui, par ailleurs, n’est pas dans la zone euro contrairement à Paris et Berlin.

Le parti nationaliste Droit et Justice (PiS), actuellement dans l’opposition, continue de réclamer des réparations pour les dégâts et pertes de la Seconde Guerre mondiale à l’Allemagne.

A moins de deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle polonaise, le 18 mai, ce sujet est particulièrement sensible: pour le Premier ministre Donald Tusk, il est délicat d’afficher une trop grande proximité avec le chancelier allemand.

Dossier ukrainien

Paris fonde de grands espoirs dans Friedrich Merz, qui parle ouvertement de renforcer la souveraineté européenne, y compris militaire. D’autant plus que sur les questions de défense et l’Ukraine, l’hostilité affichée par Donald Trump et son administration à l’égard de l’Europe, et les doutes sur le soutien militaire américain, ont fait bouger les lignes en Allemagne.

Concernant la participation allemande à une éventuelle force de réassurance européenne en Ukraine ou à d’autres garanties de sécurité, le chancelier a toutefois conditionné tout engagement à « un accord de paix » et à une participation américaine au « processus ». « La guerre en Ukraine ne prendra pas fin sans encore plus d’engagement politique et militaire des États-Unis, les Européens ne peuvent pas s’y substituer », a-t-il estimé. Et d’ajouter qu’un futur cessez-le-feu « devrait être garanti par une participation des États-Unis ».

ACP/UKB

Fil d'actualités

Sur le même sujet