Kinshasa, 18 mars 2025 (ACP).- Le chef de la Mission des Nations unies (Minuss), Nicholas Haysom a affirmé mardi que le Soudan du Sud est au bord d’une rechute dans la guerre civile, une situation qui menace de détruire des années d’efforts de paix, ont rapporté les medias internationaux.
« Le Soudan du Sud est « au bord d’une rechute dans la guerre civile », une situation qui menace de détruire des années d’efforts de paix. Les violences mettent encore plus en danger des communautés déjà vulnérables et obligent à suspendre les services vitaux », a déclaré Nicholas Haysom, chef de la Mission des Nations unies dans le pays (Minuss).
« Environ 50 000 personnes ont été déplacées en raison des affrontements entre forces rivales dans le nord-est du Soudan du Sud, Plusieurs ambassades occidentales, l’Union européenne, les États-Unis et le Canada, ont proposé mardi leur médiation pour prévenir un nouvel embrasement du pays et pour restaurer et maintenir la paix », a-t-il ajouté.
Le comté de Nasir, dans l’État du Haut-Nil, est depuis des semaines le théâtre de combats, notamment entre les forces fédérales loyales au président Salva Kiir et une « Armée blanche », milice accusée par le pouvoir de collaborer avec le premier vice-président Riek Machar, un ancien rebelle.
Le 4 mars, « environ 6 000 combattants de l’Armée blanche » sont parvenus à prendre dans cette région un camp de l’armée sud-soudanaise, selon l’Igad, un bloc d’États d’Afrique de l’Est.
Dans la nuit de dimanche à lundi, l’armée sud-soudanaise a mené des frappes aériennes contre des positions rebelles du comté de Nasir, tuant vingt personnes, en majorité des femmes et des enfants.
Depuis fin février, les violences dans le Nord-Est ont déplacé 50 000 personnes, dont 10 000 ont traversé la frontière vers l’Éthiopie, indique le Bureau onusien de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) au Soudan du Sud.
« La violence empire l’épidémie » de choléra
Selon Ocha, des humanitaires ont également été contraints de quitter la région et une unité de traitement du choléra à Nasir a dû fermer, alors que cette maladie se propage rapidement dans le pays, ainsi qu’au Soudan voisin et en Éthiopie.
Au Soudan du Sud, « la violence empire l’épidémie. Des milliers de personnes sont déplacées et perdent l’accès aux soins de santé, à l’eau potable et à l’assainissement, facteurs clés de la propagation rapide du choléra« , s’inquiétait vendredi l’ONG Médecins sans frontières.
Dans le comté d’Akobo, proche de celui de Nasir, 1 300 cas de choléra ont été signalés en à peine quatre semaines, rapportait MSF.
Depuis son indépendance du Soudan en 2011, le pays est en proie à des violences qui l’empêchent de se remettre de la sanglante guerre civile qui a opposé Salva Kiir et Riek Machar.
Ce conflit avait fait près de 400 000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018, lorsqu’un accord de paix a été signé, texte désormais menacé par les nouveaux affrontements.
Début mars, un hélicoptère de l’ONU, qui effectuait une mission de sauvetage de soldats sud-soudanais, avait été ciblé par des tirs, tuant un membre de l’équipage et un général sud-soudanais.
« Il n’y a aucun espoir pour les réfugiés et les rapatriés« , s’est ému un médecin de Relief International basé dans la région, une ONG dont les activités sont déjà menacées par les importantes coupes de l’aide humanitaire américaine décidées par l’administration du président Donald Trump.
« Nous sommes donc très inquiets« , a déclaré ce médecin sous couvert d’anonymat. Son équipe, composée d’une vingtaine de personnes, dit-il, traite actuellement plus de 200 patients par jour au centre de transit de Renk dans le Haut-Nil, tout en faisant face à des pénuries de personnel et de médicaments.
Le Soudan voisin, où 11 millions de personnes sont déplacées du fait du conflit en cours, illustre parfaitement la rapidité avec laquelle une nation peut sombrer dans une « guerre catastrophique« , a averti Nicholas Haysom, exhortant toutes les parties à apaiser les tensions « avant qu’il ne soit trop tard« .
« Cette région ne peut se permettre un nouveau conflit« , a-t-il lancé lors d’une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine sur le Soudan du Sud mardi.
ACP/C.L.