Kinshasa, 10 avril 2025 (ACP).- Décès jeudi à Dakar de Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel du Sénégal suite à la courte maladie, a annoncé le secrétariat général du Syndicat des travailleurs de la justice, cité par les médias internationaux.
« Nous avons le regret de vous annoncer le rappel à Dieu de Monsieur Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel. Le décès est survenu ce jeudi à Dakar. Que le Bon Dieu lui accorde Son pardon et l’accueille dans Son Paradis Firdaws », a déclaré Boun Malick Diop, secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust).
Ce magistrat chevronné, qui a joué un rôle décisif lors de la crise électorale de 2024, disparaît alors que le pays s’engage dans une réforme de son architecture institutionnelle.
Ancien président de la Cour suprême et du Conseil supérieur de la magistrature, Mamadou Badio Camara avait été nommé à la tête du Conseil constitutionnel en 2021. Il laisse une empreinte décisive sur l’histoire politique récente du pays.
En février 2024, alors que le président Macky Sall avait acté un report controversé de dix mois de l’élection présidentielle avec l’appui d’une majorité parlementaire, c’est sous l’autorité de Badio Camara que le Conseil constitutionnel avait jugé cette décision contraire à la Constitution. L’institution avait exigé la fixation d’un nouveau calendrier, contraignant le chef de l’État à organiser le scrutin le 25 mars 2024, qui s’est soldé par la victoire de Bassirou Diomaye Faye, candidat désigné par l’opposant Ousmane Sonko.
Dans un discours prononcé à Paris en octobre 2024, à l’occasion de la Nuit du droit, Mamadou Badio Camara avait confié que le Conseil avait également émis un avis ferme contre l’éventualité d’un troisième mandat présidentiel. Il avait alors souligné que cet avis, bien que non public, avait contribué à dissuader le président Sall de se représenter.
Le président Bassirou Diomaye Faye a en effet réaffirmé, samedi dernier, sa volonté de remplacer l’actuel Conseil constitutionnel par une Cour constitutionnelle, dans le cadre d’une réforme en profondeur des institutions.
« A ce jour, le projet de loi organique relatif à la Cour constitutionnelle, le projet de révision de la Constitution et le projet de loi organique relatif au Conseil supérieur de la magistrature, ainsi que les décrets d’application y afférents, ont été finalisés et transmis pour validation », a précisé le chef de l’État sénégalais.
Le décès de Mamadou Badio Camara intervient donc au cœur de cette transition institutionnelle, et marque la disparition d’un acteur central de la préservation de l’ordre constitutionnel dans une période de fortes tensions politiques au Sénégal. ACP/JF