Kinshasa, 26 juillet 2024 (ACP).- La Zone de libre-échange continentale africaine Zlecaf, à travers la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), a encouragé la mise en oeuvre des Zones économiques spéciales en République démocratique du Congo (RDC), au Cameroun et au Tchad, a appris vendredi l’ACP des sources administratives.
« Nous soutenons la mise sur pied de trois Zones économiques spéciales (ZES) dans la sous-région qui est une première pour la transformation du bois à Bertoua, dans la région de l’Est au Cameroun; une deuxième dédiée à la production de précurseurs de batteries et éventuellement de véhicules électriques en République démocratique du Congo (RDC) et en Zambie et une troisième consacrée au bétail au Tchad », a déclaré Jean-Luc Namegabe Mastaki, directeur sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique (CEA).
Jean-Luc Namegabe qui a fait cette déclaration à l’issue de la présentation des rapports d’activités vendredi à Douala au Cameroun, a fait savoir qu’il s’agit d’accélérer la libre circulation des personnes et des biens dans la région et contribuer, de façon significative, dans la Zone de libre-échange continentale africaine.
Pour ce faire, a-t-il dit, il faut renforcer la capacité manufacturière de la sous-région par un tissu industriel puissant qui permettra de créer des chaînes de valeur régionales.
Selon lui, une Zone économique spéciale est un espace constitué d’un ou de plusieurs sites aménagés, viabilisés et dotés d’infrastructures en vue de permettre aux entités qui vont s’installer de produire les biens et les services dans les conditions optimales.
S’agissant de la production des batteries des véhicules en RDC et en Zambie, la CEA a soutenu la création de la Zone économique spéciale. « Le Bureau sous régional a participé en mars 2023 passée, avec l›Union africaine, la Banque africaine de développement, Afreximbank, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique, à la signature d’un accord-cadre pour la création de ladite zone », a-t-il renchéri. Selon cet accord, la CEA et Afreximbank dirigeront la création d’une société d’exploitation (OPCO) en consortium avec des investisseurs publics et privés de la RDC et de la Zambie ainsi que des investisseurs internationaux tels que la plateforme d’investissement Feda d’Afreximbank.
L’étude de préfaisabilité de ce projet a été confiée à « Arise Integrate Industriel Plarform » (Arise IIP), un développeur d›infrastructures panafricain.
Les résultats, apprend-on, seront rendus en août prochain. En tant que producteur de plus de 70% du cobalt mondial et de 10% du cuivre mondial, les experts s’accordent à dire que la RDC et la Zambie sont dans une position unique pour passer du stade exportateurs des matières premières à celui de fabricants et fournisseurs régionaux et mondiaux de précurseurs de batteries.
Le bétail au Tchad

Quant à la ZES sur le bétail au Tchad, la CEA a indiqué que les études sont avancées pour développer les chaînes de valeur de cette filière dans ce pays qui dispose de plus grands cheptels du continent. L’institution onusienne dit attendre une accélération du projet par les nouvelles autorités politiques du pays pour le voir matérialiser dans les meilleurs délais.
Transformation du bois
Au Cameroun, le Bureau sous régional a revendiqué le rôle de chef de fil dans l’appui à la création de la ZES pour la transformation du bois à Bertoua.

D’après Jean-Luc Namegabe Mastaki, l’adhésion du Cameroun à Africa Finance Corporation (AFC) en 2022, a permis au pays d’accéder au financement de l’AFC à Bertoua pour laquelle 1000 hectares des terres ont été sécurisés et un processus d’indemnisation a été lancé pour le développement du pôle industriel.
Avec ces progrès, l’AFC est maintenant engagée dans des discussions en vue de la signature d’une convention de financement avec le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique ( Mlinmidt) pour procéder à la mise en oeuvre de la Zone économique spéciale à Bertoua.
La CEA indique avoir facilité un processus d’apprentissage en reliant le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique à la Zone économique spéciale de Ngok au Gabon, qui est une réussite reconnue dans l’industrialisation des produits du bois et l’un des moteurs de la transformation économique du pays.
La création de cette Zone économique spéciale intervient dans un contexte d’interdiction d’exportation des bois sous forme de grumes dans la zone Cemac (Tchad, Gabon, Congo, Guinée équatoriale, RCA) prévue à partir du 1er janvier 2028. Elle vise à booster la transformation du bois au Cameroun, qui n’exporte actuellement que 36% de sa production sous forme transformée, contre 64% sous forme de grumes.
« L’objectif est d’y créer des unités de transformation de 2ème et 3ème transformation (bois hydrauliques, assemblés, contreplaqués, meubles,… », a fait savoir Jean-Luc Namegabe. « La ville de Bertoua, explique la CEA, a été choisie parce qu’elle est située au coeur du massif forestier de l’Est et bénéficie d’une position stratégique pour l’exportation du bois vers les pays voisins tels que la République centrafricaine et le Congo-Brazzaville. Elle est également proche du chemin de fer reliant Belabo à Douala », a-t-il dit.
Pour Adama Ekberg Coulibaly, économiste en chef, et chef des Initiatives sous régionales pour l’Afrique centrale, ces initiatives qui associent les entreprises et travailleurs locaux doivent être financées conjointement par des bailleurs de fonds. Il convient de noter que la question préoccupe la CEA parce qu’avec ses 160 millions de consommateurs, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), qui regroupe 11 pays dont le Cameroun, reste la région la moins intégrée du continent africain, avec un volume de Commerce intra-régional de 1,57%, alors que la moyenne dans les autres sous-régions varie entre 15 et 16%. ACP/