Kinshasa, 2 avril 2025 (ACP).- La gestion de l’intelligence des ressources a été considérée par un expert financier, comme une clé de transformation de l’industrialisation économique locale pour la reconstruction de la République démocratique du Congo, au cours d’un entretien mercredi avec l’ACP.
« L’Asie a su transformer son économie grâce à une vision stratégique qui est une gestion intelligente des ressources. La RDC peut s’inspirer de ce modèle en adoptant une industrialisation locale pour transformer nos matières premières et créer des emplois », a déclaré Zacharie Lunganga, analyste en économie financière.
Selon la source, « l’intelligence économique est une arme puissante pour bâtir un Congo prospère, et une protection des données économiques pour limiter la fuite des capitaux et renforcer notre souveraineté ».
Zacharie Lunganga a fait savoir que la RDC devrait recourir à la digitalisation pour moderniser les entreprises publiques et l’administration et, s’investir sur la formation d’une élite économique capable de piloter la croissance et l’innovation.
La structure mentale, un socle du développement économique et social de la RDC
Pour cet expert financier, « l’importance de la structure mentale dans le développement de la RDC, n’est pas uniquement une question de ressources naturelles ou de gouvernance, mais une question de mentalité collective ».
« Le développement économique et social repose sur une structure mentale nationale qui détermine la manière dont un peuple travaille, innove et gère ses richesses », a soutenu ZacharieLunganga, soulignant qu’en «comparant la RDC à certains pays africains émergents (Rwanda, Côte d’Ivoire, Maroc) et aux modèles asiatiques (Singapour, Corée du Sud, Chine), on remarque que la transformation économique commence toujours par un changement de mentalité avant d’être matérialisée par des réformes économiques et sociales ».
La structure mentale de la RDC : blocages et problèmes fondamentaux
Selon lui, une culture économique axée sur la rente et le court terme conduit à une dépendance excessive aux ressources naturelles (minerais, pétrole, agriculture) au lieu de la transformation et de l’innovation. C’est le manque d’esprit entrepreneurial structuré, les Congolais préférant souvent le commerce rapide (import-export) à la production locale.
M. Lunganga a également pointé du doigt la faible culture de l’épargne et de l’investissement, limitant le financement des grandes infrastructures et des PME.
Cet analyste en économie financière, a aussi épinglé l’absence de discipline et de rigueur dans la gouvernance comme un facteur à combattre.
« La corruption perçue comme une norme sociale, détruit la confiance dans l’État et les institutions. L’inefficacité administrative, où l’on favorise les connexions personnelles au détriment du mérite est un frein au développement ainsi qu’une vision à court terme des politiques publiques, empêchant toute réforme durable », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, a-t-il dit, une faible culture de la responsabilité collective de l’État est perçu comme une entité extérieure et non comme une construction collective, ce qui encourage le pillage au lieu du développement.
Le manque de nationalisme économique, alors que dans d’autres pays, la population soutient activement ses entreprises locales constitue une tare.
A cela s’ajoute l’individualisme exacerbé, où chacun cherche à maximiser son gain personnel sans vision d’ensemble.
Pour conclure, Zacharie Lungaga a fait savoir que les pays africains émergents et les modèles asiatiques montrent que le développement commence par un changement profond de mentalité, axé sur la discipline, la rigueur, l’industrialisation et la valorisation des ressources locales. ACP/C.L.