Kinshasa, 6 juin 2022 (ACP).- A l’occasion de la journée mondiale de l’agriculture, célébrée le 5 juin de chaque année, l’agriculture en République démocratique du Congo (Rdc) est demeurée paysanne, de subsistance, à faible rendement et abandonnée au profit des mines. Et pourtant elle est une activité sans laquelle le pays ne saurait exister réellement.
Le domaine de l’agriculture est une priorité déclarée du gouvernement Sama Lukonde, quoique les allocations budgétaires réservées à ce secteur nagent en deçà de 3 % du budget de l’Etat congolais. Le pays est ainsi loin de l’engagement de Maputo de 2003, de consacrer au moins 10 % du budget national à l’agriculture, engagement souscrit par tous les Chefs d’Etat africains.
En terme de potentiel, la Rdc est le 7ème plus grand pays agricole du monde, alors que moins de 10% de ce potentiel est actuellement exploité. 80% de sa population vit aussi de l’agriculture.
La production agricole et les importations
La production agricole est donc mal connue. La fiabilité des données statistiques est pratiquement nulle et les responsables du secteur agricole reconnaissent volontiers cet état des choses. Ils ne peuvent rien faire de mieux, faute de moyens conséquents.
Les importations alimentaires en Rdc ne cessent de croître. Ainsi, l’essentiel de l’accroissement de la consommation alimentaire dans les grandes villes du pays, est comblé par des importations.
L’ouverture de nouveaux supermarchés de petite et moyenne taille dans des agglomérations du pays, favorise davantage le recours aux importations. La conséquence est que la Rdc est, à ce jour, l’un des pays du monde ayant des problèmes de sécurité alimentaire pour plus de 20.000.000 (vingt millions) de personnes souffrant de la faim, avec moins de 1 (un) Usd par jour, soutient l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La Rdc importe plus de 2.000.000 (deux millions) de tonnes de vivres annuellement. Ce qui coûte à l’Etat congolais plus de 1.000.000.000 (un milliard) Usd par an.
Sur le terrain, constate-t-on, les prix mondiaux des vivres de première nécessité ne cessent d’augmenter, rendant les pays importateurs de plus en plus dépendants et sans doute de plus en plus pauvres.
Afin de sortir du cycle de pauvreté, il faut produire et vendre, dans et hors du pays. Ainsi, le paysan s’enrichit et échappe à la misère qui ronge son quotidien.
Une politique visionnaire
Pour nourrir la Rdc, il serait souhaitable que le secteur agricole devienne réellement une priorité des priorités, comme l’a si bien pensé le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui entend inverser la tendance avec la revanche du sol sur le sous-sol. Il s’agit là, de reconnaitre l’importance du développement du secteur agricole pour l’avenir du pays.
L’idée des parcs agro-industriels, jadis explorée par le gouvernement précédent, aurait donné un nouvel élan dans la relance de l’agriculture. Mais hélas !, l’ échec a été total et la déception grande. Cette situation n’a pas permis de dupliquer cette expérience dans d’autres provinces.
Néanmoins, le Projet volontariste agricole(Pva) continue à faire son bonhomme de chemin dans quelques provinces ciblées, notamment dans le Haut Lomami pour le maïs ; au Kongo Central, à Luozi, pour le riz ; à Mongata, à Kinshasa, pour le niébé et le manioc ainsi qu’au Kasaï Oriental, précisément à Nkuadi avec le maïs.
L’objectif, affirme-t-on au ministère de l’Agriculture, est de produire intensément dans le cadre de la lutte contre les importations massives de vivres de première nécessité, la gestion du projet étant laissée aux privés.
Accompagnement des producteurs et professionnalisation
Nombre d’experts du ministère de l’Agriculture soutiennent que dans un pays à vocation agricole et une population à 70% rurale, il serait louable de tabler sur la force productive de plus de 15.000.000 (quinze millions) de familles agricoles. Et d’ajouter que la mise en place d’une politique d’appui, leur serait idéale pour évoluer de l’agriculture de subsistance, encore très présente aujourd’hui, à une agriculture commerciale.
Aussi il s’en suivra un accompagnement des petits producteurs dans ce défi en les conduisant vers une agriculture professionnelle, en les encadrant de la production à la commercialisation.
Chaque province, dans le cadre de la décentralisation, a une politique et un programme agricole en plus d’un budget. Il est à croire que les 26 (vingt-six) provinces accordent la priorité à l’agriculture, car la plupart d’entre elles ont un caractère rural et une base d’électeurs ruraux. ACP/KAYU/OB/RNL/JFM/SGB/KAF/MMC/MOP