Rome, 22 mars 2025 (ACP).- Au cours d’une formation organisée ce mercredi à Rome sur l’art de raconter le continent africain et l’immigration au-delà des stéréotypes et des préjugés, organisés par Antonella Napoli, éditrice italienne avec les soutien de la Fédération nationale de la presse italienne (Fnsi Federazione Nazionale della stampa italiana ), nous avons approché l’une des intervenants pour approfondir ce thème.
Mme Alice Basiglini est coordinatrice de Baobab Experience, une association de bénévoles et de militants qui offre un soutien aux migrants, contre les politiques de frontières extérieures et intérieures.
ACP: Vous venez d’intervenir dans la formation des journalistes sur la question liée à l’immigration et au continent africain. Quel est le message le plus important que nous puissions de votre présentation?
La première des choses est les mots qu’on utilise sur l’importance de la communication en immigration. Parce qu’à partir de la couleur de la peau, il se crée la pratique, dans le cas de l’Italie, où la personne demeure migrante pour toute sa vie, alors qu’on sait qu’on est migrant pour si peu de temps. Après un moment de transition, on n’est plus migrant, pourtant quand on parle des migrants en Italie, c’est comme une épithète qui vous colle pour toute la vie.
La personne qui migre devient après réfugié, et là où les étrangers sont plus intégrés, on devient citoyen du pays d’accueil en cessant de migrer.
Malheureusement les mots sont mal utilisés par des personnes qui demandent asile ou des immigrés économiques. La manière, par exemple, dont on parle des migrants ou réfugiés économiques est dénigrant et chosifiant. La personne est devenue comme un objet. Ainsi, quand bien même, traités comme un objet, il y en a qui sont acceptés et d’autres non. Ceux qui ne sont pas acceptés selon notre gouvernement, doivent-être retournés chez eux.
Et cette confusion, touche aussi même les réfugiés avec asile politique. Ils sont considérés au même titre que les réfugiés économiques parce qu’à la différence des réfugiés économiques, ceux qui ont l’asile peuvent se mouvoir librement, où ils s’attendent réaliser les rêves de leur vie. Ces deux catégories ont droit à la protection, mais malheureusement, il y a confusion ».
ACP: on sent que vous avez une forte expérience sur l’immigration dans votre pays. Parlez-nous de l’immigration des Congolais en Italie?
« A propos de l’immigration congolaise, je ne connais pas grand-chose, mais nous avons un guichet où l’on reçoit quelques congolais, jeunes, avec beaucoup de difficultés d’entrer dans le monde du travail parce qu’ils sont soumis à des formes de travail submergées et illégales.
Ce sont des personnes qui veulent sortir de cette illégalité et qui demandent de l’aide aux juristes de notre guichet.
Il s’agit très souvent des jeunes, filles et garçons, qui sont parfois roulés par des patrons qui leur promettent des contrats sans les réaliser ou ce sont des contrats où l’on ne déclare presque un rien, donc insignifiant. Par exemple, on déclare des heures de travail plus réduits que des heures effectives. Soit, peut-être cinq heures, en lieu et place de quinze heures par jour.
A propos des immigrants congolais qui débarquent le long des côtes italiennes, on en connait pas beaucoup, parce que nous travaillons plus sur l’immigration soudanaise et des Ethiopiens et presque tous les immigrants sont dans les mêmes situations « .
ACP: Comment en finir avec ce problème d’immigration?
« L’immigration n’est pas un problème. C’est un phénomène aussi vieux que le monde. Les Italiens, par exemple, ce sont toujours déplacés. Le problème finit quand on prend conscience que c’est un problème. L’immigration est un phénomène qui doit être géré.
On doit cesser de considérer ce phénomène comme un problème. On doit arrêter de dire le mensonge comme si le peu de personnes qui arrivent par des embarcations, les bateaux ou les bords, constituent un grand problème, alors que c’est une minorité, qu’on peut très bien gérer et organiser et leur accorder les droits qu’ils méritent ici. Les droits qui, par ailleurs, sont garantis du point de vue international ».
ACP/