Kinshasa, 8 juin 2025 (ACP).- L’Elysée a annoncé samedi que le Président français Emmanuel Macron va effectuer une visite officielle le 15 juin au Groenland pour « renforcer la coopération » avec ce territoire autonome du Danemark, ont rapporté les médias internationaux. « Emmanuel Macron effectuera une visite officielle au Groenland afin de renforcer la coopération avec ce territoire autonome du Danemark convoité par Donald Trump », a annoncé l’Elysée. « Cette visite vise également à contribuer au renforcement de la souveraineté européenne », a ajouté l’Elysée. Selon les mêmes sources, le Président français se rendra au Groenland à l’invitation du Premier ministre Jens-Frederik Nielsen, et de la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, qu’il rencontrera conjointement, pour discuter, notamment de la sécurité en Atlantique Nord et dans l’Arctique.
Depuis son entrée en fonction au début de l’année, le Président américain Donald Trump a exprimé à plusieurs reprises son désir de prendre le contrôle du Groenland, déclarant qu’il n’excluait pas la possibilité d’utiliser la « coercition militaire ou économique » pour atteindre cet objectif. Autrefois colonie danoise, le Groenland est devenu une partie intégrante du Royaume du Danemark en 1953. Il a obtenu son autonomie en 1979, élargissant ses prérogatives, bien que le Danemark conserve le contrôle des Affaires étrangères et de la Défense. Précisons que, le Président français sera le premier chef d’Etat étranger à s’y rendre depuis les menaces d’annexion du Président américain. Il rejoindra ensuite le Canada, également convoité par Donald Trump, pour un sommet du G7. Les trois dirigeants échangeront « sur la sécurité en Atlantique Nord et dans l’Arctique, ainsi que sur les sujets liés au changement climatique, à la transition énergétique et à la sécurité d’approvisionnement en minerais critiques », indique la Présidence française.
« Renforcer la coopération »
Ce déplacement vise à « renforcer la coopération » avec le Groenland dans ces domaines et à « contribuer au renforcement de la souveraineté européenne », souligne-t-elle. La Première ministre danoise s’est félicitée de cette prochaine visite, « un autre témoignage concret de l’unité européenne » face à une « situation de politique étrangère difficile » pour le royaume, a-t-elle relevé. Le vice-président américain, JD Vance, s’est rendu le 28 mars sur la base militaire américaine de Pituffik, au Nord-ouest du Groenland, un déplacement alors perçu comme une provocation. Il avait toutefois dû renoncer à visiter le territoire groenlandais lui-même face au tollé déclenché sur place et au Danemark. JD Vance avait accusé le Danemark de n’avoir « pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland », pas assez investi dans l’économie locale et « pas bien assuré sa sécurité ».
Le Danemark s’oppose aux ambitions de Donald Trump
Le Danemark martèle de son côté que le Groenland « n’est pas à vendre ». S’adressant aux dirigeants américains depuis l’immense île, la Première avait lancé début avril: « Vous ne pouvez pas annexer un autre pays ». Si les principaux partis groenlandais sont favorables à l’indépendance du territoire à plus ou moins long terme, aucun ne soutient l’idée d’un rattachement aux Etats-Unis. La population est de 57 000 habitants, dont plus de 19000 dans la capitale Nuuk. La population majoritairement inuite rejette également toute perspective de devenir américaine, d’après un sondage publié fin janvier. Face aux visées américaines, le Danemark a annoncé qu’il allait consacrer deux milliards d’euros au renforcement de la sécurité dans l’Arctique, zone stratégique en raison de la proximité russe et américaine, et l’Atlantique Nord. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a aussi évoqué comme « une possibilité » l’envoi de troupes européennes pour assurer la sécurité dans l’Arctique tout en relevant qu' »elle ne se pose pas » pour Copenhague dans l’immédiat. Après leur départ de l’archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon, le 28 mai, deux bâtiments de la marine française ont longé le Groenland en direction du grand nord pour se « familiariser aux opérations en zone arctique, zone aux intérêts stratégiques grandissants », a annoncé le 3 juin le ministère des Armées. Très stratégique pour la défense américaine, le Groenland est sur la trajectoire la plus courte pour un tir de missile vers la Russie. Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces, il se trouve aussi sur le chemin de nouvelles routes maritimes très convoitées susceptibles de raccourcir le trafic commercial. Ce territoire de deux millions de km2 recouvert à 85% de glace dispose également de vastes réserves minières, y compris de terres rares, et pétrolières inexploitées dont l’accès s’annonce toutefois compliqué. ACP/