Le non-respect des règles par les mandataires caractérise la gouvernance des entreprises publiques (ministre du Portefeuille)

Kinshasa, 9 décembre 2024 (ACP).- Le non-respect des règles par certains mandataires caractérise la gouvernance des entreprises publiques, a indiqué lundi le ministre du Portefeuille lors de l’ouverture des états généraux des entreprises du portefeuille au Centre financier de Kinshasa, en République démocratique du Congo.

« La gouvernance des entreprises du Portefeuille de l’Etat, demeure un sujet de
préoccupations majeures. Elle se caractérise par le non-respect des règles de gouvernance par certains mandataires publics, et, dans la plupart de cas, par une collaboration dysfonctionnelle entre les organes statutaires, une inefficacité des Conseils d’Administration qui, au lieu de fonctionner comme des organes stratégiques, veulent se verser dans la gestion quotidienne 
», a déclaré Jean Lucien Bussa, ministre du Portefeuille.

Il a fait savoir, par ailleurs, que les directeurs généraux exécutent difficilement les décisions de Conseils d’Administration et sont résistants au contrôle. Cela crée des conflits entre ces deux organes. Au niveau de la direction générale, l’absence du contenu dans la fonction du directeur général adjoint crée des conflits entre le directeur général et son adjoint relégué à un rôle secondaire.

Ces entreprises, a soutenu Jean Lucien Bussa, qui constituent l’un des maillons importants de l’économie congolaise, devraient participer substantiellement à la création de la richesse, à la création des emplois, au budget de l’Etat, à la mise en œuvre des politiques publiques. 

« Elles devraient, en outre, générer directement ou indirectement des avantages pour l’éclosion des autres activités économiques et favoriser le développement d’autres secteurs économiques », a-t-il dit.

A l’en croire, la quasi-totalité des entreprises publiques, en particulier, sont contre-performances et
peinent à rencontrer les attentes de la population.

Plusieurs facteurs retardent leur montée en puissance et ne permettent pas d’en faire un puissant vecteur du développement économique et social, malgré les reformes mises en œuvre depuis 2008 et
 en dépit d’énormes potentiels de croissance et de développement dont disposent les entreprises du Portefeuille dans plusieurs domaines, et de l’importance de leurs patrimoines (miniers, transports, hydrocarbures, énergie, fonciers, télécommunication, financiers, etc).

En effet, l’Etat congolais a choisi depuis de lustres, de disposer des entreprises où il est actionnaire unique et de prendre ou maintenir des participations dans des entreprises de divers secteurs de la vie économique. Ce choix pertinent est justifié par des raisons stratégiques, le besoin d’intégration économique et de la rentabilité du capital, des actions ou des titres, celui d’atténuation du risque d’investissements publics par la diversification de participation ou placement, en raison de l’absence ou de l’insuffisance d’intérêt privé dans un secteur donné et pour tout autre impératif d’intérêt public porté par une activité économique.

« Dans l’ensemble, les entreprises publiques de la RDC traversent une crise profonde qui se caractérise par des résultats négatifs récurrents, le vieillissement du personnel, l’endettement excessif, le faible niveau d’investissement stratégique, le faible taux de recouvrement des créances, la spoliation de leur patrimoine, la corruption, le détournement. Elles sont victimes des décisions judiciaires iniques et saisies intempestives de leurs biens et font face à des difficultés d’accès au financement public et privé », a fait savoir le ministre du Portefeuille.

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« Toutes ces faiblesses sont dues principalement à une gouvernance inadéquate, un cadre légal et réglementaire inadapté, des faibles performances économiques, une gestion peu orthodoxe, faible niveau d’intervention de l’Etat dans le financement des secteurs stratégiques et à rentabilité économique avérée, un climat des affaires affecté par la résistance au changement », a-t-il ajouté.

Améliorer la performance des entreprises du portefeuille

Pour le ministre du Portefeuille, l’amélioration de la performance des entreprises
publiques en RDC passe par le renforcement de l’indépendance et le rôle des structures d’audit interne.

En ce qui concerne la contribution des entreprises du Portefeuille de l’Etat au PIB et dans le budget, l’autorité de tutelle a noté une réduction drastique qui est passée de 36 % en 1980 à seulement 0,24 %, selon les dernières estimations. Bien en deçà de leur potentiel, accompagné de perte de compétitivité et de l’érosion des parts de marché.

« Elles n’ont pas su s’imposer dans les secteurs clés de l’économie. Par contre, ce qui apparaît est que la structure de leur endettement limite leur attractivité auprès des investisseurs et partenaires financiers ; on note également la non-réalisation des objectifs stratégiques ainsi que l’éloignement de certaines d’entre-elles de leur objet social », a-t-il soutenu.

Les recommandations issues de ces assises pourront renforcer les réformes en matière d’assainissement de la dette des entreprises du portefeuille, a indiqué Jean Lucien Bussa.

S’agissant de leur implication dans la vie sociale, ces entreprises ne remplissent pas leur rôle de levier social à la hauteur des attentes et d’immenses potentiels dont elles disposent, tant en matière de création d’emplois que de l’amélioration des infrastructures communautaires.

Quant au Climat des affaires, toutes choses restant égales par ailleurs, les entreprises du Portefeuille sont objet des intrusions fréquentes, parfois abusives de la justice et des administrations spécialisées dans leur gestion, perturbant ainsi leurs activités.


Ce phénomène impacte la performance, la stabilité et l’attractivité des entreprises du portefeuille.
En effet, des saisies conservatoires, exécutions forcées, des longues procédures judiciaires à l’encontre des mandataires publics, mais aussi des conflits d’interprétation des lois ont souvent provoqué un climat d’instabilité pour les dirigeants et entravé les activités opérationnelles de ces entreprises.

« Dans le cadre de la relance des entreprises du portefeuille de l’État, il est indispensable de mener une réflexion approfondie sur un modèle économique dans lequel l’État assume une responsabilité quasi-exclusive en matière d’investissements stratégiques. Ce modèle devrait affiner le processus de concession des infrastructures de l’Etat, tout en optimisant l’interaction entre l’État-puissance publique et l’État-actionnaire afin de favoriser la croissance des entreprises publiques en conciliant les objectifs de rentabilité et de service public », a déclaré le ministre du Portefeuille.

ACP/JF

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