Kinshasa, 29 mai 2025 (ACP/MAP).- Le chef du gouvernement marocain, M. Aziz Akhannouch, a lancé à Casablanca sa feuille de route 2025-2027 pour dynamiser et renforcer sa stratégie d’ouverture commerciale, a-t-on appris jeudi de l’agence marocaine de presse.
«Portée par des objectifs ambitieux, cette feuille de route vise à dynamiser les exportations marocaines, générer des milliers d’emplois et élargir la base des entreprises exportatrices. Un plan qui s’inscrit dans la volonté du Royaume de faire du commerce extérieur un moteur central de développement économique», a déclaré Aziz Akhannouch, chef du gouvernement.
«Cette feuille de route s’articule autour de trois objectifs stratégiques que sont la création de quelque 76.000 nouveaux postes d’emploi, l’élargissement de la base des exportations à travers la création, chaque année, de 400 nouvelles sociétés d’export et la réalisation de 84 milliards de dirhams (MMDH) supplémentaires dans le secteur de l’export», a-t-il ajouté.
Pour atteindre ces objectifs, une approche intégrée et participative a été adoptée, articulée autour de quatre leviers d’intervention et de six réformes transversales, a-t-il fait savoir, ajoutant que la mise en œuvre de la feuille de route comprendra aussi un ensemble de mesures transversales, dont le renforcement des exportations de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, ainsi que la création d’offices régionaux d’appui au commerce extérieur dans l’ensemble des régions du Royaume.
Pour M. Aziz Akhannouch, cette feuille de route vise à améliorer le taux de couverture des importations par les exportations, en renforçant les performances nationales et en orientant les politiques économiques vers la préservation de la soutenabilité financière et commerciale. Elle réaffirme ainsi l’engagement du gouvernement à poursuivre les différents chantiers programmés, afin que le Maroc consolide sa position à l’échelle internationale et exploite pleinement les potentialités dont il dispose dans le domaine des exportations.
Chronique d’une ouverture commerciale
Précurseur sur le continent africain et dans le monde arabe, le Maroc s’est engagé, dès les années 80, dans un vaste processus de libéralisation de son commerce extérieur. En supprimant progressivement les restrictions quantitatives à l’importation et en réduisant les droits de douane, le Royaume a misé sur l’ouverture pour stimuler ses échanges.
Une stratégie qui lui a permis d’adhérer au General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) en 1987, puis de signer, en 1994, les Accords de Marrakech ayant conduit à la création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Dans la foulée, le pays a conclu des accords de libre-échange clés, notamment avec l’Union européenne en 1996 et l’Association européenne de libre-échange (AELE), jetant les bases d’un réseau commercial en pleine expansion.
Cette politique s’est consolidée grâce à l’adoption d’une nouvelle génération de réformes volontaristes, axées principalement sur l’élimination des mesures non tarifaires à l’importation comme à l’exportation, la simplification du système de taxation des importations, ainsi que la rationalisation du tarif douanier. La stratégie marocaine d’ouverture et de libéralisation s’est également traduite par la signature d’une série d’accords de libre-échange avec ses principaux partenaires commerciaux, notamment l’Union européenne, les pays arabes, les États-Unis d’Amérique et plusieurs pays d’Asie.
L’accord conclu avec l’Union européenne revêt une importance particulière en raison du poids considérable de ce partenaire dans le commerce extérieur du Maroc. Il prévoit un démantèlement progressif des barrières tarifaires et non tarifaires, tout en instaurant des mécanismes de coopération technique et financière. Cette relation privilégiée avec l’Europe a profondément influencé l’orientation géographique des exportations marocaines, une tendance qui se maintient jusqu’à aujourd’hui, avec près de 70 % des exportations dirigées vers l’Union européenne.
Par ailleurs, la décennie 2010-2020 a été marquée par une accélération notable de la signature d’accords de libre-échange. Le Maroc a ainsi développé un réseau couvrant une centaine de pays, lui ouvrant l’accès à un marché potentiel de 2,3 milliards de consommateurs. Cette stratégie de diversification géographique vise à réduire la dépendance au marché européen et à tirer parti des opportunités offertes par les économies émergentes. En parallèle, le Royaume a modernisé ses infrastructures logistiques : le développement du port Tanger Med, l’extension du réseau autoroutier à 1 800 km, et la construction de 2 100 km de routes rapides renforcent la position du pays comme plateforme logistique régionale, notamment vers l’Afrique et l’Europe.
En outre, cette période est marquée par l’essor de nouveaux secteurs d’exportation qui redéfinissent progressivement la structure du commerce extérieur marocain. L’automobile, l’aéronautique et l’électronique s’imposent comme des piliers de la croissance, rompant avec une tradition dominée par les produits agricoles et les matières premières. Les zones franches et les plateformes industrielles spécialisées y contribuent activement, en offrant aux investisseurs des conditions favorables d’implantation et d’accès aux marchés. Cette dynamique soutient la montée en gamme technologique des exportations nationales.
Vers une compétitivité à renforcer
En un quart de siècle, le total des échanges de biens est passé de 201,3 milliards de dirhams en 2000 à 1 217,6 milliards de dirhams en 2024. Quant aux échanges de services, ils ont presque quintuplé entre 2004 et 2024, passant de 90,1 milliards de dirhams à 421,6 milliards de dirhams.
Cependant, les données de janvier 2025 tirent la sonnette d’alarme : les exportations accusent un recul de 2,4 %, totalisant 35,35 milliards de dirhams contre 36,24 milliards un an plus tôt. Dans le même temps, les importations progressent de 3,4 % pour atteindre 59,84 milliards de dirhams. Résultat : le déficit commercial se creuse à 24,48 milliards de dirhams, contre 21,60 milliards à la même période en 2024.
Cette dégradation met en lumière la vulnérabilité de l’économie marocaine face aux chocs extérieurs, et rappelle l’urgence de renforcer la compétitivité des exportations.
Par ailleurs, la part du Maroc dans le commerce mondial demeure modeste, ne dépassant pas 0,2 %, révélant ainsi un important potentiel encore sous-exploité. C’est dans ce contexte qu’a été lancée la feuille de route du commerce extérieur pour la période 2025-2027, fondée sur une analyse fine des opportunités non capitalisées. Le secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, Omar Hejira, précise que 82 % des exportations marocaines sont concentrées dans cent pays et que 92 % d’entre elles proviennent de seulement six secteurs d’activité. Face à cette concentration, le plan identifie 22 pays prioritaires et 200 produits à fort potentiel, susceptibles de générer 12 milliards de dirhams d’exportations vers l’Afrique, et jusqu’à 120 milliards à l’échelle mondiale.
ACP/JF