Kinshasa, 5 juin 2025 (ACP).- Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a exhorté jeudi son homologue français à conclure l’accord commercial «UE-Mercosur» que Macron souhaite son amélioration pour protéger les agriculteurs européens, ont rapporté les médias internationaux.
«Mon cher Macron, ouvrez un petit peu votre cœur à cette possibilité de conclure cet accord avec notre cher Mercosur. Cet accord, ce serait la meilleure réponse que nos régions puissent apporter face au contexte incertain créé par le retour de l’unilatéralisme et du protectionnisme tarifaire», a déclaré Lula.
Cet accord passé avec l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay doit permettre à l’UE d’exporter notamment plus de voitures, de machines et de spiritueux, en échange de l’entrée de viandes, sucre, riz, miel ou soja sud-américains.
Paris s’oppose à cet accord « dans sa forme actuelle », contrairement à d’autres pays européens comme l’Allemagne ou l’Espagne.
À la veille du début de la visite du président brésilien, des députés français ont réuni mercredi plusieurs filières agricoles à l’Assemblée pour réaffirmer leur opposition à l’accord.
Jean-François Guihard, président de l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev), a notamment appelé Emmanuel Macron à être « extrêmement ferme » face au président brésilien « pour dire que cet accord n’est pas possible ».
Pour sa part le président français a demandé à ce que l’accord soit « amélioré » pour protéger les agriculteurs européens, car les « pays du Mercosur ne sont pas au même niveau réglementaire ». Nous devons « respecter nos agriculteurs et la cohérence de nos ambitions », a-t-il affirmé.
Les deux chefs d’État ont également abordé les difficiles sujets de la guerre en Ukraine et du conflit israélo-palestinien au cours d’une conférence de presse à l’Élysée.
« Un génocide prémédité » à Gaza
Le président brésilien a à nouveau accusé Israël de commettre « un génocide prémédité ». « Ce qui se passe à Gaza n’est pas une guerre. C’est un génocide pratiqué par une armée hautement préparée contre des femmes et des enfants […]. Nous voyons un génocide sous nos yeux, jour après jour, ce n’est plus possible d’accepter« , a-t-il soutenu.
Lula a par ailleurs affirmé que la reconnaissance de l’État palestinien est « un devoir moral, humain et une exigence politique de tous les dirigeants du monde ».
« Agresseur » russe
Par ailleurs, les deux dirigeants ont également évoqué la guerre en Ukraine. Le président français Emmanuel Macron a demandé que les belligérants russes et ukrainiens ne soient pas mis sur le même plan.
« Il y a un agresseur, c’est la Russie. Il y a un agressé, qui est l’Ukraine. Nous voulons tous la paix, mais on ne peut pas traiter les deux belligérants de manière équidistante« , a lancé le président français, tout en soulignant que le Brésil avait « un rôle très important à jouer » dans la recherche d’une solution au conflit.
Après sa visite à Paris, le président brésilien participera le 8 juin à un sommet économique à Monaco, puis sera à Nice le 9 juin avec le président Macron pour l’ouverture de la conférence de l’ONU sur les océans. Il s’agit de la première visite d’État en France d’un président brésilien depuis 2012. ACP/JF