Guerre en Syrie: Bachar al-Assad promet d’utiliser la «force» pour éradiquer le terrorisme

Kinshasa, 1er décembre 2024 (ACP).-  Le président syrien, Bachar al-Assad, a promis dimanche d’utiliser «la force» pour éradiquer le «terrorisme», une première de ses annonces depuis 2011, a appris l’ACP de source officielle citée par les médias internationaux.

«Le terrorisme ne comprend que le langage de la force, et c’est avec ce langage que nous le briserons et l’éliminerons, quels que soient ses partisans et ses commanditaires», a déclaré Bachar al- Assad.

Le président a fait cette déclaration alors qu’Alep, deuxième ville de Syrie, n’est plus sous le contrôle du régime pour la première fois depuis 2011.

Les combattants rebelles avaient lancé mercredi une offensive contre les forces du régime de Bachar al-Assad, dans le nord-ouest de la Syrie, s’emparant de dizaines de localités avant de parvenir jusqu’à Alep, le poumon économique du pays, dominé par sa citadelle historique.

Le début de cette offensive a coïncidé avec l’entrée en vigueur d’une trêve au Liban entre Israël et le Hezbollah, allié de la Syrie et de l’Iran. Plus de 330 personnes au total ont été tuées, selon l’OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni qui s’appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie.

Ces combats sont les premiers de cette ampleur depuis 2020 en Syrie, où la guerre civile déclenchée en 2011, impliquant des belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales, et des groupes djihadistes, a laissé un pays morcelé en différentes zones d’influence.

Avec l’appui militaire crucial de la Russie et de l’Iran, le régime syrien a lancé en 2015 une contre-offensive qui lui a permis de reprendre progressivement le contrôle d’une grande partie du pays, et en 2016 la totalité de la ville d’Alep.

Selon la même source, le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et ses alliés contrôlent la ville d’Alep, à l’exception des quartiers contrôlés par les forces kurdes. Pour la première fois depuis le début du conflit en 2011, Alep est hors de contrôle des forces du régime syrien.

Aucune résistance

Le HTS, dominé par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, et des factions rebelles syriennes, certaines soutenues par la Turquie, avaient lancé mercredi une offensive depuis la région d’Idleb, voisine de celle d’Alep, leur dernier bastion échappant au régime.

Ils étaient entrés vendredi à Alep dont ils ont pris samedi la majeure partie «sans rencontrer de résistance significative», selon l’OSDH, atteignant la citadelle et s’emparant de bâtiments gouvernementaux, de prisons et de l’aéroport international.

Les rebelles ont défilé dans les rues, puis installé leur drapeau devant un poste de police et déchiré un portrait de M. Assad.

Ils ont également progressé samedi dans les provinces d’Idleb et de Hama, prenant le contrôle de «dizaines de localités stratégiques sans aucune résistance».

L’armée syrienne a renforcé son déploiement autour de la ville de Hama, dans le centre du pays, a annoncé dimanche l’OSDH. L’armée a confirmé la présence de combattants hostiles au régime dans de «larges parties» d’Alep et déploré des «dizaines» de morts et de blessés dans l’offensive.

Réactions internationales

L’Iran «soutient fermement l’armée et le gouvernement» de ce pays, a affirmé dimanche son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi, avant de partir pour Damas. Téhéran a en outre appelé samedi à une «coordination» avec Moscou face à cette offensive.

De son côté, la Maison-Blanche a jugé que le régime syrien subissait les conséquences de «son refus» de s’engager dans un dialogue politique et de sa «dépendance à la Russie et à l’Iran».

Le nord-ouest de la Syrie bénéficiait ces dernières années d’un calme précaire en vertu d’un cessez-le-feu parrainé par Moscou et Ankara, instauré après une offensive du régime en mars 2020.

Le roi Abdallah II de Jordanie a déclaré dimanche se tenir «aux côtés» de la Syrie, affirmant son soutien à son «intégrité territoriale», après l’offensive lancée mercredi par des groupes rebelles dans le nord et le centre du pays.

Couvre-feu instauré par les rebelles à Alep

Les rebelles ont instauré un couvre-feu de vingt-quatre heures à Alep, jusqu’à 17h00 dimanche, «pour assurer la sécurité des habitants». Les lignes du régime se sont effondrées à un rythme incroyable, qui a pris tout le monde par surprise.

Le HTS et les rebelles contrôlent des pans entiers de la province d’Idleb, ainsi que des secteurs des provinces d’Alep, de Hama et de Lattaquié. Pour leur part, les Kurdes de Syrie ont instauré une administration autonome dotée d’une force militaire dans de vastes régions du nord-est du pays.

L’armée turque, qui contrôle plusieurs zones du nord de la Syrie après en avoir expulsé les forces kurdes, avait appelé vendredi à mettre «fin» aux «attaques» sur Idleb après des raids russes et syriens.

Les hostilités ont de «graves implications» pour la paix «régionale et internationale» (ONU)

Les combats qui se déroulent actuellement en Syrie « ont de graves implications pour la paix régionale et internationale », a affirmé dimanche 1er décembre l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen.

« Ce que nous voyons aujourd’hui en Syrie est le signe d’un échec collectif à mettre en œuvre ce qui est manifestement nécessaire depuis de nombreuses années : un véritable processus politique pour mettre en œuvre la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité », a souligné M. Pedersen dans un communiqué.

ACP/JF

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